PARASHAT VAYETSE 5781 – Vendredi 27 Novembre 2020 – Yom Chichi 11 Kislev 5781– horaires Ashdod  16 h 17 – 17 h 17

ALLER ET RETOUR COMPRIS

Cette sidra s’inscrit dans une certaine dynamique. En effet : le verbe latset לצאת ou sortir comprend l’idée de retour et pas un aller simple.

Lorsqu’HaShem ordonne à Abraham de partir de Chaldée pour ne plus y revenir il lui dit : LEKH et il ne lui dit pas : TSE, car le principe est de partir de là-bas : un peu comme on dirait actuellement : « on s’arrache ». Abraham doit partir, abandonner la terre qui l’a vu naître pour ne plus y retourner donc c’est le verbe lalékhet (partir, aller) qui est utilisé.

Ici, Jacob, quitte le foyer familial pour se marier, pour chercher une épouse parmi les membres de la famille de Rivka sa mère. Son intention n’est pas, au premier abord, d’abandonner sa terre, son foyer ni de s’installer ailleurs. Son but est de prendre femme, en suivant les instructions de sa mère : se rendre dans la famille de sa mère pour y épouser l’une des nièces de Rivka.

Les circonstances font que son retour prend du retard mais, dès ses engagements remplis, il décide de rentrer « au pays ».

La figure de Jacob est d’une dimension insoupçonnée. A la lecture de la péricope précédente – celle  de Toledot – on pourrait pratiquement penser qu’il n’a aucune personnalité mais, bien au contraire les lectures ésotériques sur ce personnage montrent à quel point il fut quelqu’un d’important et sans doute même le plus important des trois patriarches et ce pour plusieurs raisons : de même que Seth fut le premier être humain issu d’êtres humains, Jacob fut le premier Hébreu issu d’un Hébreu à part entière.

Le Zohar considère Jacob comme quelqu’un d’une beauté exceptionnelle, et, d’après toute la littérature midrashique, le portrait de Jacob est gravé sur le Trône céleste. Il est considéré comme le personnage le plus parfait qu’il ait été donné de voir après Adam dont la beauté, la perfection, la stature était immense au jour de la Création et diminuée après la faute originelle.

Jacob fut le père des 12 tribus permettant ainsi au programme de la Création de s’accomplir et de s’achever enfin car confirment les midrashim 12 fut le moule dans lequel furent conçues certains « piliers » du monde comme les 12 mois de l’année, les 12 signes astrologiques, les 12 heures du jour ou de la nuit ….

Les 12 tribus auraient dû naître chez Isaac mais, Rivka, gravement affectée par cette grossesse hors normes supplia HaShem de ne pas lui donner davantage d’enfants. Le report fut donc sur Jacob….

Sous prétexte d’amour débordant, les remontrances n’eurent point cours entre Abraham et Ishmaël ou entre Isaac et Esaü ce qui entraîna ces deux fils très aimés de leur père vers une mauvaise éducation, en dehors des dispositions de ce que fixe la Torah.

Isaac et Jacob élevés dans la Torah furent rigoureux dans leur foi et leur pratique. Jacob, seul sur sa route vers son oncle Laban reste fidèle à tout ce qu’il a étudié toute sa vie et davantage encore lors des14 années passées en yeshiva depuis l’épisode de la bénédiction d’Isaac à Jacob.

La nuit venue, Jacob s’apprête à passer la nuit en un lieu inconnu de lui. Il improvise une couche pour y passer la nuit et alors, il rêve……

Les années précédentes nous avons déjà analysé les divers commentaires sur ce songe si singulier de l’échelle à 4 degrés touchant le lieu où Jacob se repose et les cieux et ces anges qui montent et descendent…..

Nombreux sont les midrashim traitant de la nature de ces anges et de la raison pour laquelle ils montent et descendent et descendent et montent….

Certains y voient les quatre exils ou d’autres épisodes préfigurés ici, d’autres commentateurs reconnaissent parmi ces anges ceux qui étaient venus rendre visite à Abraham souffrant au 3ème jour de sa circoncision.  D’autres voient simplement parmi ces anges ceux qui contestaient la volonté du Tout Puissant de créer les hommes prétextant que ces êtres humains seraient des motifs de déception et de mécontentement d’HaShem car, immanquablement, dirent-ils, ces êtres inférieurs que seraient les êtres humains, désobéiraient, pêcheraient et se rendraient coupables d’orgueil, de duplicité et de bien d’autres actes déplaisants. Or, sur les côtés du Trône céleste orné de toutes sortes de gravures se trouvait le portrait de Jacob. N’en croyant pas leurs yeux ils montaient et descendaient pour s’assurer qu’il s’agissait bien là de Jacob !

De cette nuit passée sur l’emplacement du futur Beith HaMikdash, s’écoulèrent 20 longues années de la vie de Jacob loin de la maison familiale.

Tous les Sages s’accordent à dire que les habitants de Haran étaient des filous, des trompeurs… Jacob en fit l’expérience dès sa nuit de noces avec Léa qu’il crut être Rahel. Néanmoins, il ne resta pas moins fidèle à ses engagements. Jusqu’à la fin de ce séjour « à l’étranger » !

C’est sur cette terre que naquirent 11 des tribus d’Israël et sa fille Dina car, Benjamin (Binyamine), le 12ème enfant, naquit sur l’emplacement-même du Temple. Lors du retour en Canaan.

En arrivant devant un puits, en pleine journée Jacob voit des bergers assis devant une pierre. Jacob s’enquiert du lieu : les jeunes-gens le renseignent : il est bien arrivé à destination. Ils connaissent Laban et ils désignent même Rahel avec son troupeau.

Comment se fait-il qu’une jeune-fille soit bergère ? Et puis, pourquoi Rahel et pas Léa ou les deux ensembles puisqu’elles sont sœurs jumelles ? L’auteur de Oznayim la Torah, le Rav Zalman Sorotskine, précise que Léa avait les yeux fragiles[1] et c’est la raison pour laquelle elle devait rester à la maison.

Cependant, Jacob s’étonna du fait que la pierre obturant la source d’eau fût si imposante qu’il faille conjuguer les efforts de dizaines d’hommes pour la faire pivoter. Quant à lui, dans le désir d’aider, il bougea cette énorme pierre à lui seul, sans effort apparent.

Trois personnages bibliques ont été bergers : Jacob, Moïse et David. Les deux premiers ont eu des démêlés avec des bergers étrangers et ont aidé les deux-jeunes bergères à abreuver leur troupeau. Laban tout comme Jéthro n’avait pas de fils mais des filles ce sont elles qui étaient donc bergères.

HaShem est le berger de Son peuple. Pour diriger ce peuple, HaShem choisit ici-bas des personnages capables de conduire un troupeau avec patience, amour et avec force s’il en est besoin. Jacob, père de 12 tribus est susceptible de devenir l’ancêtre et le « fondateur » de cette grande famille que sont les « bené Israël ».

Quant à la présence du puits c’est une métaphore : l’eau, la source, le puits sont la Torah source de vie tout comme il n’y a pas de vie possible sans eau.

La présence d’un berger, de son troupeau et le fait qu’il fasse se désaltérer ces animaux sont, tout simplement, l’illustration du chef, sauvegardant son peuple et l’abreuvant spirituellement de la Torah sans laquelle rien n’est possible.

Encore un mot au sujet des prénoms choisis lors de la naissance des 12 fils de Jacob : Léa et Rahel nomment leurs enfants et les fils de leurs servantes : Zilpa et Bilha. Le nom du quatrième fils de Léa s’appelle Yéhouda. Ce nom est composé du Tétragramme et de la lettre Daleth, elle-même quatrième lettre de l’alphabet hébraïque. La signification en est que la présence du Tétragramme (donc d’HaShem) est parmi les hommes ou dans le monde ramené aux 4 dimensions/ ou au fait que le monde est subordonné aux 4 directions et/ou aux 4 éléments. La tendance actuelle étant de minimiser et d’ôter tout ce qui semble superflu, avec une légèreté incroyable, on supprime la lettre ‘hé ה’ qui est doublement présente dans le Tétragramme et, par conséquent, cette lettre qui à elle seule symbolise HaShem n’apporte plus sa berakha au nom propre qui a la chance de porter en elle ce signe distinctif.

Notre appartenance au JUDAïsme    יהדות  le fait que nous soyons YEHOUDIM nous rattache en droite ligne au nom de notre ancêtre YEHOUDA d’où l’importance du H…

Caroline Elishéva REBOUH.

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

[1] D’après certains Léa ayant appris qu’elle avait été « promise » à Esaü s’était répandue en pleurs amers au point que ses cils étaient tombés et ses yeux dépourvus du rempart offert par les cils étaient affaiblis.