Une semaine avant la sortie très attendue de la comédie musicale La Land, le film phénomène de Damien Chazelle nommé 14 fois aux Oscars, sortait la nouvelle adaptation d’Un sac de billes, le célèbre roman autobiographique de Joseph Joffo, qui a conquis depuis sa parution en 1973 plus de 20 millions de lecteurs à travers le monde.

Reconnaissons-le toutefois d’emblée, nous avions quelques doutes sur l’opportunité d’une nouvelle adaptation de ce best-seller, 42 ans après celle déjà réalisée par Jacques Doillon, alors même que plusieurs films très récents ont retracé le parcours d’enfants ayant réchappé de la Shoa, comme Le voyage de Fanny réalisé par Lola Doillon (qui faisait justement honneur au travail de son père) ou encore Les enfants de la chance, de Malik Chibane.
Nos réticences ont toutefois été rapidement levées au sortir de ce nouveau film mis en scène par Christian Duguay (déjà remarqué avec Jappeloup en 2013), qui nous offre ici des images de toute beauté et un casting impressionnant, au service d’un long-métrage humaniste et solaire, qui vient réchauffer cette froide période hivernale.
C’est aussi peut-être parce que le livre de Joseph Joffo est assez peu connu au Québec, comme le relatait Duguay à l’occasion de la promotion du film, que le réalisateur de Hitler, La naissance du mal (sorti en 2003) a pu porter un regard neuf et enthousiaste sur ce projet de remake.
En outre, si Joseph Joffo a souvent affirmé ne pas s’être vraiment reconnu dans le film de Doillon, cet éternel jeune homme de 85 ans s’est dit particulièrement heureux de cette nouvelle adaptation, qui rend un vibrant hommage à sa famille et à sa destinée, tout en s’inscrivant dans la tradition de certains films populaires – au sens noble du terme – du regretté Claude Berri.
Bien évidemment, pour celles et ceux qui ont grandi avec le récit picaresque et tumultueux de Joseph Joffo et de son frère aîné Maurice, ce nouvel opus ne révélera pas de grandes surprises, mais encore faut-il souligner ici le prisme particulier qui a été choisi par Christian Duguay, lequel met davantage en lumière le rôle central du père de Joseph, Roman, brillamment interprété par Patrick Bruel.
Ce père courageux, lucide et bouleversant devient en effet dans cette nouvelle adaptation “la colonne vertébrale du récit” selon les propres termes du réalisateur, qui a notamment déclaré avec justesse et émotion lors de l’avant-première du film que “c’est en entendant Joseph parler de son père que j’ai compris ce qu’il y avait dans les entrailles du livre”.
Rappelons ainsi que le film débute en 1941, alors que la famille Joffo menait jusque-là une existence heureuse à Montmartre, dans le 18ème arrondissement de Paris.
Heureux époux d’Anna (Elsa Zylberstein, touchante et juste) et père de sept enfants, dont quatre garçons et trois filles, Roman exerce la profession de coiffeur et voit ses deux fils cadets dérouler leur enfance dans une belle insouciance et une profonde complicité.
Toutefois, dès après que le port de l’étoile jaune est devenu obligatoire, Roman et Anna pressentent que le pire est devant eux et poussent leurs deux derniers enfants à partir se réfugier vers la zone libre, où vivent déjà leurs deux fils aînés.
Débute alors un incroyable périple initiatique pour Joseph et Maurice, qui traverseront au péril de leur vie tout le sud de la France, de Nice à Golfe-Juan, avant d’arriver dans le village savoyard de Rumilly, où Maurice travaillera dans un hôtel alors que joseph sera engagé par un libraire pétainiste, ignorant totalement qu’il est juif…
En dépit d’un traitement assez académique, ce film bénéficie d’une mise en scène élégante, à hauteur d’enfants, et de deux jeunes interprètes remarquables dont Joseph Joffo s’est dit très fier, lui qui n’a eu de cesse de transmettre la mémoire de ceux qui sont partis et dont le message positif et plein de vie est étudié chaque année par des milliers d’enfants, dans de nombreux collèges de France.
http://www.crif.org/

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