Le général Eyal Eizenberg a prévenu toutes les autorités locales du sud et du centre du pays qu’elles devaient se préparer à subir l’escalade des combats pendant au moins 7 semaines , jusqu’au règlement du problème à Gaza.

Punir le Hamas pour affaiblir le Djihad islamique

Comme le disait le président Shimon Pérès, il y a une « limite à ce que peut endurer le pays ». À quelques semaines des élections législatives, Benjamin Netanyahou ne pouvait pas laisser passer les tirs de missiles sur le sud d’Israël sans réagir.

Il avait été suffisamment critiqué pour sa passivité et sa tolérance à l’égard du terrorisme. Sa décision de laisser les mains libres à l’armée est significative d’un changement de stratégie vis-à-vis du Hamas qu’il rend responsable de la réactivation du front sud alors qu’il est notoire que le véritable coupable est le djihad islamique équipé, armé et financé par l’Iran.

Déflagration limitée

En fait Israël ne cherche pas une déflagration totale de la région mais a renoué avec les éliminations ciblées qui servent d’avertissement aux belligérants et qui ont pour but de désorganiser les activistes à Gaza.

En ciblant Ahmed Djabari, chef du bras armé du Hamas et organisateur du rapt de Guilad Shalit, il lui semblait nécessaire de briser la motivation des groupes terroristes qui doivent se sentir seuls à présent.

En effet, la symbolique du chef est grande chez les islamistes et sa disparition représente une atteinte au moral avec l’effet d’exacerber la haine à l’égard des israéliens.

Mais Israël voulait aussi que cesse le double langage parfois politique et souvent militaire du Hamas.

D’une part, il prône des mesures économiques pour élever le niveau de vie de la population grâce aux dollars du Qatar qui ne souhaitait pas financer des constructions vouées à être détruites par Israël suite à des représailles. Mais d’autre part, en sous-main, il laisse exécuter des actions terroristes par des éléments qu’il ne contrôle plus.

Ismaël Haniyeh

En fait Ahmed Djabari est l’homme qui à fait Haniyeh roi. Fort de ses troupes bien armées et bien organisées, il a imposé la direction politique à la tête de Gaza et il transmettait ses directives aux chefs du Hamas qui restaient sous ses ordres, ou du moins sous le contrôle des Brigades Azzedine Al-Quassam.

Ahmed Djabari venait d’annoncer qu’il entrait dans la clandestinité tant il craignait les représailles aux dizaines de tirs de missiles. Mais son élimination facile prouve qu’il existe autour de lui des collaborateurs prêts à risquer leur vie pour informer les services israéliens de son emploi du temps et de ses itinéraires.

À moins qu’il ne s’agisse de concurrents proches des milieux du pouvoir islamique, lassés par la grande place qu’il occupait. Le premier ministre a voulu punir le Hamas, qui règne en maître dans la bande de Gaza, en décapitant son chef, pour n’avoir pas réussi à canaliser et à tempérer les tireurs du djihad.

Brigade Azzedine Al-Quassam

Réaction égyptienne modérée

Benjamin Netanyahou ne semble pas craindre une réaction violente de Mohamed Morsi car, issu des Frères musulmans, il combat avec la même détermination les éléments du djihad qui sèment le trouble au Sinaï.

Le Hamas souhaiterait que l’Égypte intervienne pour changer les règles du jeu. Cependant, les forces égyptiennes ont été mises en état d’alerte maximum à la frontière entre l’Égypte et Gaza.

La fréquence des patrouilles blindées a été accrue tandis que les tunnels ont été fermés.

Le président égyptien s’est contenté du service minimum en sermonnant l’ambassadeur d’Israël au Caire pour protester contre l’attaque israélienne à Gaza et en rappelant pour consultations son ambassadeur en Israël, en réaction à la poursuite des hostilités.

L’ambassadeur israélien a pris l’avion pour Israël.

Évidemment le Conseil de sécurité a fait preuve de son zèle habituel en se réunissant en urgence, en pleine nuit, pour la dizaine de morts à Gaza alors qu’il ferme les yeux sur la centaine de morts quotidienne en Syrie.

Certains cadavres n’ont effectivement pas le même poids politique pour les Nations-Unis. Ismaël Haniyeh, que l’on a peu vu dans les médias, n’a pas réagi immédiatement car il hésite sur l’attitude à adopter à moins qu’il ne craigne pour sa vie en s’exposant en public.

S’il persistait dans sa volonté de mettre de l’huile sur le feu, il contraindrait Israël à augmenter les frappes et éventuellement à envisager une opération terrestre.

Si son objectif serait d’atteindre Tel-Aviv avec ses missiles, alors le conflit prendrait une autre dimension car le premier ministre et le ministre de la défense ne pourraient prendre le risque de mettre en jeu la vie des citoyens israéliens et de compromettre le capital politique acquis durant ces dernièes années.

Des réservistes israéliens seront mobilisés en cas de besoin tandis que des troupes du contingent ont été acheminées au sud pour préparer éventuellement une action militaire, si l’échelon politique l’exigeait.

La réponse à l’assassinat de Djabari ne s’est pas faite attendre.

Vers 20 heures, quatre heures après l’élimination de Djabari, plus d’une vingtaine de fusées Grad ont été envoyées sur Beersheba, Ashdod et Ofakim en causant des dommages mais pas de blessés puisque les populations ont reçu l’ordre de rejoindre les abris.

L’aviation israélienne a été amenée à lancer des raids pour détruire les rampes de lancement de missiles Fajr-5 installées en plein centre-ville dans des habitations civiles, d’une portée de 75 kms et capables d’atteindre Tel-Aviv.

Photo Tsahal de la base des Fajr-5 n rouge en pleine ville

Mais il ne semble pas qu’Israël veuille envenimer la situation sauf à riposter aux tirs de missiles par l’intermédiaire de l’aviation.

Le Hamas, qui s’est engagé dans une opération de reconstruction de la bande de Gaza, n’est pas prêt à remettre en question son choix.

Cependant, débarrassé de l’homme fort qui lui faisait ombrage, il n’est pas impossible qu’Ismaël Haniyeh cherche avec l’aide des égyptiens à calmer le jeu avec Israël et à mettre à la tête des Brigades Al-Quassam un chef issu de son sérail, capable de pacifier le djihad ou du moins de le neutraliser.

Jacques Benillouche

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