A picture taken on December 20, 2019, shows Christmas preparations in the northern Arab-Israeli city of Nazareth. (Photo by MENAHEM KAHANA / AFP)

Sur le marché de Noël de Nazareth, de nombreux juifs israéliens admirent un immense sapin et les nombreuses décorations lumineuses, petit goût d’exotisme au moment où les voyages à l’étranger sont vivement déconseillés voire interdits pour cause de coronavirus.

Plus grande ville arabe d’Israël et haut lieu de la chrétienté, Nazareth accueille habituellement à l’approche des fêtes de fin d’année des foules de pèlerins qui visitent notamment la basilique de l’Annonciation où, selon la tradition chrétienne, l’archange Gabriel a annoncé à Marie qu’elle donnerait naissance à Jésus.

Mais l’Etat hébreu a promptement refermé ses frontières aux touristes en novembre pour lutter contre la circulation du variant Omicron. Dans le même temps, il a interdit aux citoyens d’aller dans une cinquantaine de pays.

« Nous ne voyageons pas en ce moment à cause du coronavirus », explique Roni Harari, tout en jetant un œil attendri à ses enfants qui savourent une gaufre belge sur le marché de Noël. « Ici on se sent un peu comme à l’étranger ! », poursuit la psychologue venue de Haïfa, une autre grande ville du nord.

Pour Aziz Banna, un guide touristique de Nazareth, « ce n’est pas le Noël espéré ».

« Mais l’ambiance est géniale, de nombreux Israéliens juifs viennent », se réjouit-il. « Nous sommes contents, même s’il n’y a pas de tourisme étranger ».

Communication

Après être longtemps passée sous les radars des promoteurs touristiques israéliens, la ville de Nazareth, qui compte 78 000 habitants – une majorité de musulmans et un quart de chrétiens – est au cœur d’une campagne de promotion, explique Sharon Ben Ari, directeur du tourisme à la mairie.

La municipalité et le gouvernement ont surtout investi dans la communication à l’approche de Noël en publiant un guide de plus de 100 pages en hébreu et en lançant un site internet destiné aux juifs israéliens.

Avec 10 000 visiteurs par jour et des recettes du tourisme estimées à 50 millions de shekels (environ 14 millions d’euros), c’est un Noël « particulièrement réussi », se félicite Sharon Ben Ari, notant toutefois que cela ne permettrait pas de couvrir quasi deux années de pertes dues au coronavirus.

Bassam Hakim, qui a ouvert en 2015 un hôtel de luxe dans la maison que sa famille détient depuis trois générations, relève que les juifs israéliens ont toujours eu un attrait pour les célébrations de Noël mais que cette année est particulière.

Une semaine avant le week-end de Noël, six de ses dix chambres étaient occupées, une bénédiction en temps de pandémie.

Seul bémol : les touristes locaux « ne viennent que le week-end. Nous sommes au chômage les cinq autres jours », regrette l’hôtelier de 36 ans.

Connexion

A deux pas de la vieille ville, son oncle Bishara Hakim a lui aussi vu affluer les Israéliens.

Gardien de l’église grecque orthodoxe de l’Annonciation, il estime que 90 % des visiteurs de décembre étaient juifs et regrette que « la majorité d’entre eux » ne « se sentent pas connectés à l’église ».

« Ils viennent, ils visitent, et ils s’en vont », explique-t-il.

Dans la galerie Baqees, ouverte en 2020 pour « promouvoir et aider les artistes arabes », la peintre Fatima Abou Roumi regrette que tous ces visiteurs ne passent pas la porte de sa boutique, pourtant situé à côté du grand sapin de Noël où se presse la foule.

L’atmosphère festive de la grande ville de Galilée contraste avec celle d’un autre cœur battant de la chrétienté en Terre sainte, Bethléem, ville palestinienne de Cisjordanie où on s’apprête une nouvelle fois à fêter Noël dans la morosité.

L’Etat hébreu a annexé certaines parties de la Cisjordanie en 1967 et en contrôle toutes les entrées. En conséquence, les touristes interdits de visite en Israël le sont aussi côté palestinien, et Bethléem, lieu de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne, voit ses hôtels et ses commerces désertés.

Et les Israéliens ayant interdiction de se rendre dans ce secteur de la Cisjordanie contrôlé par l’Autorité palestinienne, Bethléem ne peut prétendre au même boom que Nazareth.

Pourtant, l’histoire de Noël « commence à Nazareth et se poursuit à Bethléem », note Aziz Banna.