POURIM aura lieu cette semaine et dimanche pour les habitants de Jérusalem. Le jeûne d’Esther aura lieu ce jeudi, pour tout le monde et la lecture de la meguila aura lieu jeudi soir et vendredi matin pour le monde entier et samedi soir et dimanche matin pour Jérusalem ce qui fait que toutes les mitsvoth de Pourim  en dehors de la lecture de la meguila devront se faire vendredi matin ou dimanche selon votre domicile.

Eu égard aux consignes sanitaires il est bon de s’entourer des conseils de la communauté pour ce qui concerne la lecture de la Meguila et pour les mishlohé manoth, je ne saurais dispenser de conseils, personnellement, au contraire des années précédentes, je n’enverrai que des produits manufacturés et emballés pour éviter les problèmes sanitaires.
Espérons que Mashiah se dévoilera prochainement et qu’HaShem aura pitié de Ses créatures en supprimant ce fléau.

Lorsque le peuple juif put sortir d’Egypte, de ce pays enfoncé dans l’impureté physique et morale, des « hartoumim » (sorciers/magiciens) devinaient et opéraient des prodiges ce qui permettait à Pharaon d’affirmer vigoureusement qu’il ignorait l’Eternel.

Après la sortie d’Egypte, Amalek surprit le peuple juif et l’attaqua sauvagement ce qui provoqua le commandement de toujours se souvenir de la duplicité et de la haine d’Amalek pour notre peuple et de s’en souvenir. Par la suite, Shaoul, le roi reçut l’ordre du Saint béni soit-IL  de détruire ces Amalécites, mais le roi des Juifs de l’époque n’accomplit pas l’ordre divin dans tous ses détails et une servant survécut et donna le jour à Agag ancêtre de Haman…

Comme on se retrouve direz-vous…. Effectivement…. Après que le Temple de Salomon fût détruit, et que les Judéens fussent exilés en Perse, régnait un souverain craignant HaShem[1]. Non pas qu’il LE craignît par dévotion mais, par sagesse, car il avait « entendu » dire ce qu’il était advenu du Pharaon d’Egypte et de Nabuchodonosor et il s’était tracé comme ligne de conduite de ne pas toucher à un cheveu d’un Juif.

Cependant, le premier ministre (en termes actuels) d’Assuérus, Haman, et sa femme Zéresh, étaient des descendants d’Agag.

Par ailleurs, Esther, à ce stade du récit, future reine de Perse et son oncle Mordékhay étaient, pour leur part, des descendants de Shaoul…..

Mordékhay était un érudit qui connaissait parfaitement 70 idiomes et il craignait D de toute son âme. Il avait eu  « connaissance » de l’ascendance d’Haman et il savait parfaitement l’enjeu qui se trouvait présentement à lui.

Esther, pour sa part, se nomme Hadassa, et son nom Esther fait allusion à la situation qui se trouve à ShoushanHaBira (Suse, la capitale).

En effet, les Juifs déportés en Perse et dans 127 autres provinces/Etats, avaient – comme toujours – éprouvé une attirance vers la civilisation des Persans qui les entouraient ; ils s’étaient assimilés en d’autres termes. HaShem était courroucé et IL S’était « éloigné » de Son peuple ou, en hébreu, Hester panim.

Haman et Zéresh animés de leur haine ancestrale des Juifs s’étaient livrés à la divination et, de manière à donner à leur machination une dimension officielle et nationale, Haman avait déjà tenté de convaincre Assuérus de donner son assentiment à l’ordre d’extermination le plus audacieux de l’époque. Ce qu’ils ignoraient c’est que HaShem déjà désolé de voir Son peuple s’éloigner avait déjà « signé » un décret funeste qui, pourtant, restait en suspens.

La raison de ce mauvais décret fut le banquet qu’Assuérus organisa en son palais sept jours durant à partir du 3 Tishri et se terminant le 10 Tishri ou, en d’autres termes, du jour du jeûne de Guédaliya jusqu’au jour de Kippour.

Les Juifs de Suse qui furent invités se rendirent à ce festin organisé par le roi de Suse, d’une part pour contenter leur souverain de chair et de sang mais sans se préoccuper outre mesure du fait que ce festin n’était pas « casher » d’aucune façon et que, d’autre part, les ustensiles du BeithHaMikdash, dérobés par Nabuchodonosor et ses factions, servaient à ce souverain et qu’auraient lieu des danses peu « tsenouôth » (pudiques). De plus, le 10 Tishri étant Kippour, jour désigné, par excellence, pour le repentir et faire un retour sur soi-même, aurait lieu l’apothéose de cet évènement sociétal que peu de gens avaient envie de « râter ».

Mordékhay, dont le devoir, pour protéger les Juifs, était de tourner dans la ville et d’écouter ce qui se disait entendit dire que………….

En effet, pendant les préparatifs du festin offert, Haman avait établi un projet : tuer et exécuter TOUS LES JUIFS.

Mordékhay se précipita au palais, revêtu d’un silice, et fit avertir Esther de ce qui se tramait. Il enjoignit sa nièce Esther d’aller présenter une requête au roi. Or, quiconque, fusse la reine, se présentait au roi sans y avoir été prié, risquait fort de passer de vie à trépas. Esther, consciente du rôle capital qu’elle devait remplir, mais aussi pleinement consciente du danger encouru, demanda à Mordékhay de demander au peuple entier de jeûner pour elle.

La différence dans la démarche est intéressante : en effet, le peuple ne jeûne pas durant 72 heures pour demander pardon à D. Il jeûne pour demander à l’Eternel de sauver leur reine ! Tout se passe comme si, la vie d’Esther était plus importante que leur vie à eux tous ! Et aussi pourquoi 3 jours de jeûne sans interruption ?

Trois jours sont 72 heures tout comme les 72 « noms » d’HaShem sous tous Ses attributs pour demander miséricorde. Mais de toute évidence, ces jours de pénitence permirent à un « processus » de se mettre en place : « erekhapayim » du Saint béni soit-IL ! C’est-à-dire qu’HaShem dans Son amour infini pour Son peuple retint le décret funeste durant douze années dans les cieux pour l’annuler en fin de compte en voyant le repentir sincère de Son peuple faisant appel à Sa Miséricorde….

Une question est posée : si pendant tant d’années Haman tenta d’atteindre à la vie de toute la communauté juive de Perse sans y parvenir comment réussit-il à convaincre le monarque? C’est qu’Haman s’appuya sur une divination qui lui avait montré la situation de « retrait » d’HaShem (hesterpanim) et il rassura ainsi Assuérus en lui promettant que rien de fâcheux ne lui arriverait puisque « le Gardien d’Israël dort »[2]. Malgré toute sa science (occulte) Haman ne savait pas que le Gardien d’Israël jamais ne sommeille ni dort : הנה לא ינום ולא ישן שומר ישראל (Psaumes 121,4). C’est sur cette assurance qu’Assuérus accéda à la demande d’Haman.

Le Zohar et le Arizal donnent un éclairage particulier à certains mots qui figurent dans la Meguila. Il existe des meguiloth imprimées mais, en vérité, il est préférable de lire l’histoire de Pourim lorsqu’elle est écrite sur parchemin casher et selon les règles de la sofrouth[3]. Et, une meguila de grand choix devra se distinguer des autres par le fait que chaque « page doit commencer par le mot ‘hamelekh » (le roi). Dans le sens littéral et pour la traduction, on comprend que « hamelekh » est le roi mais, étant donné que à certains autres endroits il est écrit explicitement « hamelekhahashvérosh » le Zohar et le Ari zal nous disent de comprendre que, lorsqu’il est inscrit ailleurs uniquement « hamelekh » il convient de penser qu’il s’agit d’HaShem.

Aussi, lorsqu’il est écrit dans la meguila « נדדה שנתו של המלך » (le Roi souffrit d’insomnie) il convient d’entendre au sens littéral qu »Assuérus a eu de l’insomnie mais, au sens caché il convient de comprendre qu’HaShem a été « réveillé » (touché) par les prières et le jeûne de Son peuple…….

Pourim tombe pendant le mois d’Adar. Le mois où les joies redoublent et doublent d’intensité.

Le Gaon de Vilna trace un parallèle entre Pourim et le Yom HaKippourim. Pourim est une fête dont le nom vient du mot « POUR » qui signifie sort (tirer au sort) et Yom HaKippourim dont le mot vient de « kappara » (rachat par expiation) pourtant, phonétiquement, ces mots se ressemblent et il pourrait être possible d’entendre que Kippour est « ké pourim » c’est-à-dire : comme Pourim….

Pourim est désigné comme une fête ce qui implique un plaisir pour l’homme et un plaisir pour D (plaisir de voir Ses créatures accomplir des mitsvoth et prier).

Yom HaKippourim est aussi considéré comme une fête mais d’un genre particulier car il est interdit de se délecter de mets ou de boissons mais la journée est entièrement dédiée et concentrée ou vouée à notre dévotion envers HaShem et de tenter de se remettre en question et de « redresser la barre »… Seulement voilà, le Zohar « souffle » un rémez (allusion) Lorsque se révèlera le Mashiah, le mauvais penchant (yetserhara) n’existera plus, nous n’aurons donc plus de fautes à expier !!!

Dans  certains  milieux on considère que boire du vin ou des boissons alcoolisées constitue une « mitsva » : celle de confondre « arourHaman » et « baroukhMordékhay » mais c’est un leurre et il est vivement conseillé de boire avec BEAUCOUP DE MODERATION… Il convient simplement de boire jusqu’à être obligé de marquer un temps avant de parler, de prononcer seulement quelques mots (voir le Rambam) et surtout ne pas arriver ni à se mettre en danger soi-même ni mettre les autres en danger.

Ne pas oublier les 4 Mitsvoth de Pourim (elles commencent toutes par un Mem : Meguila, MishloahManoth, MatanotlaEviyonim et le Mishté…Joyeux Pourim !

Caroline Elishéva REBOUH.

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

[1] Assuérus ou Ahashvérosh en hébreu.

[2] Certains commentateurs appuient leurs commentaires sur un verset de la Meguila où il est écrit : ישנו עם אחד ומפוזר c’est-à-dire « il y a un peuple dispersé » le mot hébraïque yeshno est une déclinaison du mot « yesh » il y a mais, Haman aurait pensé qu’il s’agit du verbe yashen : dormir.

[3] La sofrouth est l’art du sofer (scribe). Il existe un certain nombre de règles auxquelles ce scribe doit se soumettre.