PARASHAT AHARE MOT KEDOSHIM 2018 – shabbat du 20-04-2018 – Entrée : 18 h 43 – Sortie : 19 h 53 

APPRENDRE A AIMER LES AUTRES

Dans la parashat SHEMINI  le texte ne livre que très peu de renseignements sur Aharon Cohen Gadol dont deux des fils meurent brutalement dans le Temple : nous lisons en effet qu’Aharon reçoit le « TSIDOUK HADINE »[1] : ויידום אהרון  et Aharon garda le silence.  Aharon perd deux fils (Que D préserve tout le monde) et le Grand Prêtre garde tout son calme, il ne se lamente pas et Moshé recommande de ne pas exprimer leur chagrin. D’ici l’on apprend que la perte d’un être cher ne doit pas conduire à l’expression outrancière d’un chagrin si grand soit-il et qu’en recevant sur soi la décision divine, il convient de faire preuve de retenue et de nez pas tomber dans les excès.

Nous avons déjà eu l’occasion de voir les qualités exceptionnelles de la personnalité hors du commun du Grand Prêtre, en particulier, lorsqu’il reçut la décision divine de nommer Moïse, son jeune frère, comme Libérateur du Peuple !

La Torah ayant été promulguée au peuple dans son ensemble, il appartient à Moïse d’enseigner cette loi en la répétant à 4 reprises à 4 niveaux différents : à Aharon, puis aux fils d’Aharon et ensuite aux Anciens (zekénim) et enfin au peuple dans son intégralité c’est-à-dire aux hommes, aux femmes et aux enfants.  C’est la raison pour laquelle, D exige de nous tous d’être SAINTS (au pluriel) car il appartient à chaque membre du peuple de se perfectionner pour atteindre au niveau de sainteté le plus haut possible. Qu’est-ce à dire ? La Sainteté ne se mesure pas uniquement dans l’application des mitsvoth car celles-ci au nombre de 613 ne s’adressent pas toutes à chacun d’entre nous mais à l’entité dont nous sommes une infime partie étant donné qu’il y a des ordonnances qui n’appartiennent qu’au Cohen et d’autres qu’aux Lévy ; certains de ces commandements concernent les agriculteurs et d’autres, les femmes, uniquement, et ainsi de suite.  En conséquence, ce n’est qu’en étant tous solidaires les uns des autres que le peuple dans son entier peut arriver à atteindre à un niveau de sainteté supérieur mais,  il ne s’agit pas de mettre en compétition toutes les qualités intellectuelles, il faut aussi que les qualités de cœur soient évidentes.

Nous sommes en pleine période du Ômer. Pendant les 33 premiers jours des sept semaines qui séparent Pessah de Shavouôth, le peuple tout entier est plongé dans l’affliction. Cette période durant laquelle on ne se rase pas[2], on ne va pas chez le coiffeur et on ne célèbre aucune joie à l’exception des britot[3], on n’écoute pas de musique, est une période deuil qui nous touche tous car pendant ce temps-là sont morts 24,000 disciples du plus grand des Talmudistes que le monde ait vu naître :  Rabbi AKIBA[4]! Car sévit, alors,  une épidémie qui fit des ravages dans les rangs de ces talmidé hakhamim[5]. Nous, êtres humains de moindre niveau, ne pouvons comprendre les desseins divins qui ont fait que les 24,000 disciples de Rabbi Akiva ont été décimés mais les Sages d’Israël sont pratiquement unanimes en proclamant qu’ils sont morts parce qu’ils n’éprouvaient pas d’empathie les uns vis-à-vis des autres, ils ne se respectaient pas, les uns les autres.  Leur perte est incommensurable lorsque l’on comprend que s’ils avaient continué à vivre, les secrets contenus dans les 32 canaux secrets et les secrets contenus dans le fait que parmi toutes les lettres de l’alphabet hébraïque, certaines[6] sont ornées d’un « tag »[7], notre niveau spirituel eut été bien plus élevé !

Le  Rambam (Maïmonide), conseille aux Juifs d’imposer des limites au mauvais penchant qui guette l’homme,  impatient de le voir chuter dans tous les « pièges » tendus, mais il suggère de surtout ne pas se couper de la communauté et de vivre en ermite pour ne pas avoir de tentations et ne pas avoir à fauter pour quelque chose de répréhensible et notamment en pratiquant la médisance. Rabbi Yonathan Eibeschutz[8] se déclara contre ce mouvement qui aurait tendu à éviter de céder à la tentation de se séparer de l’ensemble de la communauté en arguant  que la raison centrale est que D a adressé  Ses préceptes au « klal Israël » et que ne serait-ce que pour cela il ne convient pas de se séparer de la kehillah  et, encore une fois, D S’adresse à tout le klal Israël en utilisant le pluriel : vous serez saints !!!

Dans cette sidra est énoncé un principe parmi tant d’autres,  à propos duquel Hillel a décrété qu’il équivalait à un résumé de la Torah tout entière : aimer son prochain comme soi-même car l’amour porté au prochain est une démarche essentielle sans laquelle rien n’est possible : il s’agit de l’amour porté aux créatures que D a façonnées à Son image. Il nous appartient de faire de cet être humain  un proche en multipliant avec lui,  de manière désintéressée,  non seulement le quotidien matériel mais aussi le quotidien spirituel en priant avec lui en faisant de lui notre compagnon d’études et notre partenaire dans toutes nos approches sociales pour permettre aux uns comme aux autres de partager l’héritage que le monde juif a reçu au Mont Sinaï : la Torah écrite et orale véritable guide de vie. En étant à l’écoute de notre prochain, nous montrons notre empathie vis-à-vis des autres et nous montrons que son sort est précieux à nos yeux.

Caroline Elishéva REBOUH.

 

[1] La décision céleste sur la mort de quelqu’un.et, lorsqu’une personne décède on prononce la bénédiction « Baroukh Dayan HaEmet » ou Sois loué le Juge de la Vérité. Cette bénédiction exprime par là que l’entourage accepte et se résigne l’arrêt céleste.

[2] Les hommes s’efforcent de ne pas se raser encore que le Rav Ovadia Yossef (zatsal) avait permis aux personnes de constitution délicate de ne se raser qu’à la veille de chaque shabbat.

[3] On ne célèbre pas de fiançailles, mariages, bar mitsvoth mais seulement des circoncisions (brit milah).

[4] Rabbi Akiba né en 50 de l’ère vulgaire et mort en 135 victime des empereurs romains. Son père s’appelait Yossef et il épousa la fille (Rahel) d’un homme très riche que l’on surnommait « Kalba sabouâ » (pour signifier que même les chiens étaient grassement nourris). Rabbi Akiba était un homme qui possédait les secrets les plus hauts de la Torah. Il fut l’auteur du sefer hayetsirah et le commentateur des « 32 canaux sacrés » que l’on retrouve dans l’arbre séphirotique. Ces canaux forment une sorte de liens entre les lettres et les séphirot.

[5] Un Talmid Hakham est un homme versé dans la Torah (loi écrite et loi orale.

[6] Treize lettres hébraïques portent un « tag » : 6 ne portent qu’un seul « tag » –beth, daleth, kouf et heth, youd et ‘hé- et 7 portent un triple « tag » :  shine, âyine, teth, noune, zayine et guimel et tsadik.

[7] Sorte de décoration simple ou triple.

[8]1690-1764 Né en Pologne il fut rabbin à Prague, et dans d’autres communautés donc Hambourg en Allemagne.

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