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Le pactole des 100 plus grosses fortunes de France en 2014

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257 milliards d’euros ! C’est le pactole formé par les 100 plus grosses fortunes de France. Malgré la crise, il s’est accru de 10% par rapport à l’an dernier. Bienvenue sur une autre planète.

Ce n’est décidément pas la crise pour tout le monde ! Selon nos calculs, les 100 personnalités françaises les plus riches ont vu leur fortune professionnelle s’accroître de 9,9% en un an. Pour les Peugeot (+ 117%), Vincent Bolloré (+ 56%), Marc Ladreit de Lacharrière (+ 48%) ou les frères Decaux (+ 39%), la progression est encore plus spectaculaire. Quel contraste avec la situation des Français moyens ! En 2013, leur patrimoine net moyen n’a augmenté que de 1,6%. Ne cherchez pas : si nos milliardaires s’enrichissent si vite, c’est parce que leur terrain de jeu dépasse largement la France et sa croissance zéro. Prenez les Mulliez. Si Auchan a vu son activité baisser de 1,1% chez nous, en Europe de l’Est et surtout en Asie, elle a grimpé de 11,1%. De même, les ­recettes du LVMH de Bernard Arnault ont augmenté cinq fois plus vite en Asie qu’en Europe.

Le classement 2014 de Capital des 100 Français les plus riches reflète cette dichotomie. 85 des 100 premières fortunes nationales ont augmenté par rapport à l’an dernier. Toutes réunies, elles détiennent un patrimoine de 256,5  milliards d’euros, en hausse de 22  milliards. Rappelons-le : comme l’an passé, nos évaluations diffèrent souvent de celles publiées par nos confrères de «Forbes» ou de «Challenges». La raison en est simple : avec l’aide de l’économiste Benoît Boussemart ( lire la méthodologie dans notre article ), nous avons épluché des milliers de documents comptables, mis au jour de multiples participations cachées, qui amènent à s’écarter du calcul classique (la valeur boursière ou financière multipliée par le pourcentage de détention).

A la hausse, ou à la baisse quand on découvre de fortes dettes. Prenez Bernard Arnault : lui attribuer 1,6  milliard d’euros au titre de sa participation dans Carrefour sans tenir compte du fait qu’il les a intégralement empruntés est absurde. Voilà pourquoi sa fortune n’atteint selon nous «que» 19,7  milliards d’euros, quand «Forbes» l’évalue à 26,3  milliards. A l’inverse, Bolloré dépasse 8 milliards d’euros d’après nos calculs, quand notre confrère américain ne l’estime qu’à 6,2  milliards. Rappelons que ces patrimoines sont virtuels : nos heureux élus n’en disposeront qu’en vendant leurs actifs, ce qui est rarement l’intention de ces entrepreneurs. Enfin, une valorisation en forte hausse traduit la bonne santé de la société. Sa capacité à faire des bénéfices, à investir et à embaucher. Au total rien de contradictoire, bien au contraire, avec le dynamisme de notre économie.

Ces précisions méthodologiques ne changent en revanche rien à un constat désolant : le club des très riches ne se renouvelle que très lentement dans notre pays. Parmi les sociétés de nos  30 plus grosses fortunes, seule une a moins de trente ans : Iliad, fondée par Xavier Niel en 1987. C’est une sacrée différence avec les Etats-Unis, où la jeune génération s’est taillé une place de choix dans la «rich list», avec notamment Mark Zuckerberg (Facebook), Jeff Bezos (Amazon), Larry Page et Sergey Brin (Google). Cette spécificité française et, pour tout dire, européenne illustre l’incapacité de nos entreprises du secteur des nouvelles technologies à percer à l’étranger. A l’inverse de nos acteurs du luxe (LVMH, Hermès, Chanel, Kering) qui squattent notre palmarès grâce à leurs succès en Asie ou en Amérique. Autre tradition bien de chez nous : le vin. De Castel à Magrez en passant par les Rothschild ou Frédéric Rouzaud, les fortunes de la vigne figurent aussi en bonne place dans le top 100. «Même s’il ne constitue pas toujours leur activité principale, l’immobilier représente une part significative du patrimoine des plus riches», ajoute Benoît Boussemart.

Jusqu’à présent, les milliardaires se gardaient bien de revendiquer leur réussite publiquement. Mais les temps changent. A notre grande surprise, et contrairement à notre précédent palmarès, plusieurs d’entre eux nous ont répondu qu’ils jugeaient notre estimation trop basse. Même si nous avons le plus souvent maintenu nos calculs, nous n’en voudrons donc pas à Marc Ladreit de Lacharrière, Louis Le Duff, Edouard Carmignac, Mohed Altrad ou Bernard Magrez de les avoir contestés.

Gilles Tanguy et Nathalie Villard, avec E. Andreani, P. Chabert et J. Hasdentzuffel

© Capital

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