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Recap : revue de presse de la semaine du 21 au 26 avril 2013

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ACTUALITE REGIONALE

Les journaux israéliens ont fait cette semaine leur Une sur l’actualité régionale au moment où le Secrétaire d’Etat à la Défense américain, Chuck Hagel, succédait en Israël à John Kerry pour discuter avec ses homologues israéliens de la guerre civile syrienne et de la nucléarisation de l’Iran.
Dans le cadre de sa tournée proche-orientale, Hagel a atterri en début de semaine en Israël pour finaliser un contrat de vente d’armes prévoyant entre autres la livraison de missiles antiradars, d’avions de ravitaillement en vol ainsi que celle d’appareils de transport dernier cri « V-22 Osprey ».
Lors de ses entretiens avec le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, Hagel a affirmé qu’Israël n’avait pas besoin du « feu vert » des Etats-Unis pour lancer une opération militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Hagel a estimé que Jérusalem et Washington « voyaient d’un même œil la menace iranienne mais que les divergences portaient sur le calendrier ». Il a toutefois estimé que cette option devrait être prise en « dernier recours ».
L’Iran était également à l’honneur lors de la sixième conférence internationale annuelle sur la sécurité de l’Institut national pour les études de sécurité (INSS), qui s’est tenue mardi et mercredi à Tel-Aviv et qui a vu plusieurs experts israéliens et étrangers s’exprimer sur ces 2 sujets. Ce fut notamment le cas du général de réserve Amos Yadlin, l’ancien chef des renseignements militaires israéliens, qui  a estimé que l’Iran avait franchi la ligne rouge fixée par Israël et que seule une option militaire américaine sérieuse pouvait faire aboutir les efforts diplomatiques.

Dans le même colloque, le chef du département de recherches des Renseignements militaires, le général de brigade Itaï Baron, a accusé le régime syrien d’avoir fait usage d’armes chimiques (gaz sarin) contre les insurgés. Ces propos, soulignent les journaux, ont déclenché le courroux de l’Administration américaine, qui y a vu une tentative israélienne de pousser Washington à une intervention militaire en Syrie, compte tenu du fait que lors de sa récente visite en Israël, le président Obama avait déclaré que l’usage d’armes chimiques par Damas « changerait les règles du jeu ».
Après avoir démenti dans un premier temps avoir connaissance de l’usage d’armes chimiques, la Maison Blanche a fini par s’aligner sur les estimations des services de renseignements français, britannique et israélien, relèvent les médias. Dans une lettre envoyée au Congrès, la Maison Blanche a affirmé que les services de renseignement américains estimaient avec plus ou moins de certitude que le gouvernement syrien avait utilisé de manière limitée du gaz sarin. La Maison Blanche a toutefois ajouté que ces estimations ne suffisaient pas pour prendre des décisions mais qu’il fallait des faits « crédibles et solides ».
Enfin, l’actualité régionale de cette semaine a également porté sur l’interception par l’armée de l’air israélienne d’un drone, qui selon Israël, aurait été lancé par le Hezbollah depuis le Liban. C’est la deuxième fois en moins d’un an que le mouvement chiite libanais lance un avion sans pilote en direction du territoire israélien L’appareil a été abattu au dessus des eaux territoriales israéliennes et la marine recherche les débris pour vérifier s’il transportait des charges explosives. Les journaux annoncent que le mouvement chiite libanais a démenti toute implication.

ARTICLE D’INTERET :
Les médias ont largement relayé cette semaine la teneur de la sixième conférence internationale annuelle sur la sécurité de l’Institut national pour les études de sécurité.
Intitulé « les défis sécuritaires du 21ème siècle », ce colloque a notamment été consacré à l’Iran et à la Syrie. Nous avons choisi de retranscrire dans cette revue l’essentiel de l’intervention du général de réserve, Amos Yadlin, consacré à la nucléarisation de l’Iran.

PROGRAMME NUCLEAIRE MILITAIRE IRANIEN : UNE PERIODE DECISIVE / AMOS YADLIN – INSTITUT NATIONAL POUR LES ETUDES DE SECURITE (INSS)
Le présent document souhaite présenter une « photographie » de la situation au printemps 2013 et analyser les évolutions par rapport à celles qui prévalaient au printemps 2012.
1- Les grandes évolutions de l’année écoulée

Le programme nucléaire iranien continue de progresser et a franchi de nouvelles lignes
rouges, si bien que le délai de fabrication de la bombe sera réduit à trois mois seulement dès
lors que toutes les centrifugeuses seront activées.
La politique des Etats-Unis : l’année écoulée a vu un durcissement de la politique de l’Administration américaine. Ce durcissement s’est notamment traduit par l’alourdissement des sanctions qui ont causé des dommages importants à l’économie iranienne, mais aussi par une rhétorique déterminée de prévention et non de containment, couplée à des préparatifs militaires dans le Golfe persique. Le fait que les Américains se retirent à peine de deux campagnes militaires au Moyen-Orient et qu’il existe aux Etats-Unis un large consensus contre une nouvelle intervention, décrédibilise l’affirmation américaine selon laquelle « toutes les options sont sur la table ».
L’implication d’Israël : Au cours du premier semestre 2012, les dirigeants israéliens menaçaient explicitement d’une opération militaire contre l’Iran. Ces menaces ont conduit à une confrontation diplomatique avec les Etats-Unis qui ont fait pression sur Israël pour faire avorter l’attaque. En Israël, la pertinence d’une telle opération a suscité d’âpres débats, le président Peres s’étant même exprimé publiquement contre une attaque. En septembre dernier, Israël semble avoir modifié sa ligne rouge, qui porte dorénavant sur l’uranium enrichi à un taux de 20%. Ce changement a permis à Israël de reporter son opération même si l’Iran est entré dans un « espace d’immunité ». La perspective d’une attaque israélienne n’a plus fait les gros titres pendant la campagne présidentielle américaine et il est aujourd’hui trop tôt pour prédire si la nouvelle équipe gouvernementale soutiendra une opération autonome.
– La communauté internationale : la communauté internationale s’efforce à tout prix d’éviter une confrontation militaire et préfère épuiser les efforts diplomatiques. La Russie et la Chine ne se sont pas jointes aux sanctions des Etats-Unis et de l’Union européenne, même si leur opposition semble se réduire et si elles jouent un rôle positif dans le cadre des pressions diplomatiques exercées par le P5+1. En 2012, l’Union européenne a joué un rôle prépondérant dans les sanctions imposées à Téhéran.
– La stratégie iranienne : L’Iran poursuit une stratégie qui a fait ses preuves durant la dernière décennie. Le régime iranien progresse lentement mais sûrement vers la construction des infrastructures qui lui permettront, le jour venu, d’entamer une course rapide à la fabrication de la bombe. 

2- Trois scénarii possibles pour l’année qui vient

A/ Aucun changement
L’Iran veille à ne pas franchir les lignes rouges que lui fixent Israël et les Etats-Unis tout en progressant prudemment dans son programme nucléaire et en gérant les sanctions grâce notamment à ses surplus de devises étrangères. Le régime iranien prend garde à ne pas donner de prétexte à une attaque israélienne ou israélo-américaine. Aux yeux de la
communauté internationale, une opération militaire serait dans ce cas illégitime. Les négociations se poursuivent.
Il s’agit d’un scénario très problématique pour Israël car l’Iran pourrait continuer à accroitre ses stocks d’uranium et ses centrifugeuses. La course à la bombe n’en serait que plus rapide.

B/ Le canal diplomatique conduit à un accord
La crainte d’une opération militaire et l’incidence des sanctions sur l’économie conduisent les parties à signer un accord. Trois types d’accord peuvent être signés : 

1/ un « mauvais accord » : il empêche l’enrichissement d’uranium à un taux de 20% et intensifie le contrôle sur les installations. Il permet toutefois à l’Iran de préserver ses infrastructures et de fabriquer la bombe dans un laps de temps très court.
2/ Un « bon accord » : il démantèle totalement le programme nucléaire iranien et contraint Téhéran à exporter son uranium enrichi.
3/ Un « accord raisonnable » : la probabilité que l’un de ces deux accords soit signé étant faible, il semble plus probable qu’un accord raisonnable soit trouvé permettant aux iraniens d’enrichir de l’uranium tout en limitant le nombre de centrifugeuses. Cet accord contraint le régime iranien à fermer le site de Fordow et le réacteur d’Arak.
Israël doit alors décider si l’accord est recevable ou s’il lance une opération militaire en cas de signature du mauvais accord, et ce, contre l’avis de la communauté internationale.
C/ Crise ouverte
Affaibli par les sanctions, le régime iranien décide de se désengager du Traité de non prolifération, d’expulser les inspecteurs de l’AIEA et d’enrichir à un taux militaire. Un tel scénario contraindrait Israël et peut être même les Etats-Unis à lancer une opération 
militaire. Le second semestre 2013 sera une période décisive pour les trois protagonistes que sont l’Iran, Israël et les Etats-Unis. 

En 2012, les tentatives de stopper le programme nucléaire iranien ont échouées. Ni les pourparlers, ni les sanctions, ni même les opérations secrètes n’ont convaincu l’Iran de changer de politique. A ce rythme, les Iraniens parviendront d’ici la fin de l’année à une capacité de fabrication de la bombe d’un à deux mois s’ils font fonctionner leurs
centrifugeuses à plein régime.
Voici nos recommandations pour une politique visant à stopper ses développements 
dangereux : 

1/ Recommandations à l’Administration américaine :
A/ Nouveau cycle de sanctions : suspendre la participation de l’Iran dans les grandes institutions internationales (sport, culture, etc.) ; réduire les exportations de pétrole iranien vers la Chine et l’Inde ; blocus maritime ou terrestre.
B/ Renforcer la fiabilité de l’option militaire : déclarations et actions plus agressives, entrainement de bombardiers de type B-2 dans le golfe persique, intensification de la présence des porte-avions américains dans les Golfe, etc.
2/ Recommandions au gouvernement israélien :
A/ Préserver l’option militaire : s’il est contraint de choisir entre la bombe iranienne ou le bombardement de l’Iran, le gouvernement israélien doit opter pour la seconde option. Une option militaire fiable est au cœur de la stratégie israélienne.

B/ Ne pas s’exposer en première ligne : le gouvernement israélien doit poursuivre la politique qu’il a mené au second semestre 2012 et agir contre l’Iran sans s’exposer en première ligne. Les capacités israéliennes étant limitées, les efforts américains et internationaux doivent être une priorité.
C/ Agir en pleine coordination avec les Etats-Unis : l’épuisement des efforts diplomatiques permettra plus facilement aux Etats-Unis de venir en aide à Israël le jour ou la décennie d’après l’opération militaire. Israël doit impérativement coordonner ses décisions avec l’Administration américaine tant sur le plan diplomatique que militaire.
D/ Définition d’une nouvelle ligne rouge : la définition de lignes rouges est toujours problématique. La nouvelle ligne rouge fixée par Israël sur l’enrichissement d’uranium à 20% permet à l’Iran de s’imposer en tant qu’Etat « quasi-nucléaire » tout en demeurant en-deçà de la ligne fixée. La ligne rouge doit donc être fixée au laps de temps dont disposera l’Iran pour entamer sa course à la bombe. Cette ligne rouge ne devra pas être discutée publiquement.

MYTHE OU REALITE ? / SHIMON SHIFER – YEDIOT AHARONOT 

Israël a effectivement présenté des preuves tangibles pour l’usage d’armes chimiques, mais l’administration Obama, qui a qualifié un tel usage de « ligne rouge », refuse de se laisser convaincre. Les Américains n’acceptent pas qu’Israël leur dicte la date de leur intervention militaire en Syrie. Ils ne cherchent pas de preuves car ils préfèrent décider par eux-mêmes du moment propice à leur opération. A leurs partenaires, ils répètent qu’ils continuent à chercher indépendamment des preuves sur le terrain. Autrement dit : laissez-nous tranquilles, c’est notre décision. 

La leçon qu’on peut tirer de cet incident est que sur le dossier iranien non plus, les Américains ne vont laisser personne les pousser à intervenir avant qu’ils ne le veuillent. Ce sont les Etats-Unis qui décideront quelle est la ligne rouge, et quand il faut attaquer. Israël a donc une raison d’être inquiet car les lignes rouges américaines ont tendance à s’étirer,
jusqu’à ce que la réalité stratégique change.

LES DIFFICILES DECISIONS D’ISRAËL / DAN MARGALIT – ISRAEL HAYOM
L’ancien chef du renseignement militaire israélien, le Général Amos Yadlin, a jeté un pavé 
dans la mare mardi dernier à l’Institut national des études de sécurité, en affirmant que d’ici l’été prochain, l’Iran aurait certainement franchi la ligne rouge établie par le Premier Ministre Benyamin Netanyahou concernant son programme nucléaire. Yadlin a déclaré que l’Iran serait en mesure d’atteindre ses pleines capacités nucléaires d’ici la période des élections en juin. 

La situation est extrêmement compliquée. D’un côté, les iraniens développent des installations menaçantes. De l’autre, ils pourraient détourner des matériaux dangereux vers un usage civil, ce qui retarderait leur décision de mettre au point une bombe atomique. Mais la plupart des matériaux transférés vers des projets civils pourraient être plus tard réutilisés à des fins militaires, a affirmé Yadlin. Si l’Iran décide de se doter de l’arme atomique, le monde entier sera au courant. L’ancien conseiller pour la sécurité nationale Uzi Dayan a déclaré mardi que l’Iran ne pourrait garder une telle décision secrète, et ce même si les inspecteurs de l’Agence de l’Energie Atomique ne pouvaient pénétrer sur le sol iranien.
A l’époque où Yadlin était à la tête des renseignements militaires (2006-2010), il était connu pour préférer une intervention militaire israélienne plutôt que d’accepter un Iran nucléaire, bien qu’une telle décision n’était alors pas d’actualité. Il a annoncé jeudi dernier que le moment de prendre une telle décision était devenu imminent. Les déclarations de Yadlin sur l’Iran concordent avec celles du chef de la division de recherches du renseignement militaire, 
e général Itay Baron, qui a révélé que le président syrien Bashar Al-Assad a fait usage d’armes chimiques létales contre ses opposants – probablement du gaz sarin. Ce qui est incontestable, bien que les Etats-Unis préféreraient que l’ombre d’un doute persiste, afin de ne pas être obligés de tenir la promesse du Président Obama de répondre par la force à l’utilisation d’armes chimiques criminelles. 

Il y a un rapport entre le programme nucléaire iranien et les évènements en Syrie. Si les Etats-Unis ne donnent pas suite à leur menace contre le régime d’Assad à Damas, alors sur qui peut-on compter dans le monde libre pour être plus offensif et déterminé envers le régime iranien (qui ignore lui aussi les menaces d’Obama) ? Cela complique les démarches ayant pour but d’empêcher l’Iran d’obtenir l’arme atomique.
[…]
La situation d’Israël nécessite de prendre en compte ces nouvelles réalités.
Israël doit-il encourager les actions visant à empêcher les centrifugeuses iraniennes de 
tourner ou doit-il s’abstenir de toute activité dans lesquelles il ne bénéficie pas du support de la communauté internationale ? La décision est de plus en plus difficile à prendre à mesure que les jours passent. Yadlin a souligné mardi que le temps de choisir était devenu plus proche que jamais.

Ambassade de France à Tel Aviv

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