PARASHAT HAYE SARA, chabbat du 23/11/2019 Horaires Ashdod : 16h19-17h18

Dans cette parasha qui nous parle du décès de Sara et de son ensevelissement à Hébron (Kyriat Arba), nous allons assister aux épousailles d’Isaac et de Rivka. Quelques versets de cette parasha sont généralement lus lors de shabbat hatan (shabbat après le mariage) où la Torah nous explique qu’Avraham était très âgé et il s’est préoccupé du mariage de son fils.

Cette sidra est le « témoin » de la première transaction immobilière effectuée en Israël par notre père Avraham puisque le détail de cette transaction est rapporté dans la Torah, ainsi le patriarche tint à payer le terrain pour avoir des droits sur cette terre et pour la mériter. Abraham voulut être attaché à cette terre pour qu’on ne la lui reprenne pas. Dans le Tanakh, trois transactions immobilières importantes sont consignées et font l’objet d’un contrat en bonne et due forme conformément aux règles de chacune des époques concernées : le tombeau des patriarches (Makhpela à Hébron), Tombeau de Yossef HaTsadik à Shekhem (Naplouse) et………. L’emplacement du Temple à Jérusalem. Les protagonistes avaient tenu à ce que ces acquisitions soient consignées et enregistrées de manière à ce que d’aucun ne puisse réfuter à quelle qu’époque que ce fût la propriété inaliénable de ces terrains et cessible de génération au peuple juif (propriété tumulaire pour les tombeaux).

Dans ce texte deux « remazim »  mettent en évidence le caractère exceptionnel de la Méârat’ ‘hamakhpéla. Ainsi, il est écrit :

קיריית ארבע היא חברון   Kyriat’ Arbâ est Hébron’. Pourquoi cette cité est-elle appelée Kyriat’ Arbâ ? Une première raison est évoquée dans le livre des Nombres 13,22 : c’est en souvenir du géant qui y habitait et qui avait effrayé les explorateurs ANAK – c’est d’ailleurs de son nom que vient le mot géant – et ses trois fils : Ahiman, Sheshaï et Talmi. Mais il y a une autre raison : dans la parasha de vayéra, Abraham a  poursuivi un veau et l’endroit où le veau s’est laissé capturer était l’entrée du Gan Eden. Abraham sut[1] que dans ce lieu était enseveli le premier couple de l’humanité et, à présent, il désira enterrer Sara auprès de ce premier couple et ainsi créer un caveau de famille puisqu’il sera lui-même enterré là-bas ainsi qu’Isaac et Rivka et Jacob et Léa donc les 4 premiers couples se sont retrouvés ainsi pour l’éternité.

Dans la sidra précédente, Sara n’était pas présente lors de la Akéda. Le Midrash enseigne que le « Malin » se rendit auprès de Sara pour lui apprendre qu’Isaac avait failli mourir à cause du désir d’Abraham d’obéir et d’exécuter l’ordre divin au mont Moriah. De saisissement, Sarah meurt.

Depuis la parasha de Lekh Lekha, nous savons que Sarah était d’une beauté irréelle.Dans cette péricope, ici on nous donne davantage de détails sur cette beauté nous dit Rashi en s’appuyant sur la façon de détailler l’âge de la défunte : les années de la vie de Sara étaient de cent ans vingt ans et sept ans et le grand commentateur nous explique qu’à chacune des étapes de sa vie elle jouissait d’une beauté exceptionnelle. Mais, sa pureté et sa sainteté accompagnèrent la grande dame tout au long de sa vie.

La personnalité de Sara s’est révélée lorsqu’elle a dit à Abraham de renvoyer Agar non par méchanceté mais parce qu’Agar n’a pas su rester à sa place et a cru du fait qu’elle avait eu la chance de donner un fils à Abraham qu’elle était devenue l’épouse légitime et non pas qu’elle était restée la concubine du grand homme. De plus, elle a raillé l’épouse du patriarche ce qui a provoqué son renvoi.

Dans la parasha précédente, nous avons évoqué le fait que la naissance d’Isaac a été miraculeuse pour le début de la création du peuple juif. Il y a encore une autre raison c’est que, si le patriarche avait une personnalité encline à se tourner vers l’ensemble des nations pour les ramener vers D et leur enseigner le monothéisme, Sara de son côté n’était tournée que vers D et le destin d’Israël. En chassant Agar, elle ne cherche qu’à protéger son fils Isaac et elle reste fidèle à son peuple.

La spécificité d’Abraham et de ses descendants directs réside en ceci que nous nous réclamons dans toutes nos prières de nos patriarches.

La spécificité de Sara était d’être entièrement vouée à D et au peuple juif. En ceci réside la raison pour laquelle dans la tente de Sara se perpétuaient trois miracles : les lumières du shabbat restaient constamment allumées, le pain de Sara était un pain particulier que l’on ne pouvait trouver dans aucune demeure et la Shekhina reposait constamment sur la tente de Sara car dans cette tente le couple préservait l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre dans une pureté et une pudeur extrêmes et dans une harmonie à nulle autre pareille si ce n’est après les épousailles d’Isaac et de Rebecca lors que l’harmonie qui régnait entre Sara et Avraham sera également concrète dans le nouveau couple au point qu’Isaac se consolant ainsi de la perte de sa mère, la Shekhina va revenir résider au-dessus de la Tente de Sara/Rebecca.  Ces trois miracles se rattachent directement aux trois mitsvoth « féminines » l’allumage des bougies du shabbat, le prélèvement de la halla de la pâte pétrie[2] et la mitsva de nidda (pureté familiale). Ces mitsvoth entraînent la femme vers un terrain spirituel bien que matériel à la base.

Dans la rencontre de Rebecca et Eliezer les qualités de la jeune fille parlent d’elles-mêmes ainsi l’empressement et toute l’énergie qu’elle met pour étancher la soif  du voyageur et de ses chameaux prouvent au serviteur d’Abraham, qu’il ne s’est pas trompé de personne.

Par la suite, Abraham se remaria et eut d’autres enfants désignés sous l’appellation globale de Bené Kedem car, le Patriarche, comblé par une existence exceptionnelle (par le fait de constater d’après Rashi qu’Ishmaël fit repentance) et soucieux de ne point créer de litiges graves entre les frères d’un même père, désigna aux autres enfants d’Agar (Ketoura est Agar) de s’installer en Extrême-Orient.  La tradition nous enseigne qu’Abraham aurait dû vivre 180 ans. Cependant, pour ne pas s’affliger de la conduite de son petit-fils Esaü,  le patriarche ne vécut que 175 ans et fut à son tour enseveli au caveau de makhpela aux côtés de Sara.

Dans la rencontre de Rebecca et Eliezer les qualités de la jeune fille parlent d’elles-mêmes ainsi l’empressement et toute l’énergie qu’elle met pour étancher la soif du voyageur et de ses chameaux prouvent au serviteur d’Abraham, qu’il ne s’est pas trompé de personne.

A propos des chameaux est jointe au présent commentaire une étude sur cet animal et les considérations spirituelles qui s’y rattachent.

Caroline Elishéva REBOUH
MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

[1]Abraham perçut une senteur particulière et il aperçut, en ce lieu, par vue prophétique, la sépulture du premier couple de l’humanité. Il fut déterminé à acquérir ce terrain, le moment venu.

[2]– La halla est une mitsva féminine car c’est la femme qui en général pétrit le pain pour sa famille bien qu’un homme qui pétrirait du pain doit aussi prélever la halla.