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Le mois de Nissan par Caroline Elishéva REBOUH

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Dans toutes  les communautés, le dernier shabbat du mois hébraïque adar, l’officiant annonce à haute voix que le mois suivant fera son entrée tel jour de la semaine. Dans les communautés « HABAD » ce shabbat se nomme « shabbat mevarekhim » car l’officiant bénit le nouveau mois à l’avance.

Cependant, pour annoncer l’arrivée du mois de nissan, le shabbat qui précède Rosh hodesh nissan porte le nom de « shabbat hahodesh » et on y lit une haftara spéciale…

Pour quelle raison ce cérémonial existe-t-il ? Certains pensent qu’étant donné que le mois de nissan est en définitive le premier mois de l’année, il convient de démarquer ce mois des autres, d’une manière particulière car il ne faut pas oublier que c’est à Rosh Hodesh nissan qu’eut lieu l’inauguration du Mishkan !!!

Le mois de Nissan est le mois de la libération d’Egypte et ainsi qu’il est écrit : ישראל עתידים להיגאל בניסן !  c’est-à-dire qu’en Nissan le peuple fut délivré et que lorsque cela sera le moment, Israël sera libéré (rédemption).

C’est à partir du mois de Nissan que l’on décompte les mois pour les célébrations juives et les années  de règne.

La Torah écrit : ce mois sera le premier pour vous. Qu’est-ce à dire ? Les Sages font remarquer que les dix premières générations décomptèrent les années depuis la création du monde puis survint le déluge et le calcul des années se fit depuis le déluge, par la suite, le décompte des années se fit depuis l’alliance faite avec Abraham (brith beyn habetarim) où HaKadosh Baroukh Hou annonça la descente en Egypte pour 400 ans Mais, dès après la Délivrance d’Egypte, le décompte s’opéra depuis Nissan…

D’autres explications sont données par le Midrash : l’Eternel dit à Moïse, à partir de maintenant,  vous aurez pour mission de faire le compte des mois et des années[1]. Ainsi donc ce mois sera POUR VOUS et non pas pour HaShem…

Eliahou Ki Tov auteur du Sefer HaTodaâ[2] pense que le mot Shana (année) se rapproche du mot « yashan » (ancien/vieux) et que le mot hodesh signifie nouveau (nouvelle néoménie). Par ailleurs, il est permis de penser que le mot shana (année) vient du verbe araméen shnou qui signifie se répéter ou changer et donc, shana n’est autre que quelque chose qui se renouvelle.

Le mois de Nissan est considéré comme un mois composé de jours qui présentent chacun la même importance et les mêmes particularités qu’un rosh hodesh car, durant tout le mois de Nissan, on ne dit pas de tahanoun  et aussi parce qu’à chaque instant du mois de nissan le Mashiah peut se dévoiler. Les grands penseurs que sont le Gaon de  Vilna, le Shlah HaKadosh et Rabbi Tsadok de Lublin, pensent tous trois la même chose.

Rashi explique que Nissan et Adar sont intimement liés car c’est en nissan dit-il que Haman tira  au sort la date du 13 adar (date à laquelle il voulait anéantir tous les Juifs vivant dans le royaume d’Ahashverosh et ce sont donc les 14, 15 et 16 nissan que tous les Juifs jeûnèrent avec Mordékhay et Esther pour implorer HaShem de les sauver et, pendant ces jours de Pessah, l’atmosphère de fête céda le pas à l’angoisse et à l’affliction. C’est pour ces raisons que le Sage de Troyes lie Pourim et Pessah, Adar et Nissan.

Il est une raison de plus qui lie Adar à Nissan : étant donné que le calendrier hébraïque est basé à la fois sur le cycle lunaire et sur le cycle solaire (nous reverrons ce sujet de façon plus approfondie à une autre occasion), de manière à ce que Nissan qui est le mois du printemps tombe toujours au printemps, un mois supplémentaire est intercalé en Adar.

Pour sa part, Maïmonide, pense que si Nissan a été choisi comme début de chaque année (pour la fixation des fêtes ou le début du règne des rois, c’est parce que cela permet de se souvenir à chaque fois du nombre impressionnant de prodiges et de miracles opérés par le Créateur lors de la sortie d’Egypte et que la libération de la maison d’esclavage s’est faite en Nissan.  Ce nom n’est pas sans rappeler le mot hébraïque qui désigne les bourgeons des arbres (nitzan)  sans doute est-ce la raison pour laquelle c’est du 1er jour de ce mois et jusqu’au dernier jour que l’on doit procéder à la bénédiction des arbres (birkat ha-Ilanoth).

BIRKAT HA-ILANOTH : Il s’agit d’une bénédiction (qui figure dans tous les rituels de prières) doit se faire  sur au moins deux fruitiers portant des fleurs, entre le 1er Nissan et le 30 Nissan. Il est bon de faire une seoudat mitsva à ce propos (collation où les assistants pourront faire différentes bénédictions de consommation (mezonoth, haguefen, pri ha’ets, pri haadama, shéhakol  ou en abrégé hébraïque : maga’esh).

On a coutume avant le 1er nissan de se rendre sur la tombe de chers disparus et de ne plus se rendre au cimetière sauf si, à D ne plaise, doit être organisé un enterrement pour lequel ne sera point fait d’éloge funèbre. Cette habitude est la même que pour le mois de Tishri ou pendant la semaine de Hanoucca  !

Un usage très répandu  consiste à ne plus manger de matsa à partir de rosh hodesh nissan et jusqu’à la veille de Pessah de manière à avoir très envie de goûter la matsa le soir du seder.

Souvent un peu avant Rosh hodesh nissan, les responsables de caisses de bienfaisance commencent à collecter des fonds en faveur des familles nécessiteuses qui ne parviennent pas toujours à suffire aux achats de toutes les fournitures nécessaires à la fête de Pessah cette collecte se nomme KIMHA DIPASS’HA (en araméen) soit la nourriture de Pessah.

A la veille de Pessah, on procède à la BEDIKAT HAMETS ou recherche du hamets. Etant donné que pendant les 7 jours de Pessah (8 jours à l’extérieur d’Israël), il est interdit non seulement de consommer du hamets mais aussi d’en voir, le chef de famille (ou la cheffe de famille) aura soin de passer toute la maison en revue à la lueur d’une bougie pour y trouver éventuellement du hamets « oublié »[3] qui sera brûlé le lendemain lors du BIOUR HAMETS. Aussi bien pour la BEDIKAT HAMETS  que pour le BIOUR HAMETS, les textes des berakhot à réciter se trouvent dans les livres de prières et/ou au début des haggadoth de Pessah.

Après avoir brûlé le hamets, on n’a plus le droit d’en consommer et on n’a pas encore le droit de manger de la matsa. En revanche, il est tout-à-fait permis de manger ce que l’on appelle la « matsa ashira »  qui désigne soit des matsot frites soit des matsot confectionnées avec des œufs ou encore des gâteaux secs de Pessah confectionnés avec du vin blanc, du jus d’oranges et du sucre…..

MEKHIRAT HAMETS : Pour diverses raisons il peut arriver que l’on ne puisse « terminer » tout le Hamets avant la fête. En ce cas, pour ne pas « gaspiller » on va s’en remettre aux autorités rabbiniques et on leur transmet la procuration de « vendre le hamets » à des  acquéreurs non-juifs pour la durée de la fête.

Lorsqu’après la fête on se rendra dans un établissement quelconque (restaurant, café, pâtisserie et même épicerie ou supermarché), il faudra  vérifier que le certicat de mekhirat hamets est bien affiché, de manière à savoir que vous ne consommerez que des aliments cashers.

DES ANNIVERSAIRES CELEBRES : la Tradition confie qu’Isaac le Patriarche est né à Rosh hodesh nissan.

Le 1er Nissan sont morts les deux fils d’Aharon HaCohen.

Le 10 Nissan est l’anniversaire du décès de Myriam.

Le 26 Nissan est décédé Josué, successeur de Moïse.

JEÛNE DES PREMIERS NES : A la veille de Pessah, jeûnent les premiers-nés[4].

A la fin de Pessah certaines familles célèbrent la « MIMOUNA ». De manière à ne pas risquer de faire « empiéter » le retour du Hamets sur la fin de la fête il faut procéder avec méthode :

Lorsqu’il faut préparer les repas de fête du dernier soir et du dernier repas de midi, la maîtresse de maison devra cuisiner tout ce qu’elle aura à présenter à sa famille dans les ustensiles « cashers le Pessah » puis, entreposer tous ces aliments dans des « moules » ou « marmites » à jeter. Puis, elle procèdera à la vaisselle de tous les ustensiles et les rangera dans les armoires de Pessah ou dans les cartons de Pessah de manière à ce que plus rien ne subsiste dans la cuisine de la vaisselle de Pessah. A table, on utilisera de beaux accessoires à jeter qui disparaîtront à la fin des repas. Ainsi, les derniers repas de fête seront cashers dans de la vaisselle à jeter. A la fin de la fête, ceux qui ont la coutume de faire des moufleta, après avoir procédé à la Havdala de fin de fête pourront sortir leur hamets pour la confection de ces crêpes si particulières !!!

BONS PREPARATIFS A TOUS

Caroline Elishéva REBOUH

[1]  Puisque la Torah a été promulguée au Peuple Juif, il convient que ce peuple fasse le compte des néoménies pour pouvoir fixer les célébrations….

[2]  Eliahou Ki Tov  de son véritable nom : Abraham Eliahou Mokotow né en 1912 en Pologne et décédé à Jérusalem en 1976. Il était rabbin et écrivit de nombreux ouvrages dont le SEFER HATODAA -1968- dans lequel il rapporte des détails sur l’ensemble de l’année juive et ISH OUVEYTO -1957 – dans lequel il rassembla les convenances et les lois concernant la famille juive.

[3]  La coutume est qu’après avoir procédé au nettoyage de la maison la maîtresse de famille confectionne 10 petits « paquets » de hamets (du pain en général) disséminés à travers la maison et ils est préférable que ce hamets soit enveloppé de papier et non de plastique ou de papier alu en raison de la combustion qui serait rendue alors très difficile…

[4]  Les premiers-nés mâles mais, dans certaines familles où  la première-née est une fille elle jeûnera aussi ou, parfois, une fille jeûne à la place du frère premier-né. De façon à supprimer le jeûne, la personne assistera à un « siyoum » (clôture) d’une étude de guemara à l’issue duquel est offerte une collation.

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