Chronique Radio J du 8 Décembre 14

Pendant que la communauté juive de France absorbait le choc de la résolution votée par la Gauche à l’Assemblée nationale pour la reconnaissance unilatérale d’un Etat palestinien, Benjamin Nétanyahou décidait de provoquer en Israël des élections générales. Pourquoi lier les deux faits? Parce que, face à la détérioration de leur condition civique, de nombreux juifs français s’interrogent sur une décision éventuelle ou probable de âlya. Cependant à entendre les uns et les autres, une inquiétude se fait jour que l’on ne saurait taire. Monter en Israël dans les conditions actuelles n’est-ce pas échanger une situation d’insécurité pour une autre?

Comprenons nous bien: il ne s’agit pas ici d’insécurité physique mais bel et bien d’insécurité morale et politique. Car à quel spectacle assistons nous depuis que Benjamin Netanyhaou a cru devoir prendre cette décision qui ne fait même pas l’unanimité parmi les ministres du Likoud? A un déferlement d’insultes et d’invectives dans lequel on chercherait en vain le début du commencement d’une vision d’avenir. Pour Meir Lapid et Tsipi Livni, virés du gouvernement sans préavis, Benjamin Netanyhaou serait un dangereux paranoïaque qu’il faudrait remplacer à tout prix et peu importe par qui – il est vrai de préférence par ces mêmes Meir Lapid et Tsipi Livni.

Pour le camp d’en face, Meir Lapid aurait lamentablement échoué dans la responsabilité de ministre des finances et Tsipi Livni ne saurait plus comment s’y prendre pour sortir de son insignifiance électorale. Le reste à l’avenant tandis que les partis dits religieux, qui veulent la peau de Meir Lapid, se proposent au plus offrant. Bien sûr face une pareille foire d’empoigne, l’on dira qu’il ne faut pas s’alarmer, que tout cela démontre la vitalité de la démocratie israélienne. En confortant cette vue des choses ne risque t-on pas plutôt par complaisance de les faire empirer? Car il est deux sortes d’anti-sionismes: l’antisionisme de l’extérieur mais également celui de l’intérieur: l’antisionisme des comportements et des conduites qui caricaturent ou qui déjugent les valeurs du sionisme et du judaïsme puisque l’Etat d’Israël se veut indissociablement juif et démocratique.

Car qu’est ce qui paraît dominer dans ces véritables lapidations verbales: la recherche effrénée et pathétique du pouvoir pour le pouvoir. La véritable défense d’Israël commence par savoir balayer devant sa porte. Est-il besoin d’insister sur l’horizon de menaces militaires et diplomatique qui s’assombrit autour de cet Etat? Ce qui nous ramène au vote de l’Assemblée nationale française et au fait que de nombreux juifs de France et d’Europe ne savent plus en réalité à quels saints se vouer pour préserver leur avenir et celui de leurs enfants et petits enfants.

Il est temps que Benjamin, Meir, Tsipi, Arié et autres se reprennent et mettent fin à cette affligeante bataille de rue, laquelle se déroule sous le regard des Ahmed Tibi et autres Hannane Zoabi qui s’en pourlèchent les babines. Sans parler de Barack Obama qui tire maintes ficelles en coulisse. Pour un peuple, des élections générales marquent un moment d’une grande gravité. La date du scrutin a été fixée au 17 mars. D’ici là, il importe d’urgence que tous les protagonistes retrouvent leur sang froid, le sens de la mesure, celui du respect mutuel, et sans forcer les mots celui de la périlleuse histoire du peuple juif.

Raphaël Draï, Radio J, 8 décembre 2014.

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