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La ménorah ou chandelier à 7 branches : signification profonde par Caroline Elishéva REBOUH

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On ne disserte pas assez sur ce chandelier à 7 branches. C’est pourquoi aujourd’hui nous allons tenter de le définir, de voir ses dimensions et quelle est cette centralité qui fait que la Menorah est le symbole du peuple Juif tout autant que le Maguen David.

Lorsque Titus détruisit le deuxième Temple de Jérusalem, il fit construire un arc de triomphe à Rome sur lequel il commanda aux sculpteurs de l’époque de reproduire fidèlement ce trophée car il pensait qu’en déportant les objets de culte du Temple il plongerait le peuple dans des ténèbres. Ceci n’était erroné qu’en partie  car, en continuant à étudier la Torah, la LUMIERE régnait dans les cœurs des Juifs mais il était vrai que le peuple s’enfoncerait dans les ténèbres de l’histoire du monde pour n’avoir pas su se préserver des fautes qui sont insupportables au Créateur.

Dans le mot Menorah מנורה se retrouve le mot Ner נר (lumière ou bougie). La guematriya du mot menora est égale à 301 qui équivaut à la valeur du mot esh     אש = feu  celui-là même qui nous a protégés depuis la sortie d’Egypte et qui est toujours présent dans le Beith HaMikdash. Le feu peut être considéré comme purificateur mais aussi comme destructeur ou vengeur. Après qu’Eve, eût donné le fruit de l’arbre défendu à manger à Adam, D a annoncé à Eve qu’elle avait éteint l’une des lumières du monde et qu’ainsi elle devrait rallumer en souvenir des lumières de shabbat. Nous reprendrons cette idée plus loin.

La Menorah a été faite d’une seule pièce dans un bloc d’or pur. Les dimensions de la menorah sont les suivantes : 18 tefahim[1]   soit pratiquement 1,73 m pour la hauteur ; la largeur d’une extrémité à l’autre est de 12 tefahim soit 1,15m ; et la branche centrale est d’une hauteur de 15 tefahim soit 1,44 cette branche se rattachant au socle.

Les commentaires, très nombreux,  sur ce thème mettent en relief l’importance de cet ustensile du Beith HaMikdash dans le judaïsme. En effet, chacun voit dans ce symbole de 7 branches une implication différente : ainsi, étant donné que les six lumières des branches latérales se tournent vers la branche centrale, certains y voient le symbole des six jours de la semaine qui se tournent avec déférence vers la centralité du shabbat.

D’autres commentateurs évoquent le parallèle existant entre les 7 branches de la menorah et les 7 planètes toujours dans la même idée de six planètes tournant autour du soleil, mais aussi aux shéva ânaney kavod dont il sera question plus bas.

Certains exégètes pensent que les 7 séphiroth inférieures [les 3 séphiroth supérieures appartenant à D : Kéter (couronne כתר) Hokhma (Sagesse חכמה) et Bina (Intelligence ( בינה], les autres séphiroth correspondent au corps humain :   Connaissance (daâth דעת), Grâce/Vertu (hessed חסד), Guevoura (force/puissance גבורה), Tif’éreth (magnificence תפארת ), Netsah (victoire נצח),  ‘Hod  (Gloire הוד), Yessod (Fondement יסוד ), Malkhout (royauté מלכות).

Shimshon Rephaël Hirsch[2] quant à lui pense que les sept branches font allusion aux 7 sciences indispensables pour que l’esprit humain se développe et il cite : חכמה, עצה, דעת, יראה (יראתה’), גבורהובינה  c’est-à-dire : la sagesse, le conseil, la connaissance, la crainte du ciel, la puissance et l’intelligence.

Mais au rang des 7 sciences, ce sont d’autres matières qui sont rappelées dans d’autres sources comme les Mathématiques (y compris la géométrie et l’algèbre) la Médecine et la botanique, la Musique, l’Astronomie, la Théologie, la Philosophie, et l’ésotérisme.

Enfin, d’autres encore voient dans ces sept branches un rappel des 7 peuples qui ont été combattus lors de l’entrée en Eretz Israël : les Cananéens, les Emoréens, les Pherézéens, les Hétéens, les Hévéens et les Jébuséens (Exode chap. III, verset 8) et les Guirgashéens. Pourtant, ces derniers ne figurent pas dans le  verset pré cité alors que doit-on y comprendre ? C’est que, nous dit la Guemara de Sheviîth du Yéroushalmi au chapitre 6 les Guirgashéens ont été les seuls de ces sept peuples à partir du pays lorsque le peuple d’Israël est arrivé dans le pays. Le peuple a dû combattre les six premiers peuples mais pas les Guirgashéens !…..

Il est à remarquer que la menorah devait être placée du côté occidental, face au Saint des Saints. Un miracle constant se produisait : la quantité d’huile qui était versée dans les gobelets du candélabre devait suffire pour quelques heures à peine or, la lumière de la branche centrale  était perpétuelle : elle ne s’éteignait pas……….. Il est à remarquer que la mitsva d’allumer et d’entretenir la Menorah a échu à Aharon au lendemain de la mort de Nadav et Avihou. Et, jamais Aharon ne se serait dessaisi de cette tâche dès lors, HaShem a tenu à ce que cette lumière centrale devienne perpétuelle.

Les Sages, et surtout ceux de la guemara dans divers traités,  se penchent d’avantage sur le fait qu’Aharon ait reçu le privilège d’allumer la menora.  Si nombreuses sont les explications des exégètes ?  je citerai l’une d’elles : la faute originelle de la consommation du fruit interdit a été rachetée par l’allumage des bougies de shabbat. Que vient racheter l’allumage de la menora ? Celle du veau d’or………. En effet, l’on peut lire dans le midrash Tanhouma que lorsque le veau est sorti du feu les 7 nuages divins qui protégeaient Israël pendant leurs pérégrinations (4 au-dessus de leurs têtes, un avant, un après et un dessous qui tuait et écartait les serpents et les scorpions) se sont éloignés ce qui fait que HaShem a fait allumer la menora par Aharon.  Cependant, Aharon s’est plaint à D : pourquoi as-Tu accepté de tous les nessiim leurs sacrifices mais de moi Tu n’as rien accepté ?  Ni moi ,  ni les Léviim en général n’ont offert de sacrifices !Le Maître du Monde lui répondit : «  car toi tu n’as pas fait sortir le veau ! C’est Mikha qui a jeté un parchemin dans le feu et le veau s’est dressé ! En revanche, si eux les nessiim ont présenté des sacrifices et des offrandes à caractère unique, toi, Aharon tu offriras des sacrifices et de l’encens de manière perpétuelle mais surtout, tu devras chaque jour allumer la menora, offrir l’encens et transmettre la birkat cohanim  et tu seras le seul avec tes descendants à pouvoir le faire ! »

Le ARI zal, a écrit pour sa part quel est le secret qui se cache derrière la menora en ces termes : La menora a 7 branches qui correspondent aux 7 mots du premier verset de Bereshit, puis, elle a 11 « boutons » qui correspondent aux 11 mots du premier verset de Shemot, puis, il y a 9 « fleurs » qui correspondent aux 9 mots du premier verset de Vayikra, la hauteur de la menora est de 18 tefahim qui correspondent au premier verset de Bamidbar et enfin on dénombre 22 coupelles qui correspondent aux 22 mots de Devarim. La Menora est donc intimement mêlée à la Torah.

En allumant la Menora, Aharon contribue seul à faire réapparaître les sept nuées disparues.

 

Pour sa part, Rabbi Shimshon Rephaël Hirsch pose la question de savoir quelle est la véritable et puissante symbolique de la Menora et pourquoi l’accent est-il mis sur le fait qu’elle ait été faite en un seul bloc ? La réponse est celle-ci : de même que l’intelligence est symbolisée par la lumière, la menora est construite pour porter cette lumière, ou intelligence. La Menora  représente  ISRAEL et, elle est faite d’une seule pièce pour prouver qu’aucun autre peuple ne s’y est joint à un stade quelconque pour permettre à l’intelligence d’Israël de luire dans le monde et d’éclairer le monde sans qu’il n’y ait de nécessité d’un apport quelconque provenant du monde extérieur. Ainsi, de par le matériau avec lequel elle est faite : l’or, et de par la lumière qu’elle fait resplendir sur le monde, la menora est précieuse.

Il existait une possibilité de la voir s’éteindre et cela eût été dans le cas où les Bné Israël se seraient mal conduits et n’eussent pas fait la volonté du Créateur. Ce qui fait encore allusion à la Terre qui « vomit » ses habitants pour la raison suivante : Terre, pays se dit eretz en hébreu ארץ  mot qui vient de la racine ר-צ-ה  vouloir ou de רצון  volonté ce qui nous permet de comprendre ceci : si nous ne faisons pas la volonté du Tout Puissant, ce pays nous rejettera et nous en serons exilés.

Caroline Elishéva REBOUH

[1] Selon le Hazon Ish, chaque tefah correspond à 9,6 cms ;  Hazon Ish : Abraham Yishâyahou Karelitz né en Biélarusse en 1878 et décédé à Bné Brak en 1953 C’est souvent aux cotes du Hazon Ish que l’on se réfère pour les mesures correspondant aux termes bibliques.

[2] Penseur Juif Allemand 1808-1888.

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