La « détestation d’Israël qui rejaillit sur les Juifs», dont parlait avec justesse le Premier ministre français, n’est pas née de nulle part.

La prochaine fête importante du calendrier juif sera Pourim. A travers quatre personnages connus qui ont pour nom Mardochée, la reine Esther, le roi Assuérus et son Premier ministre Haman, cette fête relate des événements qui se sont déroulés dans la diaspora juive de Perse il y a presque 25 siècles.

Dans cette histoire où le Premier ministre Haman projetait d’exterminer les Juifs de l’immense empire perse, l’attitude du roi Assuérus est des plus ambiguës : d’un côté il est bon avec ses sujets Juifs et de l’autre il laisse carte blanche à Haman pour organiser son sombre dessein. Et après avoir laissé faire les choses, il va se montrer surpris et outré en apprenant in-extremis la tragédie qui se tramait contre ce peuple menacé auquel appartenait son épouse, la reine Esther.

Des commentateurs modernes établissent un lien direct entre cette attitude hypocrite et de double-jeu du roi et l’attitude européenne envers les Juifs : d’un côté une façade protectrice et bienveillante de l’autre un encouragement en coulisses à ceux qui veulent leur perte. Comme si les tâches étaient partagées entre ceux qui laissent faire en jouant Dame vertu et ceux qui doivent accomplir les basses œuvres.

Prenons l’exemple de la France, qui est sous les projecteurs depuis une semaine. Toute personne qui a entendu le vibrant discours du Premier ministre Manuel Valls du haut de la tribune de l’Assemblée nationale n’a pu qu’être impressionnée par la ferveur de son propos, l’apparente sincérité de son message et la franchise de son analyse. Ce n’est pas tous les jours qu’un Premier ministre français reconnaît que l’antisémitisme « ancien-nouveau » qui s’exprime dans les « cités » a aussi pour origine « la détestation d’Israël ». Mais il y a moins d’un mois, du haut de cette même tribune, se suivaient ministres et députés, majoritairement du même parti que lui, venus soutenir la reconnaissance d’un Etat palestinien dont tout le monde sait qu’il a pour but de faire disparaître à terme l’Etat d’Israël, et dont les dirigeants sont des antisémites et négationnistes patentés. Où sont la logique et la cohérence ? Quel message diffuse le pouvoir envers sa population ? L’équation est simple : Israël = mauvais, Juifs = Israël donc Juifs = mauvais !! La suite est écrite…

L’incident autour de la présence à Paris du Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou entre aussi dans le cadre de cette incohérence suspecte. Quelques jours après la grande marche, conformation est donc faite que l’Elysée considérait le Premier ministre israélien comme persona non grata lors de cette manifestation. Un comble. La raison est évidente : le jour où le terrorisme mondial est dénoncé dans une unité rarement atteinte il vaudrait mieux qu’Israël se fasse discret car sa présence trop voyante rappellerait à ces foules qu’il y a quand même un terrorisme qui est légitimé – ou au mieux compris – par la communauté internationale. La seule réponse lamentable de l’Elysée et du Quai d’Orsay à l’insistance compréhensible du Premier ministre israélien aura été d’inviter Mahmoud Abbas, comme un pied-de-nez infantile, alors que le chef de l’Autorité Palestinienne, terroriste lui-même, venait d’élever au rang de « martyrs » des Palestiniens qui avaient assassiné dix juifs quelques semaines auparavant.

Cette « détestation d’Israël qui rejaillit sur les Juifs», dont parlait avec justesse le Premier ministre français, n’est pas née de nulle part. Elle n’est pas uniquement importée par les paraboles qui foisonnent sur les toits des banlieues ni par les réseaux sociaux. Elle émane également des médias français qui déversent quotidiennement leur lot de désinformation sur ce qui se passe en Israël. Elle émane aussi des partis politiques de gauche et d’extrême gauche qui ont remplacé le Vietnam par un palestinisme bêlant et qui flirtent avec les fascistes verts devenus des compagnons de route vers les lendemains qui chantent. Elle émane enfin du haut de la pyramide, de cette politique proche-orientale de la France toujours d’une longueur d’avance dans le soutien à la cause palestinienne et qui pousse à la roue de la délégitimation d’Israël. Le discours exceptionnellement chaleureux de François Hollande à la Knesset ne s’est pas traduit dans les faits. La France a trahi Israël en votant pour la « Palestine », pensant caresser les barbus dans le sens du poil. Encore et toujours cette duplicité française.

Tant que la France, mais pas seulement elle, ne comprendra pas qu’elle ne pourra se protéger ni protéger ses Juifs en vendant Israël elle continuera de plus belle à subir la violence terroriste.

Il faut qu’elle sorte du syndrome d’Assuérus. Qui rime d’ailleurs étrangement avec Fabius…..

Shraga Blum est un journaliste indépendant qui contribue à l’hebdomadaire « P’tit Hebdo » et un analyste politique pour plusieurs sites internet en français – source

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