«Le cerf, le chevreuil, le daim, le bouquetin, l’antilope, l’aurochs, le zémer» (Deut. 14, 5)

Espèce endémique d’Erets Israël, le Daim perse ( יַחְמוּר, Ya’hmour; Dama dama  mesopotamica) est mentionné à deux reprises dans la source biblique (Deut. 14, 5; I Rois 5, 2).  Permis à la consommation, ce noble et majestueux mammifère végétarien que le roi Salomon aimait à faire servir à sa table (I Rois 5, 2) évolue dans le maquis naturel galiléen jusque dans les années 1920 puis, traqué par des chasseurs et braconniers dont il devient la cible privilégiée pour sa chair et ses cornes, ses traces finissent par disparaître totalement d’Israël. Anéanti non seulement en Israël mais dans le monde entier (Asie Orientale, Balkans, Amériques et Nouvelle Zélande), tout espoir de renouveler l’espèce semble sans lendemain. Ce n’est qu’à partir des années 1975, après une opération des plus risquées menée par la Direction de la Nature et des Parcs d’Israël ((רָשׁוּת־הַטֶבַע וְהַגַּנִים, que le Daim perse retrouve la terre d’Israël. Son nom biblique (Ya’hmour- יַחְמוּר) tire son origine de la couleur brun-rouge (nuance rousse) («’Hamra» en Araméen;  أحمر A’hmar en Arabe) de son pelage.

Tout commence en 1956. L’on identifie au Sud-ouest de l’Iran un troupeau de vingt-cinq daims perses duquel quatre femelles sont prélevées afin de permettre la reconstitution de l’espèce disparue dans le zoo de Kornberg en Allemagne. Parallèlement à l’initiative allemande, les chercheurs et spécialistes de la Direction de la Nature et des Parcs d’Israël sont informés que  le Shah d’Iran possèderait dans son parc zoologique privé un autre troupeau de daims perses. Ils décident, alors,  d’entamer secrètement, en 1975, des transactions avec le frère de ce dernier à l’issue desquelles ils réussissent à ramener deux couples de daims. Mais désireux de faire croître le nombre de daims, la Direction de la Nature et des Parcs d’Israël n’entend point s’arrêter en si bon chemin. Ainsi entreprend-elle, en 1978, une opération d’envergure quasi-militaire dont le héros principal sera Mike Van Grevenbroek. Alors que la Révolution iranienne sous Khomeiny est à son paroxysme, celui-ci, sous les ordres du Général Avraham Yoffe, parvient in-extremis à sauver quatre femelles qui, extraites du cheptel appartenant au Shah d’Iran, sont embarquées dans le tout dernier vol de El-Al. Noé des temps modernes, Mike Van Grevenbroek verra ses efforts couronnés de succès. En effet, réintroduit en plein cœur du Carmel et de la Haute Galilée (Na’hal Caziv), le Daim perse approche le nombre de 150  dès 1995.

Le Daim perse, considéré comme une des espèces animales en voie de disparition, évolue, aujourd’hui, en toute quiétude au cœur de la Réserve naturelle du ‘Haï Bar sur le Mont du Carmel, en un lieu que d’aucuns surnomment la «Petite Suisse».

 En 2013, six femelles élevées au parc zoologique de Jérusalem sont remises en liberté au cœur des Monts de Judée. L’on compte aujourd’hui plus de 500 daims perses en Israël.

Certains chercheurs, dont Amar Zohar, Professeur à Bar Ilan, s’opposent à l’identification du Daim perse au Ya’hmour biblique. Il soutient la thèse étayée à partir de sources talmudiques que le Ya’hmour serait en fait le Bubale roux (הבובאל (Alcelaphus buselaphus )), si l’on s’en tient aux versions de la Septante et de la Vulgate. Cette espèce a été classée disparue en 2008, principalement à cause de la chasse.

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D’autres, dont le Docteur Moshe Ra’anan,  s’efforce de prouver que le daim perse est bien le Ya’hmour biblique.

La tentative de réintroduction contrôlée du daim perse témoigne d’un effort de retrouver les racines bibliques d’Israël non seulement dans son cadre géographique, mais aussi par la nature du pays d’Israël, riche et foisonnante, que connurent les générations bibliques: les forêts de montagne constituent un riche pâturage pour les troupeaux de moutons, mais sont témoins silencieux de la destruction de la vie agricole, donc de la vie du pays. Ces forêts abritent en effet des bêtes sauvages, lions, ours, sangliers… :[1]

«וַתֵּצֶאנָה שְׁתַּיִם דֻּבִּים מִן-הַיַּעַר וַתְּבַקַּעְנָה מֵהֶם, אַרְבָּעִים וּשְׁנֵי יְלָדִים» (מלכים ב’, ב’, כ,ד);

«Aussitôt, deux ours sortirent de la forêt et mirent en pièces quarante-deux de ces enfants» (II Rois 2, 24);

«לָמָּה פָּרַצְתָּ גְדֵרֶיהָ וְאָרוּהָ כָּל-עֹבְרֵי דָרֶךְ.  יְכַרְסְמֶנָּה חֲזִיר מִיָּעַר וְזִיז שָׂדַי יִרְעֶנָּה» (תהלים פ’, י”ג-י”ד)

«Pourquoi as-tu démoli ses clôtures, si bien que tous les passants la dépouillent, que le sanglier de la forêt la mutile, et qu’elle sert de pâture à ce qui se meut dans les champs?»  (Ps. 80, 13-14).

«וַיְשַׁלַּח יְהוָה בָּהֶם אֶת-הָאֲרָיוֹת, וַיִּהְיוּ הֹרְגִים בָּהֶם» (מלכים ב’, י”ז, כ”ד-כ”ה);

«Aussi Dieu lâcha-t-il contre eux des lions, qui exercèrent des ravages parmi eux [contre les étrangers venus de Babylone, d’Assyrie… pour peupler la Samarie].» (II Rois 17, 24-25).

La disparition de ces forêts, et donc des bêtes sauvages, dont le daim perse, témoigne du retour à la vie agricole et urbaine:

«וְהָיָה אִם שָׁמֹעַ תִּשְׁמְעוּ אֶל מִצְו‍ֹתַי אֲשֶׁר אָנֹכִי מְצַוֶּה אֶתְכֶם הַיּוֹם לְאַהֲבָה אֶת יְהוָה אֱלֹהֵיכֶם, וּלְעָבְדוֹ בְּכָל-לְבַבְכֶם, וּבְכָל-נַפְשְׁכֶם. וְנָתַתִּי מְטַר-אַרְצְכֶם בְּעִתּוֹ יוֹרֶה וּמַלְקוֹשׁ וְאָסַפְתָּ דְגָנֶךָ  וְתִירֹשְׁךָ וְיִצְהָרֶךָ. וְנָתַתִּי עֵשֶׂב בְּשָׂדְךָ לִבְהֶמְתֶּךָ; וְאָכַלְתָּ וְשָׂבָעְתָּ.» (דברים י”א, י”ג-ט”ו).

«Or, si vous êtes dociles aux lois que je vous impose en ce jour, aimant l’Éternel, votre Dieu, le servant de tout votre cœur et de toute votre âme, je donnerai à votre pays la pluie opportune, pluie de printemps et pluie d’arrière-saison, et tu récolteras ton blé, et ton vin et ton huile. Je ferai croître l’herbe dans ton champ pour ton bétail, et tu vivras dans l’abondance.» (Deut. 11, 13-15).

Sauvetage du Daim perse d’Iran et sa réintroduction en  Israël au cœur de la Réserve naturelle du ‘Haï Bar sur le Mont du Carmel.

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Haïm Ouizemann

Haimo@eteachergroup.com

1] Voir à ce sujet le livre en hébreu: «טבע ונוף במורשת ישראל» de Noga Hareuveni, p. 21.

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