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« Le jour où je me suis vraiment aimé » (2/2) par Rony Akrich

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L’amour de soi renvoie à la spontanéité dans ce qu’elle a de vital. Tout être vivant tend à persister dans son être c’est-à-dire à poursuivre ce qui contente ses besoins et ses désirs et à fuir ce qui menace sa croissance. C’est là sa propension spontanée et son inquiétude majeure. C’est dire qu’il ne se contente pas d’éprouver l’ambition de s’entretenir mais il y prend intérêt. Chaque personne étant chargé particulièrement de sa propre conservation, la première et la plus importante de ses attentions est et doit être de se protéger sans cesse, et comment y veillerait-il ainsi s’il n’y prenait le plus grand intérêt? L’amour de soi est donc une diligence à l’endroit de son être. La vie étant le bien propre de chacun, rien n’est plus naturel et légitime que de veiller à la sauvegarder et à la déployer sous forme heureuse.
S’aimer soi-même souffre d’avoir le souci de soi, d’aspirer à son propre bonheur, de poursuivre toutes choses en vue de son accomplissement. Or n’est-il pas sain que chacun aime sa vie et tout ce qui l’épanouit? Si ce n’était pas le cas il faudrait faire l’apologie de la haine de soi et on ne voit pas qui pourrait raisonnablement s’y employer. On ne peut rien fonder de bon sur la haine. Celui qui se hait ne peut ni aimer les autres ni être heureux et encore moins être moral. La haine engendre la méchanceté et ne peut se justifier. Il n’y a en effet rien à haïr en soi pour qui se projette librement dans l’existence. L’amour de la vie, l’amour de ce qui l’épanouit sont le signe d’une âme en accord avec la nécessité de sa nature tandis que la tristesse, la souffrance témoignent de son impuissance. Tout ce qui affirme la vie est un bien. La raison ne veut rien contre la nature, elle se préoccupe seulement de dénoncer ce qui la mutile, la diminue aux dépens de ce qui l’augmente.
« La tradition judéo-chrétienne enseigne le moi haïssable, le je indéfendable, elle oblige au travestissement et à la haine de soi, sinon à la fâcherie avec soi. Je ne vois pas quelles bonnes raisons il y aurait à se détester, à ne pas s’aimer. Maintenant, je n’en vois pas plus à s’adorer, se vénérer, prendre un plaisir absolu à soi. Le narcissisme que je trouve indéfendable est celui-ci : le plaisir excessif pris à soi-même, l’amour inconsidéré de soi. Entre haine de soi et adulation de soi, il y a place pour ce que Foucault appelait un souci de soi. » (Michel Onfray ou le ton libertaire par Sébastien Charles dans « horizons philosophiques »)

Chacun peut, en effet, percevoir en lui de nobles élans, un sens de ce qui est élevé et gracieux, un goût de l’infini, une disposition à s’oublier soi-même pour mieux s’accomplir dans l’exigence spirituelle et morale. C’est par là que l’homme peut légitimement s’estimer. Il y a en lui un achèvement objectif. Descartes l’appelle le libre arbitre ou la capacité de disposer de ses volontés; la tradition avec Socrate la nomme l’âme. La perception de ce fondement de précellence à soi fonde l’estime de soi et on ne voit pas comment les plus nobles vertus seraient possibles sans ce ressort affectif.
Nul n’est plus enclin à se conduire de manière méprisable que l’homme qui se méprise. Or les menées aménagées au seul ravissement du moi, surtout si elles vont de pair avec l’indignité morale suscitent le mépris de soi-même. Elles ne peuvent être source de contentement de soi-même, ne serait-ce que parce qu’elles attisent le mépris des autres et que l’intersubjectivité est plus naturel que la subjectivité.
Non seulement l’égoïsme est incompatible avec les vertus morales et politiques mais il ne doit même pas être confondu avec l’individualisme car se savoir et se vouloir un individu ou un sujet autonome ne signifie pas, par principe, se prendre pour un centre et pour un tout. Au contraire, seul peut aspirer à l’autonomie un être de raison et la raison enseigne à chacun de se mettre à sa place dans l’ordre des choses.
« En ce sens je revendique, en effet, un narcissisme singulier : celui qui suppose qu’on soit capable de travailler à soi, à l’élaboration, la construction et l’échafaudage de soi, sans hypertrophie, en sachant qui l’on est, ce que l’on est, comment on peut agir sur soi, etc. C’est, bien sûr, l’antique projet socratique du «Connais-toi toi-même». Des siècles de discrédit du moi et du je, du corps et de soi sont à dépasser, mais sûrement pas au profit de l’excès inverse qui supposerait une vénération de soi telle que l’hédonisme consumériste, libéral et marchand le propose. » (Michel Onfray ou le ton libertaire par Sébastien Charles dans « horizons philosophiques »)
L’amour de soi bien assimilé inclut l’amour du tout dont on est un élément. Comment pourrait-on s’accomplir dans la perfection de sa nature sans la coopération avec les autres hommes dans de solides liens d’amitié et de justice et sans l’intérêt pris à la préservation de notre mère nourricière, la terre? Les stoïciens montrent ainsi que chez l’homme de raison le souci de soi se prolonge naturellement en souci de la totalité dont il fait partie. Seule l’inconscience peut laisser croire qu’on ne se menace pas soi-même lorsqu’on porte atteinte aux droits des autres. L’injustice produit le conflit, la guerre; la haine, la jalousie, l’envie sont des passions tristes affaiblissant ceux qui les éprouvent.
L’homme ne s’épanouit que dans la joie et celle-ci requiert la paix et l’amitié. Christian Bobin dit cela poétiquement dans son livre « Le Très bas »: là encore il suffit de remplacer Dieu par le tout:
« L’amour de soi est à l’amour de Dieu ce que le blé en herbe est au blé mûr. Il n’y a pas de rupture de l’un à l’autre juste un élargissement sans fin, les eaux en crue d’une joie qui, après avoir imprégné le cœur, déborde de toutes parts et recouvre la terre entière ».
Si l’opinion que vous avez de vous-même est défavorable ou dévalorisante, il y a peu de chance pour que votre vie soit riche et harmonieuse. Alors ne vous laissez pas persuader que vous ne valez rien et que vous êtes inutile, ou que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue parce que vous ne rendez service à personne. Nombreux sont ceux qu’une mauvaise «programmation» a amenés à penser qu’ils étaient indignes et qu’ils ne méritaient pas d’être heureux. Nous avons tous vécu de nombreuses formes d’existence et de multiples empreintes douloureuses ont marqué notre corps émotionnel.
Bien souvent, avons-nous été victimes des effets négatifs du manque d’amour pendant notre enfance. Ainsi, l’esprit en garde le souvenir jusqu’à ce qu’il lui soit permis de l’évacuer. Il faut donc commencer par soi-même, prendre un bain d’amour. La bienveillance que nous pouvons ressentir pour nous-même sera déterminante pour pouvoir la partager ensuite avec autrui. Si vous vous sentez abandonné à un triste sort, ou pas assez entouré, alors faites tout ce que vous pouvez pour vous donner de l’attention et de l’amour. Vous avez le choix de vous libérer de tous vos fardeaux et de toutes les misères que vous portez depuis si longtemps. Réconciliez-vous avec tous les aspects de votre histoire de vie et considérez toutes les épreuves que vous avez traversées comme étant bénéfiques.
« Nous ne devons pas avoir peur de nous regarder en face. Du chaos naissent les étoiles. » Merci Mr Charlie Chaplin.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai compris qu’en toutes circonstances, j’étais à la bonne place, au bon moment. Et, alors, j’ai pu me détendre. Aujourd’hui je sais que cela s’appelle … Estime de soi.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle, n’étaient rien d’autre qu’un signal quand je vais contre mes convictions. Aujourd’hui je sais que cela s’appelle … Authenticité.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai cessé de vouloir une vie différente et j’ai commencé à voir que tout ce qui m’arrive, contribue à ma croissance personnelle. Aujourd’hui je sais que cela s’appelle … Maturité.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai commencé à percevoir l’abus dans le fait de forcer une situation ou une personne, dans le seul but d’obtenir ce que je veux, sachant très bien que ni la personne ni moi-même ne sommes prêts et que ce n’est pas le moment … Aujourd’hui je sais que cela s’appelle … Respect.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai commencé à me libérer de tout ce qui ne m’était pas salutaire, personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie. Au début, ma raison appelait ça de l’égoïsme. Aujourd’hui je sais que cela s’appelle … Amour propre.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai cessé d’avoir peur du temps libre et j’ai arrêté de faire de grands plans, j’ai abandonné les méga-projets du futur. Aujourd’hui je fais ce qui est correct, ce que j’aime, quand ça me plaît et à mon rythme. Aujourd’hui je sais que cela s’appelle … Simplicité.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai cessé de chercher à toujours avoir raison, et me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé. Aujourd’hui j’ai découvert … l’Humilité.
Le jour où je me suis vraiment aimé, j’ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l’avenir. Aujourd’hui je vis au présent, là où toute la vie se passe. Aujourd’hui je vis une seule journée à la fois. Et cela s’appelle … Plénitude.

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