Chacun a entendu au moins une fois l’adage de Clausewitz, l’un des plus célèbres théoriciens des conflits armés: la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Autrement dit, la guerre n’est pas une fin en soi. Elle est destinée en dernière instance à marquer la supériorité physique et morale d’une volonté sur une autre lorsqu’ont échoué les compromis diplomatiques. Pour le Hamas, le Djihad islamique et leurs soutiens dans les opinions publiques il en va différemment: la guerre actuelle est une fin en soi. Elle vise à la destruction définitive de l’Etat d’Israël. C’est pourquoi elle prend toutes les formes: militaire, terroriste, «juridique» et même «éthique». Car l’on s’étonnera que la première démarche de Mahmoud Abbas, une fois établie une trêve moins précaire que les autres, ait été de dépêcher à la Haye un émissaire chargé d’examiner par quels moyens l’Etat d’Israël pourrait être poursuivi pour «crimes de guerre» devant la Cour Pénale Internationale. Et l’on voudrait que ce chef sans autorité ni pouvoir véritables, néanmoins partenaire officiel du Hamas dans leur dernier accord de gouvernement, et donc son complice, fût considéré comme un réel partenaire pour une paix future?

Si la guerre juridique ainsi engagée est loin de pouvoir être poursuivie à sens unique, que dire de la «guerre éthique», alimentée par ces flux d’images une fois de plus à sens unique? Ici le pitoyable le dispute à l’odieux. Car ces mises en scène à base d’infanticide en disent moins sur la réalité des choses que sur l’état d’esprit morbide des scénographes. N’importe quel praticien du psychodrame saurait reconnaître dans ces images sanguinolentes d’enfançons, dans ces militants déguisés en bambins enveloppées dans des suaires aux couleurs de la Palestine, non pas le réel du terrain mais le désir secret des marionnettistes. Car il ne suffit pas d’incriminer ceux des combattants du Hamas qui se servent en effet d’enfants vivants comme de «boucliers humains», pour reprendre cette affreuse expression. Il faut également incriminer ceux qui se servent dans les rues de Paris, de Londres ou de Madrid, de ces mêmes enfants comme boucliers médiatiques.

Contre de pareilles perversités, il faut savoir faire preuve d’endurance et d’un peu de sens de l’Histoire. Il n’y pas si longtemps, à l’époque de Staline, qui est loin d’être mentalement révolue, des militants décervelés, moralement clivés, se gargarisaient du thème de la paix mais sans une seule pensée pour les suppliciés de l’archipel du Goulag. Quiconque ne partageait pas leur vision du monde était voué à la mort physique ou à l’excommunication intellectuelle. Et pourtant, il s’est trouvé des hommes et des femmes de courage pour tenir bon, pour s’en tenir à la vérité et à la réalité, jusqu’au moment où le système soviétique miné par ses contradictions multiples s’est auto-détruit.

La même attitude s’impose face au djihadisme qui a pris le relais de cette pathologie, en Irak, en Libye ou à Gaza. Victor Hugo le répète dans les Misérables: ce n’est pas une raison de se taire parce qu’on n’est pas entendu. Les paroles de vérité sont inlassables puis le temps vient où les lâchetés finissent par avoir honte d’elles mêmes, où les esprits de bon sens reconnaissent qu’ils ont joué avec le feu.

Tandis que le Quai d’Orsay ne cesse de mettre des obstacles à la politique d’auto-défense d’Israël, il se mobilise à présent comme un seul homme face à la même menace mais dirigée cette fois contre le Liban. Et même Obama fait enfin bombarder des positions de l’Etat islamique dans la zone kurde de l’Irak en voie de dislocation.

On en verra vite les suites effectives.

 Raphaël Draï,

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