Shabbat TshouvaVendredi 25 Septembre 2020 – Yom Chichi 7 Tichri 5780 horaires Ashdod entrée  18 h 13 – sortie 19 h 09

DIRECTEMENT ET SANS INTERMEDIAIRE !!!

Dans une certaine publicité qui court sur les ondes, une actrice de renom expose : « je ne sais pas pour vous, mais….. » et c’est exactement l’introduction que je souhaitais à mon propos : Je ne sais pas pour vous, mais pour ce qui me concerne et beaucoup de personnes comme moi, j’ai été élevée non pas dans une religiosité extrême, ni dans un abandon total des fêtes juives, des coutumes mais, je me souviens parfaitement de la dévotion avec laquelle les grands-mères et même les mères au moindre bobo qui survenait, se précipitaient vers un enfant tombé ou pleurant en invoquant soit « Rebi Shim’ôn »[1] ou bien « Rebi Méyér »[2] noms suivis d’un chapelet de mots en judéo arabe tels que « bretchar » ou « laystor » [3], ou autres expressions voisines, censées porter chance ou servir de refuge psychologique pour se rassurer[4].

Certaines dates, comme la Hiloula de Rabbi Shim’ôn Bar Yohay, le célèbre Tana, servaient de repères pour les femmes[5] pour allumer des bougies et formuler des prières et des vœux en n’osant pas prier D directement mais en utilisant comme intermédiaire les mérites de ce grand sage comme garants pour appuyer leurs demandes. Certains autres fidèles, se rendaient volontiers sur le lieu de sépulture d’un grand sage comme le tombeau du « Rab » de Tlemcen pour obtenir des Cieux qui la guérison, un mariage ou un garçon !!!

Il ne venait donc pas à l’idée de quelqu’un de prier pour sa propre valeur, de par lui-même mais toujours en se recommandant des valeurs de quelqu’un d’autre, qui certes, possède des mérites infinis, mais, l’un comme l’autre, simple juif ou talmid hakham, n’en sont pas moins les enfants aimés par le Père Céleste.

Comme la plupart de nos semblables, souvent, devant l’adversité qui est notre compagnon de route, j’allumais des bougies et suivais scrupuleusement le calendrier des hilouloth de certains Tsadikim dont l’histoire m’avait touchée….. Je fixais des rendez-vous chez certains tsadikim dont je m’étais laissé conter les exploits, pleine de dévotion et d’espoirs. Jusqu’au jour où, ne sachant plus ni que faire ni que dire, dans le silence de ma voiture, conduisant vers je ne sais plus quelle destination, j’ai élevé ma voix vers le Maître du Monde et lui ai confié mes tourments. Le résultat ne se fit pas attendre car, en premier lieu je sentis immédiatement un calme immense m’envahir, au point que mes larmes se sont taries d’un coup et qu’un espoir rassérénant m’envahit.

Pour l’heure, j’avais déjà gagné une bataille car je me sentais beaucoup mieux et je pris immédiatement une décision : désormais, je parlerai directement et sans intermédiaire à mon Père qui est dans les Cieux que nous ne voyons pas mais que nous pouvons sentir à chaque instant par Son assistance. IL est toujours présent. IL est toujours à l’écoute, n’importe où et n’importe quand. Lorsque nous sommes de petits enfants, nous adressons nos demandes et nos souhaits, mais, nous devons absolument nous persuader que LUI aussi est présent de nuit comme de jour à tout instant et peu importe où. LUI seul peut entendre tout ce que nous avons à dire. L’un de mes maîtres m’apporta un enseignement que je tente de respecter à chaque instant : il disait : « fais ce qu’IL désire pour qu’IL te donne ce que tu désires »[6].

D’après la morale juive, il n’est jamais trop tard pour faire teshouva et, nous disposons de tant de mitsvoth (613) qu’il est facile de se fixer à chaque instant un nouvel objectif : ajouter une pièce à notre tsedaka, allumer les bougies de shabbat, aider notre prochain etc…

Nous sommes en Av, Menahem Av, dans un peu moins d’un mois les Sefaradim et Edoth HaMizrah vont commencer durant tout un mois de réciter les « selihoth », entreprendre un retour sur soi, entendre le shoffar chaque jour pour faire en sorte que notre âme s’émeuve. Tout comme nos ancêtres ont sonné du shoffar autour des murs de Jéricho pour qu’ils s’effondrent, le son aigrelet et puissant de la corne de bélier[7] est fait pour que s’effondrent nos propres barrières que notre mauvais penchant nous impose.

Mais comment s’adresser à Lui direz-vous ? Le plus simplement du monde : tout naturellement….Laissez votre cœur s’exprimer, laissez vos larmes couler, et toujours remerciez toujours aussi simplement pour le mieux que vous avez ressenti pour le miracle qui vous aura été concédé. Bannissez l’orgueil que chacun ressent en soi. HaShem n’a pas d’orgueil. Louez-Le, on lui doit bien cela !

Caroline Elishéva REBOUH.

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

 

[1]Pour Rabbi Shim’ôn bar Yohay

[2]Pour Rabbi Méïr baâl Haness

[3] Ces mots étaient censés éloigner le mauvais sort puisque laystor signifie en réalité que D (Allah) éloigne le mal (ystor ; en hébreu également le verbe listor signifie éloigner, cacher).En hébreu actuel on dit : HaShem Yshmor ou que D préserve.

[4] Comme « hmoss âlik » ou « tebarkala » ou encore selon les origines : belhouth, belhmiss, beltouma ce qui se traduit par –selon l’ordre cité- 5 sur toi, que D bénisse, avec un poisson (censé éloigner le mauvais œil car d’après la Torah, les poissons croissent et se multiplient en étant protégés du mauvais œil  de par leur environnement naturel), avec un 5, avec de l’ail (censé repousser le mauvais œil).

[5]Souvent laissées dans l’ignorance et en marge de l’héritage spirituel ancestral.

[6]עשה רצונו בכדי שיעשה רצונך (âssé retsono bikhdé shéya’âssé retsonekha) ou, si vous préférez avant de vous adresser à HaShem, faites ce qu’IL demande, comme prier, étudier, faire une mitsva.

[7] Lors de la Ligature d’Isaac, un bélier fut pris par ses cornes et fut sacrifié à la place d’Isaac. Le shoffar dont le son ébranla le monde lors de la promulgation de la Torah provenait de ce bélier-là.