Le groupe terroriste a développé un réseau bancaire secret lui permettant de transférer des fonds depuis le monde entier.

En dépit des efforts de la communauté internationale pour l’isoler financièrement, le groupe Etat Islamique parvient toujours à commercer avec des acteurs situés en dehors de son territoire contrôlé. Dans une longue enquête (lien payant), le Wall Street Journal décortique comment le groupe terroriste contourne les sanctions et les lois ainsi que le système financier international pour faire entrer et sortir du cash de son territoire. Daech s’appuie sur le réseau de transfert d’argent apparu au Moyen Age appelé « hawala » . Il s’agit d’un vaste réseau informel reposant sur la confiance pour transférer de l’argent et effectuer des opérations de change.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Concrètement, une personne dépose des espèces dans un bureau. Ce dernier contacte un autre bureau à quelques milliers de kilomètres de distance et le destinataire peut immédiatement retirer son argent, moins une commission (environ 10%, soit le double des commissions habituelles). Les agents règlent leurs comptes par la suite en transférant physiquement des billets de banque.

Les agents doivent donc passer à travers des lignes de front, mais aussi des check points contrôlés par des groupes armés en guerre contre l’Etat Islamique. Les agents de change payent des milices chiites pour faire passer l’argent. Des combattants kurdes sont également soudoyés pour fermer les yeux sur le trafic. Le montant du bakchich est compris entre 1.000 et 10.000 dollars raconte le Wall Street Journal. Quant à Daech, il ponctionne 2 % des transferts en échange de la protection des contrebandiers.

Qui transfère les fonds ?

En la matière, le groupe Etat Islamique fait preuve d’un redoutable pragmatisme et s’appuie sur le réseau déjà existant, même si les agents ne sont pas des sunnites fondamentalistes. « Daech suit les lois de l’argent, pas celles de la politique ou de la religion », explique l’un d’entre eux au Wall Street Journal. Il existerait ainsi 1.600 agents de transfert en Irak faisant le pont entre le groupe terroriste et le reste du monde.

Par où passe l’argent ?

Les fonds empruntent au moins trois routes, explique le quotidien américain. La première part des rues proches du grand bazar d’Istanbul pour rejoindre Mossoul via des villes kurdes d’Irak. Une autre relie la capitale jordanienne d’Amman et Bagdad vers la province d’Anbar. Une troisième s’étend entre Gaziantep, au sud de la Turquie, et la région autour de Raqqa en Syrie.

La finance islamique n’a rien à voir avec le terrorisme

Inutile de bondir quand vous entendez le terme « finance islamique ». Il s’agit simplement de produits financiers respectant le droit islamique. A ce titre, ils doivent servir au financement de l’économie réelle, ils ne peuvent présenter trop d’incertitudes. Parier à la baisse est interdit. L’intérêt est banni de même que la spéculation. Enfin, il est impossible de financer les industries jugées néfastes à la société comme celle du tabac ou de l’alcool. Ce type de finance connaît un développement considérable, notamment en Afrique .
Dans un rapport publié en avril 2015 , le Fonds monétaire international explique que l’intérêt de la finance islamique est au moins triple. D’une part elle contribue à une meilleure inclusion financière de populations, notamment d’une large partie de la population de confession musulmane. D’autre part, l’adossement à des actifs réels en font un outil pour le financement des petites et moyennes entreprises. Enfin le principe de partage des risques et l’interdiction de la spéculation font que ces produits financiers posent moins de risques systémiques que la finance traditionnelle.

www.lesechos.fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

Poster votre commentaire!
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.