PARASHAT KI TAVO 5781 VENDREDI  27 Aout 2021 – Horaires Ashdod :
Entrée 18 h 51 – Sortie : 19 h 48

MERITER D’ETRE UN « BEN OLAM HABA »

Dans la lecture de la beraïta de l’encens (KETORETH), est cité un passage de labguemara Meguila dans lequel est cité Rabbi Eliahou qui enseignait que celui qui révise les halakhoth chaque jour est assuré d’être un « BEN OLAM HABA ».

Que veut-on nous apprendre par ceci ?

A la lumière de l’histoire juive et de celle des exégètes célèbres qui aident les étudiants que nous sommes tous, nous allons faire un petit tour du côté des exactions commises par les différents envahisseurs de la Judée et surtout des Grecs.

Mais, par ordre chronologique, nous allons tout d’abord évoquer la période pendant laquelle vivait Ezra le prophète (Ezra le Scribe/Sofer). Du temps de l’exil et du retour  en Judée, après l’exil de Babylone provoqué par Nabuchodonsor, on lisait chaque shabbat la Torah mais, les sections hebdomadaires étaient différentes car, lire toute la Torah prenait 3 années complètes !!!

Cependant, dix ou quinze jours avant Rosh HaShana, on sortait un sefer Torah ouvert justement à la section nommée aujourd’hui « KI TAVO » qui contient pas moins de  98 malédictions !!

De nombreux exégètes s’interrogent sur cette habitude : pourquoi attrister le peuple et lui faire peur avant Rosh HaShana ? La réponse nous est fournie par le Rambam (Maïmonide) : on lit ces malédictions en cette période parce que nous nous trouvons en une période propice à la repentance et, en conséquence il est bon que le peuple soit admonesté pour qu’il prenne conscience du fait que nous sommes les dépositaires de la Torah et que nous avons promis de l’appliquer et, ajoute le grand philosophe de Cordoue, de le faire dans la joie.

Pourquoi parle-t-on de joie, alors qu’il est question de période redoutable ? alors qu’il s’agit du « YOM HADIN » qu’est Rosh HaShana ? C’est à ce moment de la réflexion que l’Histoire fait un clin d’œil : en effet, à proximité de Rosh HaShana, les Juifs apportaient des « offrandes » de bois pour les sacrifices au Temple et ce pour toute l’année de plus ils apportaient aussi des prémices (bikourim) au Temple, mais, les envahisseurs (les Grecs à cette époque) avaient interdit ces offrandes car, ils avaient constaté que ceux qui venaient présenter ces offrandes se réjouissaient vraiment de cet acte.  Que convenait-il de faire pour « contourner » ces interdictions ?

Les Juifs à l’époque, s’ingénièrent à trouver des moyens d’aller au Temple sans attirer l’attention des envahisseurs et, au lieu d’emporter de simples corbeilles de fruits, ils pensèrent à recouvrir les premiers fruits de leurs vergers de fruits secs et pas très beaux prétextant qu’ils devaient écraser ces figues sèches (par exemple) pour en confectionner des gâteaux et les gardiens laissaient ainsi passer les bikourim que l’on débarrassait plus loin des fruits séchés. Quant à l’offrande du bois, avec des branchettes, les Juifs confectionnaient des échelles légères et, aux gardiens qui voulaient savoir à quoi devaient servir ces « outils »  les Juifs prétextaient qu’ils voulaient déloger dans les arbres les nids d’oiseaux pour en prendre les œufs puis, arrivés à proximité du Temple ils démontaient les échelles pour présenter le bois aux Cohanim. Les jeunes-gens étaient d’une joie inégalable car ils purent ainsi présenter leurs offrandes au Temple sans en être empêchés par les gardes grecs qui veillaient au « bon ordre » !!!

Une grande partie des exégètes de la Torah ont essayé de trouver pourquoi les jeunes-gens qui venaient à Jérusalem tenaient tant à se réjouir : il est écrit à propos de Souccoth qu’il faut être joyeux mais nulle part ailleurs il n’est question de joie avec tant d’insistance !!!  Il est question de se réjouir lorsqu’à la veille de l’année shabbatique on offre le ma’asser âni destiné à la veuve, à l’orphelin, à l’étranger et aussi bien entendu aux Léviim… et aussi lorsqu’on offre le ma’asser shéni dont les récipiendaires sont à peu près les mêmes personnes. Rashi expose son impression que nous retrouverons plus bas encore et, pour sa part, le Kli Yakar, exprime le fait que l’expression « mémaôn kodsho » ממעון קדשו (depuis le siège de Sa Sainteté) désigne l’un des 7 cieux et particulièrement celui où règne la joie générée par le partage du ma’asser sheni qui permet à celui qui offre ce ma’asser de s’élever spirituellement et qui favorise l’augmentation de la crainte révérencielle de D. ce qui, entraîne une augmentation de l’Amour du Créateur et permet de déborder de joie. C’est aussi l’opinion de Sforno….

Ainsi, la recherche de la joie n’est pas quelque chose qui est inscrit dans les lignes de la Torah mais quelque chose que l’on ressent grâce à cette élévation spirituelle obtenue par l’accomplissement d’une mitsva par crainte de D mais surtout par Amour du Créateur.

L’énumération des 98 « malédictions » contenues dans KI TAVO est faite en ce moment de l’année où justement nous devons faire notre examen de conscience, où nous devons faire le bilan de ce que nous avons fait de bien, de ce que nous n’avons pas fait et de ce que nous aurions pu mieux faire et que se termine cette année qui se termine en emportant avec elle ses malédictions et que cette nouvelle année qui s’annonce nous inonde de bénédictions….

En ce cas, si Rosh HaShana est une solennité « redoutable », un jour de jugement, pour quelle raison tremble-t-on ? Pourquoi nous habillons-nous de blanc d’une part et d’autre part, sommes-nous joyeux, mangeons-nous et buvons-nous ???? le « Tour », célèbre exégète, répond très simplement : nous sommes les Enfants de l’Eternel, et nous sommes confiants en Sa Bonté et en Sa Justice et nous savons qu’IL usera de Miséricorde à notre encontre car nous sommes Ses Fils.

Cependant, souligne Maïmonide, nous ne lisons pas le Halel ce célèbre cantique que nous entonnons en tout ou partie pour Rosh Hodesh ou pour les fêtes dites de Pèlerinage et pourquoi pas à Rosh HaShana ou pour Kippour ? Le Midrash vient à la rescousse pour nous faire comprendre qu’HaShem dit : les registres des Vivants et des Morts sont devant Moi comment aurais-JE le cœur d’entendre des chants d’allégresse dans ces conditions ?

La Guemara de pessahim rapporte les paroles que le Roi David chante sur son luth, paroles empreintes de crainte et d’amour : ani yaréti mitokh simhati, vessamahti  mitokh yirati, veahavati âleta âl koulam  (j’étais empreint de crainte tout en me réjouissant, et je me suis réjouis tout en craignant et ma joie a coiffé tous ces sentiments). Maïmonide insiste : Rosh HaShana et Kippour sont des jours de repentance !!! A nous, êtres humains d’en être conscients…

Maïmonide reprend l’ordre des tefiloth et des 100 sonneries de shofar que nous devons écouter pour Rosh HaShana (à noter pour ceux qui ne peuvent se rendre à la synagogue : il existe des bénévoles et surtout chez les Loubavitch qui se dévouent pour se rendre au domicile des personnes isolées ou malades ne pouvant se déplacer pour sonner du shofar chez eux !!! Rendons hommage à tous ces bénévoles !!!

Après les sonneries, le fidèle récite : « ‘hayom ‘harat olam » (le mot ‘harat vient du mot ‘horouth être parent = aujourd’hui le monde est né – rappelez-vous Rosh HaShana est l’anniversaire de la Création du monde -).  Et, un peu plus loin nous récitons aussi que nos yeux sont suspendus au Créateur et Maître de toute chose que nous venions Le supplier entant que FILS ou en tant qu’esclave et nous LE prions de nous répondre positivement avec Miséricorde.

Pourquoi évoquons-nous deux sortes d’approche chacune des deux étant empreinte de respect et de crainte mais aussi d’amour car, nous pouvons nous conduire avec amour comme celui dû aux parents en tant que fils aimants ou en tant qu’esclaves craignant. L’esclave accomplissant son devoir envers son maître car il y est contraint et n’en fait pas plus que ce qu’on lui demande ou le fils qui cherche à satisfaire son père/sa mère et tente d’en faire davantage pour prouver son amour filial.

Mais, le fils c’est autre chose c’est aussi celui qui cherchera à embellir son approche à la Torah, aux mitsvoth. Le fils ou ben en hébreu : valeur numérique : 52 cherche à prouver qu’il ne ménage pas sa peine pour satisfaire son D. Le Tétragramme est d’une valeur numérique de 26 et le fils (52) cherche par son amour et sa crainte de D de réjouir l’Eternel et la Création tout entière sans se soucier du salaire qu’il recevra le moment venu et c’est ainsi qu’il devient BEN-OLAM HABA.

Puissions-nous avoir tous le mérite de nous réjouir et de voir bientôt la Rédemption et jouir de ce monde futur dont les Pères assurent que chaque Juif aura une part au monde futur : sans préciser de quelle taille sera cette part à nous de la tailler par nos actes et notre générosité et notre amour du prochain et des mitsvoth de la manière la plus large possible.

Caroline Elishéva REBOUH