Il est important en préambule d’insister sur les efforts réalisés par les Ministères, Administrations publiques et la Société israélienne afin d’accueillir et d’aider au mieux l’intégration des olim de France et en particulier l’intégration des jeunes.

Depuis sa création, Israël a une tradition d’intégration de populations très différentes les unes des autres.  La Société israélienne, dans sa grande majorité, est constituée d’une population d’olim venant de différents pays et ce depuis 70 ans.

Ce que nous constatons justement se joue sur les revers de cette « habitude » d’intégration de diverses populations. Nous sommes obligés de constater les faiblesses de la répétition d’un modèle qui finalement ne tient pas vraiment compte du passé culturel et de l’histoire de la population accueillie. D’ailleurs, l’Alya des juifs de France étonne un grand nombre d’israéliens, et il n’est pas rare d’être questionné sur les raisons de cette Alya.

Aussi pour que les bases de l’intégration scolaire, éducative et sociale soient optimales pour les enfants olim de France, il est important de construire des réponses adaptées. Notre responsabilité en tant qu’anciens et même plus récents olim est de nous saisir de cette question et de nous impliquer pour cette réussite. La communauté des olim de France doit développer ses propres ressources, mettre au service de ce projet ses compétences et sa connaissance de cette population.

Les processus d’émigration, principalement chez les jeunes, sous-entendent une réelle remise en question de leurs compétences, la perte de repères, et de leur confiance en eux, ce qui peut conduire à une régression au niveau scolaire, parfois une déscolarisation pour les lycéens, et les pousser vers des comportements déviants.

Concernant les parents, les olim de France sont plutôt cultivés, mais ils éprouvent aussi les difficultés de l’immigration, qui déstabilisent la cellule familiale – la recherche d’un emploi, les difficultés dans l’apprentissage de l’hébreu et dans la familiarisation avec les administrations, le système de santé et pour ce qui nous intéresse : le système scolaire.

Nous pouvons et surtout nous devons changer cette situation au risque d’échecs cuisants et douloureux.

Bien entendu il s’agit là en particulier des difficultés des adolescents collégiens et lycéens. La situation est moins compliquée pour les élèves de primaire, et pour les familles réellement préparées à ce grand changement qu’est l’Alya. Il est évident que des efforts doivent être faits dans le cadre de la préparation à l’alya pour chaque membre de la famille, même pour les tout-petits. Une préparation sérieuse, bien renseignée, avec des visites et des rendez-vous sur place est indispensable, enfin l’apprentissage de l’hébreu avant même l’ Alya, est pour tous un impératif incontournable.

Quelle école israélienne pour les Olim de France.

L’école est le lieu essentiel de l’intégration. Les établissements scolaires qui accueillent les jeunes olim, ont une fonction majeure et décisive pour la réussite de leur intégration et pour leur épanouissement personnel. L’école doit permettre l’apprentissage et la maitrise de la langue hébraïque, la réalisation du potentiel scolaire et le développement de l’élève tout en préservant ses acquis scolaires et sa culture française. L’école permet d’acquérir des habiletés sociales, elle doit accompagner l’adaptation de l’élève arrivant dans un nouvel établissement scolaire, mais aussi dans un nouveau système scolaire et un nouvel environnement amical et affectif.  L’école a la mission de rétablir ou renforcer la confiance en soi de l’élève, de construire le sentiment d’appartenance à la société israélienne afin de donner sens à cette nouvelle vie et à ses difficultés.

L’école israélienne.

L’école israélienne est très différente de l’école française.                                                                         L’école israélienne a de nombreuses qualités pédagogiques, elle ouvre des champs de possibilités très larges à l’élève. Elle aide et accompagne l’élève, elle développe la créativité et l’autonomie du jeune. Elle agit aussi sur le développement du leadership avec un accent sur l’implication sociale, enfin elle éveille le jeune à la curiosité intellectuelle et à l’excellence dans les différents domaines de sa vie tout en renforçant le jeune vers une vie de réalisations.                                                                                                                        Ce modèle d’école non seulement surprend et déstabilise le jeune élève olé, mais surtout les directions des écoles, et les équipes pédagogiques ne connaissant pas le système scolaire français, et qui du coup, n’anticipent pas les effets de ce changement sur le nouvel élève. Manque de préparation à l’accueil en nombre des élèves olim, incompréhension des difficultés du jeune, manque de ressources humaines et professionnelles. Inadaptation de l’élève au rythme scolaire et aux programmes et défaillance dans la relation avec les parents pour le suivi de l’élève du fait de la langue mais aussi de la place prépondérante des parents dans l’école israélienne.

L’élève olé.

Nous constatons que le jeune olé n’est pas préparé à l’Alya, parfois il dit même ne pas partager le projet de ses parents. En plus de la perte de repères, de la difficulté à apprendre l’hébreu, le jeune s’isole et continue une relation virtuelle avec ses amis et son environnement en France, ce qui produit un repli, et une perte de confiance en soi. Il faut noter aussi les craintes refoulées liées aux risques sécuritaires et à l’incorporation dans l’armée pour les garçons et les filles dès 18 ans.

Les parents.

Les parents sont souvent portés par l’enthousiasme de la réalisation de leur Alya, et négligent la nécessité d’une préparation sérieuse pour eux et leurs enfants. Ils vivent rapidement un certain désarroi parce qu’ils se retrouvent dans l’incapacité à communiquer avec les professeurs et la direction de l’école, à comprendre et à suivre la scolarité de leur enfant. Préoccupés par leur propre intégration sociale et professionnelle, les parents perdent le lien avec l’établissement scolaire.

Cette réalité nous oblige à être vigilants, et à construire, en partenariat avec le Ministère de l’Education israélien et les directions des établissements, des réponses en termes de programmes et d’accompagnements pour la meilleure intégration possible des jeunes olim de France, ceci dans l’intérêt des personnes, mais aussi car chaque vague d’Alya est porteuse de promesses et d’espérance pour  l’avenir de la Société israélienne.

Eva Labi 
Directrice des programmes Israël-Tefutsoth pour KIAH,
en charge des programmes d’intégration des jeunes olim de France
source : http://menora.info/

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