Dans les situations difficiles, et celle que nous traversons en est une, il importe de tenir un discours particulièrement clair et précis, et c’est ce que je vais m’efforcer de faire. D’abord, pour préciser que, pour l’ensemble des journalistes de la Ména au Moyen-Orient (pour les autres probablement aussi, mais nous ne les avons pas tous consultés), « un terroriste est un individu armé qui s’attaque à des civils ». Cette définition du terrorisme, qui fut proposée à l’origine par notre agence a, depuis, été adoptée par bon nombre de media et d’institutions ; bien entendu, elle s’applique à tous les individus, quels que soient les terroristes et leurs victimes, indépendamment de la nation à laquelle ils appartiennent, de la foi qu’ils professent ou de la cause qu’ils revendiquent.
A cette aune, les assassins juifs du bébé palestinien de Douma sont évidemment des terroristes, à la même enseigne que les assassins arabes qui ont exterminé les cinq membres de la famille Fogel dans une implantation de Cisjordanie, en 2011.
Seconde précision : s’il est possible de comparer les terrorismes juif et arabe dans l’échelle de la violence, ils ne sont, en revanche, comparables ni par leur ampleur ni par le soutien dont ils jouissent de la part de la population et des gouvernants dans les sociétés israélienne et palestinienne.
Lancer une roquette sur un centre urbain – le Hamas en a lancées 4 500 durant Rocher Inébranlable en 2014 – dans le but de tuer le plus de civils possible participe d’un acte terroriste par excellence, quelle que soit la capacité des civils en question de se protéger contre ces tirs.
Et la riposte consistant à pourchasser ceux qui ont tiré ces roquettes ou donné l’ordre de le faire, même si cela a causé le décès de victimes collatérales, n’est pas constitutive d’un acte de terrorisme ni d’un crime de guerre.
Ceux qui prétendent le contraire sont des racistes et des antisémites. Ceux qui prétendent ces choses publiquement sont des propagandistes du racisme et de l’antisémitisme, dont la démarche tend à justifier le processus visant au génocide des Israéliens juifs.
Cette remarque vaut également pour ceux qui, menant une guerre sémantique contre Israël, persistent à nommer colonies les implantations, tout en sachant que ces dernières ne répondent pas aux critères scientifiques de la colonisation.
En plus de ce qui précède, la quasi-totalité des agressions et des crimes perpétrés par des Palestiniens contre des Israéliens sont de nature terroriste. Seuls ceux visant des militaires ou des policiers échappent à cette définition.
Et pour terminer cette mise au point, le recours au terrorisme jouit d’un très large soutien dans la société palestinienne, donnant lieu, dans ses rues, à de fréquentes distributions de sucreries pour fêter l’assassinat de civils israéliens ou occidentaux par des individus armés palestiniens ou arabes.
Au Liban, par exemple, l’auteur principal du massacre de la famille Haran à Naharya et de ses deux petites filles, en 1979, Samir Kuntar, a été accueilli en véritable héros et embrassé par l’ensemble de la classe dirigeante, y compris par la plupart des représentants religieux musulmans et chrétiens.
Le 1er ministre Binyamin Netanyahu a eu raison, tout en stigmatisant le terrorisme juif et en lui promettant « tolérance zéro », de préciser que dans l’Autonomie palestinienne, on donnait aux rues et aux places le nom des terroristes, alors que dans l’Etat hébreu, l’assassinat de Douma a été dénoncé par la totalité des partis politiques et sa qualification terroriste retenue par tous.
En 1998, la Knesset vota de surplus une loi interdisant d’élever des mausolées à la mémoire des terroristes. Une année plus tard, en application de cette loi, Tsahal détruisit celui érigé à Kiryat Arba en mémoire de Baruch Goldstein, auteur, en février 1994, de l’assassinat collectif de 29 Arabes à la mosquée du Caveau des Patriarches à Hébron.
A ces niveaux, il n’existe effectivement aucune similitude et le regard posé sur les activités terroristes est totalement différent dans les deux sociétés qui se jouxtent.
Sauf que, sur la pierre tombale du terroriste de Kiryat Arba, on peut toujours lire : « Ici gît un saint, le Dr. Baruch Kappel Goldstein, bénie soit la mémoire d’un homme juste et saint, que Dieu venge son sang, à celui qui dévoua son âme aux Juifs, au judaïsme et au pays juif. Ses mains sont innocentes et son cœur est pur. Il fut tué en martyr de Dieu le 14 Adar, jour de Pourim de l’an 5754 ».
Et c’est ici que commence le problème qui frappe la société israélienne de plein fouet, et qui a amené le président de l’Etat, Reuven Rivlin, un homme de droite opposé à la solution desdeux Etats pour deux peuples, à écrire sur Facebook : « J’ai honte que ces tueurs viennent de mon propre peuple ».
Rivlin ajoutait samedi soir, lors d’une réunion publique à Jérusalem : « Chaque société a des franges extrémistes, mais aujourd’hui, nous devons nous demander : Qu’y a-t-il dans l’atmosphère publique qui permette l’extrémisme et autorise les extrémistes à marcher en confiance à la lumière du jour ? Qu’est-ce donc qui a permis à ces ronces de menacer la sécurité de tout un jardin de fleurs ? ».
Reuven Rivlin, de résumer sa pensée : « J’ai honte face à l’indulgence dont bénéficient les extrémistes qui agissent au nom de la Torah. Les citoyens d’Israël, d’Israël juive et démocratique », a également dit le Président, « ont besoin aujourd’hui d’une piqûre de rappel ».
Le Président de hausser encore le ton : « Mes amis, les flammes s’étendent sur notre terre – ce sont les flammes de la violence, de la haine, les flammes des croyances fausses, déformées et tordues ».
Reuven Rivlin sait de quoi il parle. Parce que le jour de l’ensevelissement de Baruch Goldstein, ils étaient des milliers à suivre la procession, comme ils sont des milliers à vénérer son souvenir et son « œuvre ».
A l’instar du rabbin de Kiryat Arba, Dov Lior, plus souvent considéré dans le monde de la foi comme un distingué talmudiste que comme un extrémiste religieux, qui prononça l’homélie du tueur, dont ces mots qui donnent à vomir : « plus saint que tous les martyrs de la Shoah ».
Parmi ceux qui assistaient à la cérémonie, il y avait un certain Ygal Amir, qui, à peine neuf mois plus tard, allait à son tour assassiner le 1er ministre d’Israël, Yitzhak Rabin.
Et au sein de cette foule, se trouvaient ceux qui allaient constituer les ronces dont parle Rivlin. Or s’il ne fait aucun doute que la coalition au pouvoir, y compris M. Netanyahu, ne soutient pas le terrorisme juif, il faudrait être aveugle pour ne pas distinguer qu’elle plébiscite et encourage ceux qui le soutiennent et l’entretiennent.
La coalition les favorise de deux manières : premièrement, par conviction politique, il y a eu au moins huit visites ministérielles par semaine dans les implantations edennistes durant ces trois derniers mois, et deuxièmement, par son incapacité à formuler des propositions pour le règlement du différend avec les Palestiniens.
Mais revenons, avant d’en reparler, sur la frange extrémiste qui forme le lit du terrorisme juif : elle est hyper religieuse, hyper à droite, hyper raciste et hyper anti-arabe.
Elle est nationaliste, mais nationaliste juive et non israélienne ; elle ne se reconnaît pas dans les institutions de l’Etat hébreu et ne respecte ses ministres que lorsqu’ils abondent sans réserves dans son sens.
Elle déteste le libéralisme et l’Etat de droit, son plus grand ennemi déclaré étant la Cour Suprême et ses juges, qu’elle considère comme des gauchistes antisémites. Elle décrit d’ailleurs comme gauchistes tous ceux qui osent la dénoncer ou la combattre et, plus globalement, tous ceux qui se situent à sa gauche, c’est-à-dire la quasi-totalité du genre humain. Y compris la Ména, bien évidemment.
A suivre…
Ilan Tsadik © Metula News Agency

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