PARACHAT PINHAS 5781VENDREDI 02 juillet 2021 – Horaires Ashdod : Entrée 19 h 30  – Sortie : 20 h 33

POUVOIR FAIRE SES PREUVES

Shimon et Lévy ont été les deux frères qui se sont battus et qui ont pris sur eux le devoir de faire respecter l’honneur de la famille. Pourtant, dans la sidra de Balak, la famille (tribu) de Shimon a été déshonorée par la conduite de Zimri ben Salou de la tribu de Shimon et c’est Pinhas, le « fou de D », de la tribu de Lévy, qui a « vengé » l’honneur de tout un peuple en plantant sa lance sur les fautifs à l’endroit-même de l’acte répréhensible. Et, il avait vu juste, puisque, grâce à cet acte, le fléau cessa définitivement.

Pinhas est rattaché à sa famille par son père, car, il est écrit : Pinhas fils d’Eléazar, fils d’Aharon HaCohen mais, les détracteurs citent le grand-père maternel pour le faire redescendre dans l’estime de ses congénères : le fils de la midianite ou bien encore le fils (petit-fils) de Pouti (Jéthro avait 7 noms dont Poutiel). Ces mêmes détracteurs commettant une faute grave car Jéthro s’était converti et Tsipora femme de Moïse l’était aussi et sa sœur qui épousa Eléazar l’était également sinon elle n’aurait pu épouser celui qui devint grand Prêtre en succédant à son Père premier Cohen Gadol. Le mariage eut lieu avant que ne fussent promulguées les lois concernant le mariage des prêtres.

Pinhas avait hérité de l’un des traits de caractère de son aïeul Aharon qui poursuivait la justice et la paix…, Pinhas aimait la paix et ne rêvait que de voir la paix régner sur le peuple et sur le monde, le mot PAIX = SHALOM étant l’un des noms d HaShem, l’idéal du fils d’Eléazar était de voir enfin l’harmonie régner sur le camp.

Cet élan d’amour et d’attachement à l’Eternel vaudra au zélateur une récompense immense : la descendance de Pinhas s’illustrera par des Grands Prêtres et ce n’est pas tout : il jouira d’une longévité exceptionnelle car, d’après le Tanakh (Bible) il vivra près de 400 ans ou jusqu’au Juge Yftah ! et non seulement cela, mais la Tradition enseigne qu’ Eliahou Hanavi (Prophète Elie) n’est autre que la réincarnation de Pinhas auquel cas celui-ci est toujours vivant et sa tâche sera, le moment venu, d’annoncer la venue du Mashiah !

La valeur numérique du nom Pinhas est  208 soit la même que celle du nom du patriarche Isaac, lui aussi épris de Justice/Rigueur. Cet attribut a-t-il pu parvenir du Patriarche jusqu’à l’arrière-arrière-arrière-petit-fils ? Sans aucun doute. Cependant qu’apparemment pour être pleinement agréé, Pinhas fut donc obligé de passer par cette épreuve de Zimri et Cozbi.  La ressemblance entre Isaac et Pinhas ne s’étendit pas à la forme mais uniquement au fond : en effet, lors de la ligature d’Isaac, le don d’Isaac atteignait son moi tandis que pour Pinhas, le don de soi (car s’il n’avait pas agi avec justesse il aurait pu être tué par ses semblables) était tourné vers l’extérieur : il devait prouver à ses semblables qu’on ne badine pas avec la loi. L’amour de D ici est si immense qu’il craint s’il n’agissait pas de blesser l’Eternel  en ne respectant pas la Loi !

La stature de Pinhas et celle du prophète Elie sont comparées au point que l’on dise que Pinhas est Elie (ou le contraire) or Elie est un Ange (mal’akh). Elie, pour avoir douté de l’attachement des Juifs à l’alliance de la circoncision (Brith Mila) a été « condamné » à assister à toutes les cérémonies/actes de circoncision de par le monde. Dans cet acte que l’on pourrait qualifier d’hérétique, Pinhas visa le bas-ventre de Zimri et celui de Cozbi pour plusieurs raisons car, d’une part, pendant la traversée du désert les hommes ne furent pas circoncis (abandon de l’Alliance) et, cette circoncision est sensée préserver les hommes de perversion et de non observance des commandements régularisant les rapports intimes, d’autre part, d’avoir embroché les deux personnes au moment critique permit d’éviter toute controverse. Cet élan enflammé sur les bené Israël est donc comparable à l’élan d’Elie contre les enfants d’Israël parfois tièdes sur la circoncision.

Cette péricope est assez longue puisqu’elle comporte tout un chapitre sur les différentes solennités qui jalonnent le calendrier hébraïque.

Puis, suivent des versets évoquant la personnalité de femmes hors du commun : Sérah, fille de l’épouse d’Asher et adoptée par son beau-père (parâtre), qui jouissait d’une fibre prophétique et qui, par une immense délicatesse, faisait comprendre à Jacob que Joseph était encore en vie. Sérah est entrée vivante au Gan Eden.

Puis il est question de Yokhéved, mère de Myriam, d’Aharon et de Moïse. Yokhéved était la 70èmeâme du groupe qui descendit de Canaan en Egypte avec Jacob à sa tête pour y retrouver Joseph. Yokhéved n’était pas encore née mais elle était déjà importante au sein du peuple juif puisqu’elle serait la mère de trois personnages d’une importance capitale. Yokhéved fut Shifra l’une des deux sages-femmes qui se pressaient au chevet des femmes juives accouchant en Egypte (la seconde du nom de Pouah était Myriam). Yokhéved entra dans le pays de Canaan sans son mari ni ses trois enfants à l’âge de 250 ans. Elle est enterrée à Tibériade avec sa belle-fille Tsipora et avec les concubines de Jacob Bilha et Zilpa et Elisheva l’épouse d’Aharon.

Mais ce n’est pas tout : les filles de Tselofhad réclamèrent leur part d’héritage terrien étant donné que leur père était mort sans laisser de fils mais bien 5 filles. Tselofhad appartenait à la tribu de Menashé (ou petit-fils de Joseph). Leur « combat » (une sorte de plaidoirie bien tournée eut gain de cause et dorénavant les descendances ne comportant pas de mâles pouvaient être bénéficiaires d’un héritage terrien. Mahla (celle qui pardonne du nom méhila = pardon), Noâ (celle qui est en mouvement du verbe lanouâ bouger/mouvoir), Hogla ou perdrix, Milka ou reine, et Tirtsa qui est une ville cananéenne devenue juive par la suite sont les noms de ces cinq femmes dotées d’un caractère très affirmé.

A propos des filles de Tselofhad, Rashi souligne que dans la faute du veau d’or, les femmes n’ont pas participé directement mais leurs maris leur arrachèrent les bijoux en or que les femmes possédaient parfois avec tant de zèle qu’ils tranchaient doigts ou oreilles pour s’approprier bagues ou boucles d’oreilles afin d’offrir rapidement tout l’or possible pour ériger le veau d’or. Ces cinq filles pensèrent qu’il leur appartenait de réparer les erreurs de leurs prédécesseurs et, au contraire, elles offrirent leurs bijoux et leurs biens les plus précieux pour l’érection du  Beith HaMikdash.

Les filles de Tselofhad, en tenant absolument à sauvegarder l’avoir de leur père, signifièrent leur volonté de réparer les fautes commises et de donner des preuves d’attachement au pays que D désirait donner aux Enfants de Jacob.

Ce cas fit jurisprudence pour la suite du droit des successions.

Tselofhad était un homme qui n’avait pas voulu se plier aux lois et s’était approché de trop près du Mont Sinaï pour ramasser du bois enseigna Rabbi Akiba et, il était mort pour sa propre faute mais n’avait pas entraîné d’autres fauteurs avec lui. Ses actes n’ont entraîné que lui vers sa propre perte.

Caroline Elishéva REBOUH

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov