LE PEN, DERNIERE? (Chronique Radio J du 9 juin) par Raphael Drai 

La dernière sortie de Jean- Marie le Pen contre un certain nombre d’humoristes et de chanteurs, et en particulier contre Patrick Bruel, pose un problème inextricablement psychopathologique et politique, sans même évoquer les suites judiciaires qu’elle appelle.

Psychopathologique, car l’on constate une fois de plus que le président « d’honneur » du Front National qui prétend incarner la « France française » dans sa pureté immémoriale ne cesse d’en souiller la langue par ses odieux calembours et ses mauvais jeux d’esprit, si le mot esprit lui convenait le moins du monde. S’agissant notamment de Patrick Bruel dont il prétend qu’il ne savait pas que celui-ci est Juif on se demande alors pourquoi ce chanteur est distingué du reste de la cible et pourquoi son nom se trouve associé à celui de « fournée », qui rappelle le trop célèbre « Durafour crématoire » pour lequel Le Pen, on s’en souvient, a eu maille à partir avec la justice. Car si les rues de Paris sont jalonnées de poubelles où sont jetées vieux journaux et mouchoirs usagés, la cervelle de Jean-Marie le Pen est encombrée des détritus de la seconde Guerre mondiale et de ses spectres hitlériens.

Psychopathologique également sur le plan familial. Tout se passe comme si Jean-Marie le Pen, s’ingéniait à saper le travail de sa propre fille, chaque fois que celle-ci, en se démarquant de lui autant qu’il soit possible, assure la progression électorale du parti stigmatisé dont il lui a fait en somme donation, comme s’il ne supportait pas qu’elle le dépasse.

Reste toutefois la dimension politique puisque l’on peut douter qu’imbu comme il l’est de sa propre image le bateleur saturnien entreprenne une psychothérapie d’urgence. Car Jean-Marie le Pen reste bel et bien président « d’honneur » d’une formation qui prétend s’intégrer dans le système démocratique de la Vème république et en respecter la Constitution. Pour ce qui la concerne, depuis qu’elle est arrivée à la présidence du Front National, Marine Le Pen ne cesse de donner des gages en ce sens. Sa réaction d’ailleurs n’a pas tardé. Cette fois elle n’a pas hésité à se démarquer de son encombrant papa. Mais qu’en pensent les autres cadres du parti, notamment tous ceux qui assument des fonctions électives au Parlement européen, à l’Assemblée nationale et dans de nombreuses collectivités locales, les Collard, Ménard et autres? Jusqu’à quand tolèreront-ils que le président « d’honneur » de la formation à laquelle ils appartiennent ou qui les soutient déteignent sur eux, les stigmatise et fasse leur déshonneur?

On se gardera bien de donner des conseils à des personnalités qui prétendent incarner « le renouveau de la France ». On leur suggérera juste d’en faire la preuve en ayant le courage d’éjecter enfin de leurs rangs, sous des modalités à débattre entre eux, ce prétendu chef charismatique. Pour paraphraser Sade: Frontistes, encore un effort et vous serez réellement républicains!

             Raphaël Draï, Radio J, le 9 juin 2014.

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