Cette rentrée, après un printemps et un été inhabituels, prend des airs bien étranges.
La crise sanitaire n’a pas été réglée. On n’en voit pas clairement l’issue. Les inquiétudes demeurent. Les incantations font place aux questions.
Pour les Français de l’étranger, les difficultés se sont accumulées depuis plusieurs mois. Certaines communautés françaises sont particulièrement atteintes par les difficultés qui touchent simultanément tous les aspects de la vie : transports, et donc voyages vers la France et réunions familiales, scolarité des enfants, emploi et situation professionnelle, santé, etc…
Les retours obligés vers la France se multiplient, dans des conditions parfois très critiques. Certains secteurs ont été clairement très touchés, comme chacun le sait : voyages, loisirs, restauration et hôtellerie, sans que cette liste ne soit exhaustive.
La solidarité a joué et joue un rôle essentiel. L’Union des Français de l’Etranger y a pris toute sa part.
Nos ambassades et nos consulats, en première ligne, avec tout leur personnel, ont fait face le mieux possible et avec beaucoup de cœur, surtout dans les cas les plus graves. Mais on ne peut pas dire que les pouvoirs publics français aient joué un rôle particulièrement brillant à cette occasion, ni encore à l‘heure actuelle.
En France comme à l’étranger, la France dispose d’équipes magnifiques en cas de crise, sécurité civile, Croix rouge française, Samu, etc… dont j’ai appris à connaitre l’efficacité. Encore faut-il que le commandement prenne les bonnes décisions et s’applique à leur mise en œuvre.
A commencer par les moyens de transport, cruellement défaillants, et réservés en priorité aux voyageurs établis en France. Les Français de l’étranger ont été priés de « rester chez eux » !
Des familles, séparées au moment des mesures immédiates de restriction des déplacements, ont été privées pendant des mois de la possibilité de se réunir. Certaines le sont encore.
Les mesures de soutien économiques et sociales prises en France n’ont pas été étendues aux Français de l’étranger. Certain membre du gouvernement a même été jusqu’à affirmer qu’aider l’entreprise d’un Français de l’étranger revenait à aider une entreprise étrangère (sic !).
Les écoles françaises ont perdu, et vont perdre des ressources importantes. 
J’avais écrit au Président de la République le 26 mars pour alerter sur tous ces risques. Non seulement je n’ai pas reçu de réponse, mais les dispositions arrêtées pour les Français de l’étranger sont loin de répondre aux besoins. En conséquence, il faut s’attendre à des conséquences sévères. Déjà, dans la vie de notre association, présente dans plus de 100 pays et dans 170 villes dans le monde, ces conséquences apparaissent.
Plus largement, les tendances lourdes engagées depuis bientôt 50 ans qui poussent à la régression de notre pays, ont été mises au grand jour, voir accélérées, par cette crise, ce qui est naturel. Nous sommes en train de perdre une bonne dizaine de places dans l’échelle des nations. Qui s’en préoccupe ? Cet appauvrissement relatif de la France et des Français ne provoque aucune réaction tant que le niveau de vie de chacun n’est pas brutalement mis en cause.
L’espoir, c’est-à-dire le sursaut, ne peut venir que des Français eux-mêmes. Le choc des ambitions politiques et électorales n’y suffit pas. La lucidité, la volonté et l’effort sont de meilleurs atouts.
Comme tous les six ans, des élections consulaires vont se tenir au mois de mai prochain dans les ambassades et les consulats pour élire les conseillers consulaires. Elles ont été reportées d’un an à cause de la crise sanitaire. Ces élections sont importantes. Elles sont, pour les Français de l’étranger, l’occasion de défendre leurs intérêts et de s’exprimer localement, au même titre que les élections municipales en France. Depuis toujours, mes prédécesseurs et moi-même encourageons nos compatriotes à voter. S’ils ne le font pas, les décisions seront prises sans eux.
Comme chacun le sait, l’Union des Français de l’Etranger n’est affiliée ni ne soutien aucun parti politique. Nous ne vous dirons donc pas pour quel candidat ou quelle liste voter, même si de nombreux adhérents et cadres de l’UFE figurent parmi ces candidats et sur ces listes.
Mais nous pouvons vous aider à leur poser de bonnes questions sur les sujets les plus importants, sécurité, éducation et scolarité des enfants, emploi et couverture sociale, vie économique, et naturellement sur la fiscalité qui est passée à l’arrière-plan du fait de la crise sanitaire, mais qui demeure une question essentielle pour nos compatriotes.
Dans les mois qui viennent, nous aborderons avec vous ces sujets, en pleine transparence, en donnant la parole aux parlementaires de tous bords, et naturellement à ceux de nos lecteurs et de nos adhérents qui le souhaitent.
Bonne rentrée !
François BARRY DELONGCHAMPS
Président de l’Union des Français de l’Etranger