Théoriquement le mois de Iyar ((איירest d’après la Torah le deuxième mois de l’année juive puisque Nissan en est le premier avec la fête de Pessah comme première fête de pèlerinage. Cependant, les mois se sont vus « affublés » de noms babyloniens. Dans le talmud le deuxième mois de l’année s’appelle « ziv » ou « nitsane » le premier nom signifiant « éclat[1] » et le suivant désignant les « bourgeons« [2] en effet, les bourgeons commencent à apparaître en cette période. De manière plus traditionnelle, le mot « iyar » est composé des initiales des mots : « ani HaShem rof’ékha »  (אני ה’ רופאך) Je suis ton médecin.

Ce mois, succédant à Nissan qui est un mois plein de 30 jours, comporte toujours deux jours de Rosh Hodesh.

Le mois de Iyar[3] est un mois riche en évènements et deux tiers de la période du Ômer se déroule pendant ce mois. Une « segoula » pour ce mois placé sous le signe de la guérison : s’il pleut pendant ce mois il ne faut pas hésiter à se faire un peu mouiller par les gouttes de pluie ou bien disposer une petite cuvette ou un verre qui pourraient recueillir de l’eau de cette pluie et en mettre sur le point qui fait souffrir ou en boire un peu en demandant : « puisque Toi, HaShem, Tu es notre médecin guéris untel de ses maux et accorde lui une refoua shelema »…

Le 1er du mois d’Iyar a eu lieu le premier dénombrement du peuple et c’est aussi un premier Iyar qu’a été posée « la première pierre » du Temple par Salomon[4].

Dans certaines communautés sont permis les mariages le jour de rosh hodesh Iyar bien que la supputation de l’Omer ait commencé certains avancent que parce que le début de la construction du Temple est une marque d’allégresse.

Le 5 Iyar est célébré l’anniversaire de l’Indépendance d’Israël (selon le jour où tombe cet anniversaire et, pour éviter du hiloul HaShem) il se peut que la célébration soit avancée.

LA PERIODE DU OMER

OMER : Dès le deuxième soir de Pessah, on compte le ômer et l’on a coutume de prendre en main une poignée de gros sel.

Il est bon de ne pas se détacher des coutumes même si parfois nous n’en connaissons pas la source. Les coutumes sont une part de nous-mêmes et de notre identité…….

Pâque est une fête qui possède plusieurs noms comme par exemple « la fête du Printemps » hag ‘haaviv……………

Certaines particularités sont à signaler concernant la fête de Pessah. Ainsi, on récite le Hallel pendant la fête de Pessah, cependant,  le premier soir on le lira en entier, mais, dès le deuxième soir,  on n’en lira que certaines parties car bien que Pessah soit une période de joie, Dieu S’attriste de toute façon d’avoir dû tuer des Egyptiens qui sont aussi des créatures humaines.

Dès le premier jour de la fête, avant la prière de moussaf, le hazan va procéder à la prière de la rosée (tikoun ‘hatal) et dès cette prière de moussaf on cessera de dire « mashiv ‘harouah oumorid ‘haguéshem » que l’on récite depuis le moussaf de shemini âtseret où l’on aura prié pour avoir de la pluie en hiver. Lors de la prière de « moussaf » qui cloture la prière de la première matinée de Pessah, on va demander au Créateur de ne pas oublier de parsemer nos champs de rosée : morid ‘hatal car la rosée est essentielle en agriculture pour rendre les cultures florissantes.  A pessah on prie pour la rosée dès le premier jour de fête car si la rosée descend du ciel, cela ne causera aucun dommage aux pèlerins  qui devaient monter à Jérusalem alors que l’on attend le dernier jour de shemini âtseret pour demander la pluie (afin que le temps que la pluie n’arrive tous les pèlerins aient eu la possibilité de regagner leurs demeures qui pouvaient se trouver à une distance de deux semaines à pied )!!!!

Dès le deuxième soir, les hommes  attendront que la nuit soit complète pour commencer à « compter le ômer » 49 soirs durant.

Qu’est-ce que le ômer ?  La récolte de l’orge se faisait en cette période et la mitsva est de présenter un ômer (mesure) d’orge au Temple.  Cependant,  cette période est une période de deuil car se sont produits des faits regrettables en cette longue période de 7 semaines.  Ainsi, le plus souvent, est rapporté le fait qu’une épidémie se produisit pendant cette période, épidémie meurtrière s’il en est puisque 24000 élèves parmi les disciples de Rabbi Akiva moururent et l’épidémie s’arrêta complètement le 33ème jour du Ômer. 33 en hébreu s’écrit avec les lettres lamed et guimel que l’on prononce  « Lag Baômer » –en Algérie ou le guimel porteur d’un point se prononçait comme un « r » on désignait ce jour sous l’appellation de la fête de « Lar ». Ce soir-là, on avait coutume d’apporter de l’huile pour allumer des veilleuses dans les synagogues, on y apportait aussi des fleurs  et on allumait des veilleuses ou des bougies décorées à la mémoire de Rabbi Shimôn bar Yohay. Les fidèles entonnaient sur des mélodies différentes des poèmes à la gloire du grand Sage qui est né et mort à la même date du 18 Iyar à Mérone.

En Israël, un très grand pèlerinage réunissant des dizaines de milliers de fidèles a lieu chaque année à Mérone : des pèlerins campent aux alentours du lieu saint plusieurs jours durant  et les tombeaux des autres tsadikim enterrés à Safed ou à Tibériade sont aussi visités.

Le compte du Ômer est généralement fait par les hommes la nuit tombée et le décompte doit se faire sans interruption. Si, par hasard, la personne a oublié et ne s’en souvient que le lendemain, il pourra continuer à compter sans la bénédiction. Etant une mitsva dépendant du temps,  les femmes en sont exemptées encore que dans certaines communautés ashkenazes il est admis que les femmes aient le droit de faire le décompte.

Pendant le Ômer, il est généralement interdit de se raser ou de faire une coupe de cheveux ; on n’écoute pas de musique et on ne célèbre ni mariage ni bar mitsva mais seulement une brith mila ou le rachat d’un premier né. Cependant dans certaines communautés ashkenazes, on célèbre des mariages ou des fiançailles jusqu’à rosh hodesh iyar par contre, ils ne font pas d’interruption à lag baomer mais ils « tiennent le deuil » jusqu’à shavouoth.

Depuis la création de l’Etat d’Israël, on fait une entrave au deuil pour fêter le jour de l’Indépendance (le 5 Iyar) et le jour de la réunification de Jérusalem (le 28  Iyar) mais là aussi de nombreuses controverses séparent les uns et les autres.

Le Rav Ovadia Yossef avait permis aux personnes à peau sensible pour lesquels il est difficile de garder la barbe de se raser pour honorer le shabbat.

PESSAH SHENI      HILOULA DE RABBI MEIR    HILOULA DE RABBI SHIMEON – LAG BAOMER

Le 14 nissan, tout Juif  doit procéder au sacrifice de l’agneau pascal. Cependant, il se peut que des personnes soient dans l’impossibilité de remplir cette obligation lorsqu’il s’est rendu impur par exemple par le contact avec un cadavre avant la fête de Pessah.

De manière à pouvoir accomplir ce devoir religieux, les personnes qui avaient contracté une impureté, pouvaient le 14 du mois suivant (Iyyar)  sacrifier l’agneau pascal et manger matsot et herbes amères en ce jour c’est la raison pour laquelle le 14 Iyyar est appelé PESSAH SHENI ou deuxième Pessah. De manière à commémorer cette date on a coutume de manger un morceau de matsa.

Le 14  Iyyar est aussi la date du décès de Rabbi Méïr Baâl Haness –celui qui a fait un miracle – et, à cette occasion certaines personnes ont la coutume de faire une hiloula au cours de laquelle on étudie des mishnayoth  sur Rabbi Méïr, ou sur pessah shéni,  certains consacrent une séôudat mitsva  au cours de laquelle  les femmes allument des bougies à la mémoire du grand Tana.

Qui était Rabbi Méïr ?  Il se nommait, en fait Rabbi Néhoray mais, comme il avait la réputation  d’un grand érudit qui savait enseigner la Torah et de la rendre explicite à tout un chacun, il fut surnommé Méïr – celui qui éclaire -.

Rabbi Méïr fait partie de la quatrième génération de Tanayim après la destruction du Beith Hamikdash. Il vécut à la même période que R’ Yéhouda HaNassi et que R’ Shimôn ben Gamliel. Cette époque fut marquée par des révoltes comme celle de Bar Kokhba à Betar ; à cette époque, les Romains persécutaient tous les  Maîtres du Talmud et leurs disciples. C’est d’ailleurs aussi à cette époque que furent martyrisés et  tués les   sages qui dans un kiddoush hashem (sanctification du nom divin) expirèrent après avoir enduré des souffrances inhumaines comme Rabbi Akiba (âssareth  harougué malkhout –  les  dix  victimes  mortes pour sanctifier le nom de D -). R’ Méïr épousa la fille, Brourya, du Tana  R’ Hanina ben Téradyone qui, lui-même fit partie des asséreth harougué malkhout.       Rabbi Méïr vivait avec humilité et sans ostentation, on rapporte qu’il gagnait  3 pièces   d’argent par semaine il consacrait l’une des pièces pour parer aux besoins de sa famille,  avec la deuxième pièce il achetait des vêtements pour lui et sa famille et il consacrait la troisième pièce à la charité pour aider les pauvres. Ses condisciples disaient de lui qu’il était un grand

Rabbi Méïr, voyant les persécutions commises, s’enfuit vers la Babylonie et il ne reprit le chemin de retour vers Eretz Israël que bien plus tard, lorsque l’atmosphère devint plus sereine. Il étudiait la Torah avec tant d’ardeur que l’on disait de lui qu’il  réduisait les montagnes en poussière tant son étude et sa façon d’enseigner était pleine de force et d’ardeur.

Il avait pour ami le fils d’un homme hellénisé Abuya. Ce fils était tout d’abord un homme très cultivé qui se laissa dériver vers les sciences hellénistiques  jusqu’à ce qu’il devint apostat  et c’est ainsi que de Elisha ben Abouya, il fut surnommé « l’Autre » (haaher). R’ Méïr le poussa à faire teshouva peu avant sa disparition tout en affirmant qu’il intercèderait en sa faveur après que lui-même serait décédé. Il enseignait que quiconque se trouve en difficulté, peut implorer le Créateur en clamant : ILAHA DEMEIR ANENI ! que l’on traduit couramment par D de Méïr réponds moi mais, R’ Méïr enseignait qu’il voulait signifier par là : D qui éclaire le monde réponds moi !!!

Le 14 Iyyar au soir, il est bon d’allumer des bougies à la mémoire du grand Tana et de prier.

LAG BAOMER

LAG que l’on écrit en Hébreu avec un lamed et un guimel signifiant 33 car il s’agit du 33ème jour du Ômer, est le jour anniversaire de naissance et du décès de Rabbi Shimôn bar Yohay. C’est la date du 18 Iyyar.

Une épidémie ravagea les rangs des élèves de Rabbi Akiva mais, le 33ème jour du Ômer,  la mortalité cessa subitement ce  jour  devint un jour d’allégresse. L’interdiction de se marier ou de célébrer des barmitsvoth est suspendue et chez les sefaradim, surtout, les cérémonies familiales avec musique sont à nouveau célébrées.

Dans l’après-midi précédant cette veillée que, certains, en Israël, prolongent jusqu’aux lueurs du petit matin, les jeunes garçons et/ou filles, rassemblent du bois (palettes et vieux meubles parfois) pour en faire des feux de joie dans des terrains vagues ou sur le littoral. Les jeunes garçons ou les jeunes filles ont disposé sous les feux des pommes de terre et de gros oignons tous enveloppés de papier aluminium et ces légumes rôtis sous les cendres seront dégustés à la lueur des feux s’éteignant lentement. Les sons des guitares donnent à ces soirées de « koumzitz » (les pommes de terre rôties) un goût qui ne s’effacera jamais des mémoires, les transformant en des souvenirs merveilleux. Plus tard, dans la nuit, sur les cendres encore chaudes, des marshmallows embrochés sur des piques de bambou se caraméliseront.

D’autres personnes organisent des soirées festives avec ou sans collation durant lesquels sont psalmodiés des chants à la gloire du célèbre Tana, auteur du Zohar. D’autres personnes achètent de grosses bougies décorées de fils dorés et d’autres couleurs, et de dentelle de cire de bougie qui seront zallumées lors de la soirée à la mémoire de Rabbi Shim’ôn. D’autres offrent de l’huile pour allumer des veilleuses.

Certains- selon l’enseignement qu’ils avaient reçu des parents ou des grands- parents – tiennent, le soir de « lag »,  à faire le tour des synagogues

Les personnes présentes apportent à la synagogue  des friandises, des gâteaux au miel, et des bouquets de fleurs composés le plus souvent de petits œillets  embaumant l’air de la synagogue et de fleurs de lin. Les hommes entonnent des hymnes à la gloire de Bar Yohay et chacun allume des bougies et prie avec ferveur pour que se réalisent les vœux les plus pieux s’élevant de chaque cœur.

En Eretz Israël, les fidèles se rendent à Mérone où se trouve le tombeau de Rabbi Shimône et de manière à trouver une place relativement près de la « grotte » certains plantent déjà leur tente une semaine ou dix jours avant la hiloula. Des familles profitent de cette date pour y amener leurs petits garçons âgés de  3 ans pour le « halaké » ou première coupe de cheveux et le port du premier talith katane.

C’est encore le prétexte de faire des grillades « âlhaesh » et  de régaler les voisins de bonnes brochettes odorantes.

Les horizons changent et les coutumes aussi. BAR YOHAY  NIMSHAHTA ASHREIKHA SHEMEN SASSON MEHAVREKHA …BAR YOHAY SHEMEN MISH’HAT KODESH NIMESHAHTA MIMIDAT HAKODESH NASSATA TSITS NEZER HAKODESH HABOUSH AL ROSHEKHA PEEREKHA ….

Le 28 IYAR   JOUR DE JERUSALEM

C’est le 28 Iyar en 1967 que l’armée de Tsahal a libéré l’accès au Kotel et que les soldats ont déblayé tous les immondices déposés là sans aucun respect pour ce lieu sacré haut-lieu sacré du judaïsme. Des pierres tombales prises au cimetière juif du Mont des Oliviers avaient servi d’urinoires ou de latrines.

Caroline Elishéva REBOUH

[1]Eclat car après la noirceur des mois d’hiver, les jours commencent à jouir d’une lumière plus intense en cette période.

[2]Bourgeon car, si l’amandier commence à fleurir au mois de shevat, c’est juste avant ou juste après pessah que la floraison de tous les arbres arrive à son point culminant.

[3]Iyar commençant par la lettre alef (consonne) on ne mettra pas d’apostrophe à la lettre d qui précède le mot Iyar.

[4]La 4ème année du règne de Salomon.