corbeau650Auprès des hommes, les corbeaux comme les serpents ont mauvaise presse.

C’est vrai que leurs coassements n’ont rien de musical comme la péroraison flûtée des merles, leurs voisins  sur les pelouses « d’Ashdod ».

Et, au surplus leur livrée de deuil, leur bec proéminent, leur vol gauche et leurs pattes puissantes sont de l’ordre de la répulsion.

Malgré ou à cause de ces traits, la littérature et l’Histoire des hommes ne cessent de faire allusion à cet oiseau de mauvais augure.

Le «corbeau », ce délateur anonyme.

Les « corbeaux » de Bedeau tels étaient appelés ces soldats juifs de ce camp d’internement  dans le sud oranais dans les années « Vichy ». À cause de leur vague uniforme noir.

Mais je crois me souvenir que ce n’est pas une colombe mais un corbeau qui revint vers Noé avec, serré dans ses pattes un brin d’olivier, et lui signifier que les eaux du Déluge se retiraient lentement…

J’allais sur la plage, les pieds dans le sable mouillé. Lourd de pensées, j’allais.

Il n’est pas rare chère lectrice et cher lecteur que vos plus proches  voisins sur la plage soient des corbeaux. Ils viennent avec culot ( houtspa) squatter un bout de plage, tout près de votre serviette de plage sur laquelle  vous paressez .

 Et souvent d’un geste rageur, nous les envoyons se faire voir ailleurs.

Cette fois-ci, ils se tenaient un peu à l’écart du rivage , loin d’une pitance quelconque que la mer leur aurait livrée.

Ils faisaient cercle, à flanc de dune, les corbeaux.

Silencieux.

Tout ce noir freux sur le sable blond avait quelque  chose d’étrange, d’inquiétant même.

Mais la curiosité fit que mes deux fuseaux furent plus véloces.

À bonne distance du cercle noir, je me mis à ramper, épousant le moindre devers du sable.

Un peu plus haut, seule la brise de mer chantait dans les tamaris.

Mon corps serpenta vers le haut ; je voulais avoir une vue plongeante sur la scène.

Ça y est… j’y suis.

Au centre du cercle noir, une tache noire. Inerte.

C’est le corps sans vie de l’un des leurs.

L’un d’entre eux semble marmonner une sorte d’oraison funèbre.

Puis le silence à nouveau.

Puis , de quel que part du cercle un signal est parti. Tous les corbeaux se précipitent, battent le sable de leurs pattes puissantes. Un instant plus tard,  le nuage de sable retombe et le corps du corbeau a disparu. Enterré !

Je reste là, sidéré, allongé, le nez dans le sable !

Norbert Bel Ange Pour Ashdod Café. 

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