Que vous soyez expatrié depuis longtemps ou depuis peu, vos retraites françaises semblent trop lointaines pour que vous les placiez sur le haut de votre todo list… et pourtant ! Le sujet des retraites revient dans l’actualité lors de dialogues avec les partenaires sociaux ou dans le cadre du futur programme présidentiel : recul de l’âge de départ à 64 ans ou allongement de la durée requise pour le taux plein ? Quelle que soit la solution retenue pour sauvegarder le système de retraites, les conseils qui suivent vous permettront d’éviter trop de déconvenues.

Conservez précieusement tous les documents nécessaires à la constitution de votre dossier retraite

Lors de votre départ en expatriation, vous avez sans doute fait le tri dans vos papiers. Attention cependant à ne pas faire le vide trop vite ! Pensez notamment à conserver :

  • tous les justificatifs qui pourront vous aider à faire valoir vos droits le moment venu : contrats de travail, bulletins de paie, décomptes de vos indemnités de maladie, de congés maternité ou de congé parental, attestations de Pôle Emploi…
  • les justificatifs concernant vos années à l’étranger : ils permettront de faire valider les droits acquis à l’étranger qui ne figurent pas sur les relevés français. Ils devront faire référence à votre numéro d’assuré social dans le pays en question.
  • Pensez aussi à mettre de côté les anciens relevés donnant le détail de vos points Arrco et Agirc année par année. Depuis quelques semaines, le nouveau relevé de carrière disponible sur Info-retraite.fr n’indique plus que les points Agirc-Arrco fusionnés depuis 2019 : il ne permet donc plus de retracer et comprendre les éventuelles variations de points Arrco et Agirc et de repérer les périodes omises. Le cas échéant, n’hésitez pas à récupérer le détail, toujours disponible sur le site de votre régime complémentaire : agirc-arrco.fr.

Ne vous précipitez pas sur le rachat de trimestres

Racheter des trimestres permet de demander sa retraite plus tôt et d’en optimiser le montant. Mais avant de se lancer dans un rachat, il est indispensable de définir de façon précise le nombre de trimestres à racheter et de mesurer le bénéfice qu’on retirera de cet investissement. Dans un contexte incertain, il est donc primordial ne pas racheter trop tôt. Si l’âge de départ recule, vous cotiserez plus longtemps et n’aurez donc, peut-être, plus besoin des trimestres rachetés. Si le nombre de trimestres requis pour le taux plein augmente vous n’en aurez peut-être pas acquis suffisamment.

Même si vous êtes proche de l’âge de la retraite, attendez décembre et la publication du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 : il fixera peut-être les nouveaux paramètres.

N’attendez pas d’arrêter vos activités pour liquider vos retraites françaises

En France, l’âge d’ouverture des droits à la retraite est toujours, aujourd’hui, de 62 ans. Né en 1960, vous pouvez donc percevoir vos retraites françaises dès 2022… si vous ne les percevez pas déjà dans le cadre du dispositif pour carrières longues.

Même si vous continuez à travailler dans votre pays d’accueil, vous avez le droit de demander votre retraite française dès le 1er jour du mois qui suit votre 62e anniversaire. Le fait de continuer à travailler et à cotiser localement ne vous empêche nullement de le faire. Certes le texte relatif au cumul des retraites françaises avec une activité professionnelle demande de liquider l’ensemble de ses retraites françaises et étrangères. Mais, à l’exception des assurés ayant cotisé dans les régimes de la Fonction Publique, ce texte concerne le cumul des retraites avec des revenus du travail en France. Il ne s’applique pas au cumul avec des revenus d’activité professionnelle à l’étranger.

Taux plein : ne sous-estimez pas la date et n’attendez pas si la minoration est faible

Vous avez peu cotisé en France et craignant de subir une minoration pour carrière incomplète, vous ne demandez pas vos retraites françaises. Or attendre peut vous faire perdre de l’argent !
Commencez à faire le compte de vos trimestres. Si votre pays de résidence a signé une convention de sécurité sociale avec la France, les trimestres acquis grâce à vos cotisations auprès du régime de retraite local seront retenus pour le calcul du droit au taux plein. N’oubliez donc pas d’en tenir compte.

Pensez également à ajouter d’éventuels trimestres de service militaire ou de maternité et d’éducation, soit 8 trimestres par enfant.

Si votre pays d’accueil n’a pas signé de convention bilatérale avec la France, si vous n’avez pas repris d’activité localement ou si vous avez travaillé dans plusieurs pays étrangers et que vous êtes donc sous le coup de la règle de non-cumul des conventions, vous n’aurez pas droit à une retraite au taux plein dès 62 ans. Mais avez-vous mesuré l’impact de la minoration liée à cette carrière incomplète ? Il vaut parfois mieux toucher moins mais plus longtemps qu’attendre pour « viser » le taux plein.

Vous craignez de plus l’application du malus Agirc-Arrco si vous demandez vos retraites dès la date du taux plein ? Or ce malus est temporaire, donc là encore, il vaut mieux toucher de suite une somme minorée de façon temporaire qu’attendre un an supplémentaire.

Pensez au départ anticipé pour carrière longue

Vous avez commencé à travailler jeune : votre relevé montre 5 trimestres avant la fin de l’année civile de vos 20 ans (4 trimestres si vous êtes né entre octobre et décembre). Si vous n’avez pas cessé de cotiser depuis et si tous vos trimestres sont pris en compte, il se peut que vous ayez le droit de profiter de votre retraite dès 60 ans. Là encore, le fait de travailler dans votre pays d’accueil ne vous empêchera pas de percevoir vos retraites françaises.

Mesurez l’intérêt d’une cotisation volontaire à la CFE vieillesse

Vous cotisez dans un pays qui a signé une convention de sécurité sociale avec la France donc vous ne vous posez pas la question de cotiser de façon volontaire en France. Et « de toute façon, c’est trop cher » ! Vérifiez quand même.

En y réfléchissant bien, vous trouverez peut-être que l’investissement (608 € par mois si vos revenus annuels dépassent 41 136 €) présente un bon rendement et que la signature de l’État français n’est pas si mauvaise. Vous engrangerez des trimestres qui seront considérés comme cotisés et vous améliorerez le salaire de référence sur la base duquel la retraite de la sécurité sociale sera calculée.

Votre conjoint vous a suivi à l’étranger et il n’a pas encore retrouvé de job. Là encore, la cotisation volontaire à la CFE est à étudier. Pour 912 € par trimestre (en 2021), le conjoint qui n’exerce pas d’activité professionnelle, pourra continuer à cotiser pour sa retraite française s’il a relevé d’un régime français d’assurance maladie pendant au moins 5 ans et s’il se consacre à l’éducation d’au moins un enfant à charge de moins de 20 ans.

source : www.ufe.org