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“Au revoir Tsahal”, les adieux d’un soldat immigré de France à l’armée israélienne

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Lorsque l’on termine son service militaire, les émotions se bousculent. La joie de retrouver la liberté se mêle à la tristesse de quitter des jeunes devenus notre famille. Moi, c’est la gorge nouée et une boule au ventre que j’ai rendu mon uniforme. Il y aurait beaucoup à dire, mais je voudrais parler du sens de notre travail. L’armée israélienne m’a changé. 

Il y a environ deux ans, lorsque j’ai commencé les procédures pour entrer à l’armée, la plupart de mes amis, surtout les Israéliens, me conseillaient d’abandonner. Ils pensaient que faire l’armée à 25 ans, à un âge où je pourrais trouver un travail et gagner ma vie, serait une erreur. Mais au fond de moi, j’avais la conviction que je devais passer une période en uniforme.

Soldats prêtant serment à Tsahal
Soldats prêtant serment à Tsahal

Porter l’uniforme a été une source de fierté. Comme beaucoup d’autres soldats non-combattants, j’ai fait mes classes dans la base de Nitzanim, près de la bande de Gaza. Là-bas j’ai prêté serment à l’armée israélienne. Cette nuit de février 2012 au cours de laquelle nous avons prêté serment, j’ai regardé tout autour de moi. J’ai regardé tous les soldats de ma compagnie au garde-à-vous, une arme dans une main, un livre de prière dans l’autre, le béret sur la tête pendant que un à un, nous devenions soldats de Tsahal au son de la chanson « Nishba » (« Je le jure »). C’était peut-être ridicule et anodin pour certains, mais pas pour moi. Pendant la cérémonie, des souvenirs me sont revenus à l’esprit. J’ai pensé à Ilan Halimi, à tous ces moments où j’ai eu peur de dire que j’étais juif à l’école. Je me suis regardé en uniforme, avec dans une mes mains une arme qui avait servi à des centaines d’autres avant moi et des larmes ont rempli mes yeux.

J’ai pensé aussi à mes camarades d’université qui devaient probablement être au cours de cette même soirée dans leurs beaux et chauds appartements à Paris et j’ai senti que j’étais au bon endroit au bon moment. J’avais beau avoir dormi en plein hiver dans des tentes et m’être levé à 5 heures du matin pour obéir à des ordres ridicules, je sentais que j’avais pris la bonne décision. Quelques jours après cette cérémonie, un terroriste est descendu de sa moto à Toulouse et a tué des enfants dans une école juive…

Avec plusieurs soldats français de mon unité nous nous sommes rendus, en uniforme, à leur enterrement à Jérusalem. Je n’oublierai jamais cette image : le corps de ces victimes dans des draps et autour de moi des dizaines de soldats, parfois armés, qui ont immigré de France et qui ont ressenti le besoin de venir à ces funérailles. Pour chacun d’entre nous, être là, en uniforme, était notre réponse à l’antisémitisme.

J’aurais voulu que tous les soldats se souviennent d’une chose : servir Tsahal est une chance.

Ceux qui ont vécu l’Opération Pilier de Défense contre le Hamas en novembre se souviennent sûrement de ce sentiment qui nous habitait, cette sensation que nous servions un intérêt supérieur au nôtre : Israël. Quelque chose a changé pour moi au cours de cette opération. L’armée est devenue ma famille. Je préférais dormir entassé avec d’autres soldats sur le sol plutôt que de rentrer chez moi, parce qu’à l’armée je me sentais en sécurité, parce qu’à l’armée je sentais qu’on nous protégeait. Nos commandants étaient parfois plus jeunes que nous et pourtant ils étaient en charge de nos vies. Ils se souciaient de notre sommeil, que l’on mange et boive suffisamment. Bref, ils étaient nos parents.

Rares sont mes amis en France qui ont compris ma décision de servir l’armée d’un pays dans lequel je n’ai pas grandi. Aujourd’hui j’aimerais leur dire, à eux et à tous ceux qui n’arrivent pas à comprendre ce qu’il se passe ici : il n’y a pas de sensation plus agréable que de se réveiller et de servir une cause à laquelle on croit, sans compter les heures, sans attendre d’argent.

J’ai traversé tout le pays parce que je voulais le découvrir. J’ai été aux côtés des combattants dans leurs entrainements et dans leurs opérations anti-terroristes pour les comprendre et mieux les défendre. J’ai rencontré des familles de soldats tués parce que c’était pour moi un devoir d’honorer leurs mémoires. J’ai enchaîné les nuits blanches parce que je croyais en ma mission, pas pour l’argent ou la reconnaissance.

Me lever le matin et enfiler l’uniforme de Tsahal a été une fierté. Ma fierté. L’armée israélienne a été ma famille. Je ne l’oublierai jamais.

 

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