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Ces mots anglais qui sont … français

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Au moment où se posent de manière plus crue les questions sur la définition des valeurs qui composent la république, la nationalité, la souveraineté, … revient le débat sur l’utilisation des mots anglais dans le vocabulaire de tous les jours. Et ce de manière encore plus forte pour tout le monde du management. Et j’entends sans cesse les esprits chagrins qui revendiquent le fait d’être Français et donc d’utiliser un français pur et dénué de tout anglicisme ou mot anglais. Avant de donner mon avis (non-autorisé comme de bien entendu : ), faisons un tour de quelques mots qui jalonnent une journée de travail. Je copie-colle-traduit et adapte les définitions que j’ai trouvée sur le site d’étymologie anglais que vous pouvez trouver ici.

Coaching ?

Utilisé à partir de 1550 et issue du français « coche » du début du 16ème siècle qui nommait un véhicule à forte capacité de transport. Celui-ci trouve lui-même sa source dans le nom du village hongrois « Kocs ». Le conducteur du coche était le cocher. Les mouches qui l’entourait étaient « les mouches du coches » (je plaisante ;). Il semblerait que l’apparition de coach pour décrire l’entraineur se soit faite en 1830 à Oxford où le mot coach était employé pour celui qui « transportait » l’élève ! Le sens sportif est apparu en 1861, toujours au même endroit.

Brief ?

Un mot facile que celui-là : vient du latin brievus qui a donné bref mais aussi brève qui était une formulation papale moins longue qu’une bulle. Terme d’ailleurs utilisé encore dans la presse quand on parle de « brèves ».

Mail ?

Ce mot tant utilisé, allez, 100 fois par jour, a aussi une origine française. Cela vient du 12ème siècle du vieux français « malle » car celles-ci servaient à transporter des lettres.

Post ?

Viens là encore d’un mot du 16ème siècle, poster, qui consistait à rendre publiques les informations en un endroit (poste)

Management ?

De l’italien « maneggiare » utiliser pour décrire le guidage ou contrôle d’un cheval vers 1560. Mais le français était en embuscade, puisque l’utilisation en a été faite pour décrire le lieu de dressage qu’était le manège. L’extension de l’application en dehors de l’équitation et à tous les autres objets et aux affaires est notable à partir de 1570. Et son utilisation au sens ancien se fait encore quelques week-end par an en allant avec ses enfants au manège … sans que le chevaux soit forcément présents : )

Taylorisme ?

Taylor vient de l’anglais tailor. Et ce mot date du 13ème siècle, vient du vieux français « tailleur » qui vient-même du latin « taliare » qui signifie couper, partager. L’étymologie est ici presque symbolique quand on pense à la dimension péjorative que peut avoir le taylorisme avec en effet des réductions d’effectifs et du travail à la chaine.

Une précision historique toutefois. Loin de moi l’idée de réhabiliter cette approche du monde du travail mais il est passionnant et utile de se replonger dans l’histoire de Taylor. Il est consultant à la fin du 19ème siècle. Des bateaux entiers d’immigrants sont en train d’arriver aux US suite aux guerres et famines européennes. Un problème pour tous ces immigrants : leur trouver un travail. Et le problème est de taille car la plupart d’entre eux ne parlent pas anglais, sont illettrés … La pensée à l’oeuvre de Taylor à ce moment là est de simplifier à l’extrême les taches dans l’entreprise pour qu’un immigrant fraichement arrivé puisse être mis au travail après une formation de quelques heures. C’est une véritable oeuvre et invention d’un mécanisme inédit d’intégration sociale qui est là. Juste magnifique d’un point de vue sociologique. Car cela a permis aux USA d’intégrer rapidement un flux juste colossal d’immigration mais aussi de prendre un leadership dans cette révolution industrielle en plein essor. Ford en est un des exemples.

So-what ?

What et who ne viennent pas du français mais possiblement des locutions latines quid, quod … mais j’arrête là l’étymologie ! Vous avez le lien mentionné ci-dessus pour répondre à votre curiosité sur d’autres noms courants … ou pas !

La question semble moins être de savoir si on doit utiliser ces mots que de bien définir le rythme d’adoption et l’obligation associée à cela. La liste comminatoire annuelle des traductions est à pleurer de bêtise : rappelez vous des « jeunes pousses » … En final, ce qui se décrète dans ce domaine n’est qu’une démonstration de plus que le ridicule ne tue plus et que la bureaucratique reste imbattable pour pondre quelque chose d’inutile. Comme le disait Balzac :

La bureaucratie est un mécanisme géant exploité par les Pygmées

Quant à ceux qui voudraient résister au changement en cours et rester sur du français de « pure souche », je leur pose la question : où remonter ? Une histoire des langages sur 7000 ans est disponible à cette adresse, la vidéo donne la mesure des forces à l’oeuvre et de leur côté inexorable et accéléré maintenant par l’ère digitale. Là encore, « le flocon n’est pas conscient de l’avalanche » : )

Mais pour ceux qui persistent dans cette utilisation du français comme socle inamovible : à quelle date arrêter le curseur du changement assez inéluctable qui rend une langue moderne et dotée d’une « méta-intelligence » à tendance universelle ? Je ne peux que leur faire une proposition sous la forme d’un auteur, ancêtre de psychanalyse et curateur de toute la sagesse antique, Michel de Montaigne : « je ne peins pas l’être, je peins le passage ». Ce qui lu dans son texte et contexte original donne :

Les autres forment l’homme ; je le recite et en represente un particulier bien mal formé, et lequel, si j’avoy à façonner de nouveau, je ferois vrayement bien autre qu’il n’est. Mes-huy c’est fait. Or les traits de ma peinture ne fourvoyent point, quoy qu’ils se changent et diversifient. Le monde n’est qu’une branloire perenne. Toutes choses y branlent sans cesse : la terre, les rochers du Caucase, les pyramides d’Ægypte, et du branle public et du leur. La constance mesme n’est autre chose qu’un branle plus languissant. Je ne puis asseurer mon object. Il va trouble et chancelant, d’une yvresse naturelle. Je le prens en ce point, comme il est, en l’instant que je m’amuse à luy. Je ne peins pas l’estre. Je peins le passage.

Du français de 1580 sur LinkedIn en 2015, on me l’aurait dit, je ne l’aurais pas cru … Prochain challenge ? Du berrichon ; )


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