וַיֵּרָא

Va-Yéra

 

Genèse 18:1-22:fin : Sodome

Haphtara : II Rois 4:1-37 et 4:1-23 pour les Sépharades : Elisée

    Et l’Eternel lui apparut va yé-ra וַיֵּרָא  auprès des chênes de Mamré ; et il était assis à l’entrée de la tente, pendant la chaleur du jour.

Nous retrouvons Avraham assis en dehors de sa tente à la chaleur du jour, en convalescence après la circoncision. Le Patriarche vient de changer de nom, une multitude de descendants doit sortir de ses reins et posséder cette terre. Il vient d’être investi d’une grande mission et d’une responsabilité vis à vis du monde entier : celle du fils aîné, gardien de l’héritage familial et responsable de la proclamation du D.ieu unique aux nations.

L’annonce d’un fils faite à Avraham est accompagnée d’une expression double, chouv achouv שׁוֹב אָשׁוּב (je reviendrai de nouveau) interprétée par la Tradition comme un retour à la vie de Yits’haq lors de son sacrifice. Sarah rit en apprenant la nouvelle ; et son fils s’appellera « Il rira » ! C’est le rire d’incrédulité des nations qui accompagnera le peuple d’Israël tout au long de son histoire. L’incrédulité face à l’appel du peuple juif est toujours présente aujourd’hui…

Le cri de Sodome est monté jusqu’aux oreilles de D.ieu et la coupe est pleine. La tradition juive raconte que ce n’était pas tant le péché sexuel des habitants de Sodome qui avait provoqué le jugement mais la combinaison de ces péchés avec celui du refus d’hospitalité. Il était interdit à Sodome d’accueillir des étrangers, de les nourrir ou de leur apporter une aide quelconque. Le Talmud cite une anecdote selon laquelle une jeune fille (qui aurait été une des filles de Lot) aurait eu pitié d’un mendiant et l’aurait nourri régulièrement en cachette. Les habitants de Sodome, surpris de la durée de vie de cet homme auraient tendu un piège et pris la jeune fille en flagrant délit; ils l’auraient alors attachée et couverte de miel pour la donner en pâture aux guêpes. Ses cris d’agonie seraient montés jusqu’au ciel faisant déborder la coupe.

Grâce à l’intercession de son oncle, Lot est sauvé du feu de la colère avec une partie de sa famille. Puis se produit un évènement aux conséquences étonnantes pour l’avenir d’Israël. Lot se réfugie dans une grotte emportant avec lui du vin ; son goût prononcé pour les boissons enivrantes s’était déjà révélé avec le mishté qu’il avait offert aux anges… La suite de l’histoire le confirme,  il va engendrer deux nations à partir de l’union incestueuse avec ses deux filles. L’un des enfants s’appellera Moav, littéralement « du père, ou de mon père », et l’autre Ben Ami qui signifie « fils de mon peuple ».

D’une façon surprenante, nous voyons ici se dessiner le plan divin de rédemption: une double union incestueuse également est à l’origine de la naissance du roi David, ancêtre du Machia’h. Ruth la Moabite, descendante de Lot, épouse Boaz de la tribu de Yéhouda dont l’origine remonte à une autre union incestueuse entre Tamar et son beau-père Yéhouda. Le Or Ha’haïm nous dira « qu’il est permis de présumer que le futur rédempteur de l’humanité doit porter dans ses veines une goutte de sang impur et non-juif afin d’être en mesure de comprendre l’état d’âme de tous les êtres humains, de partager leurs faiblesses et de pouvoir, par son ascendant et par son langage, trouver le chemin de leur cœur et les ramener à D.ieu »[i].

Enfin le sacrifice de Yits’haq dresse le tableau final. Avraham, avait quitté son pays natal sur ordre divin à cause des pratiques païennes. Il se voit maintenant contraint de sacrifier un être humain, et de surcroît son propre fils. C’était en quelque sorte sa propre vie qu’il sacrifiait, ainsi que les vies à venir de tout le peuple juif, la promesse et la bénédiction des nations !

C’est sur le mont Moriah, lieu du futur Temple qu’à lieu cet acte. L’Akedat Yits’haq est un évènement capital dans l’histoire juive. L’acte d’amour et d’obéissance aveugle d’Avraham marque d’un sceau la vocation et l’appel d’Israël.

D.ieu, ne permettant pas les sacrifices humains, un bélier sera offert sur l’autel à la place de Yits’haq. Avraham repart avec l’assurance des promesses divines réitérées. L’histoire d’Israël continue ainsi que sa vocation:

Etre le témoin de D.ieu sur terre.

Jusque dans la prière du Shéma Yisra-El, cet appel est manifeste:

 Shéma,Yisra-El, HaShem Eloheinou HaShem e’had  Deutéronome 6:4

שְׁמַע יִשְׂרָאֵל:  יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד 

Les deux lettres légèrement plus grandes dans le texte original forment le mot ED, עד qui signifie témoin! C’est cela que tous les évènements étranges de cette paracha nous enseignent : témoigner à la face du monde que le D.ieu d’Israël est le seul D.ieu.

Orah Sofer, Guide touristique licenciée
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 (972) 054-207313
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[i] Cité dans La Voix de la Thora Eli Munk

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