PARASHAT DEVARIM 2018 : CORRIGER SES ERREURS Shabbat du 21 juillet 2018 – Horaires Entrée 19 h 15 – sortie  20 h 27 – jeune de Ticha Be AV début 19 h 45 – fin 20 h 27

Le Deutéronome ou Devarim en hébreu, cinquième livre du Pentateuque est un livre dans lequel sont rassemblées toutes les remontrances que Moïse adresse au peuple d’Israël.

Cette péricope est toujours lue avant le jeûne de 9 beav[1]

Dans la parasha précédente – Mass’ey – furent énumérées toutes les étapes qui ont jalonné les 40 ans de pérégrinations dans le désert. La majeure partie des noms de ces étapes comportaient une allusion à la conduite du peuple vis-à-vis d’HaShem ainsi « kivroth hataava » fut l’étape où les bené Israël ont réclamé de la viande et ont été gavés de cailles ou les « Mey Meriba » où il y eut cette querelle à propos de l’eau et bien d’autres encore. Ici encore, dans les premiers versets de « DEVARIM », Rashi, relève des allusions sur la faute des explorateurs et les murmures de mécontentement contre la manne dans le verset  2 :

בַּמִּדְבָּר בָּעֲרָבָה מוֹל סוּף בֵּין-פָּארָן וּבֵין-תֹּפֶל, וְלָבָן וַחֲצֵרֹת–וְדִי זָהָב

Dans la plaine désertique, face à Souf, entre Paran’ et Tofel, Lavan, Hatsérot et Di Zahav.

En effet, le camp des tribus d’Israël se trouvait à Paran’ lorsque furent envoyés les explorateurs. C’est encore en ce lieu que les enfants d’Israël se récrièrent et pleurnichèrent en entendant le récit de ceux qui revinrent de leur « voyage d’études » et en dressèrent une esquisse terrifiante pour tous ceux qui préféraient garder les yeux fixés sur leur passé sans accorder confiance au D d’Israël.

Quant à Tofel, le Sage de Troyes, trace un parallèle avec la manne distribuée généreusement et qui, miraculeusement prenait le goût de ce que l’homme pouvait imaginer mais qu’eux, qui avaient été témoins de tant de prodiges, traitaient par le mépris. Tafel est un mot hébraïque qui signifie fade, sans saveur. Pour ce Sage, les allusions sont claires et, il y reviendra un peu plus loin lorsque les Bené Israël ne recevront pas la réprimande de Moïse mais, au contraire, s’exclameront en prétextant que D les a fait sortir d’Egypte parce que le Créateur les hait.

Moïse savait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à vivre, s’appliqua à prononcer son discours de réprimande en 70 langues de manière à ce que le monde entier soit témoin de ces paroles puis, il s’adressa à tout son entourage pour les encourager à poser des questions si des points de halakha n’étaient pas clairs ; cependant, tous certifièrent que tout était clair mais, au lendemain de la disparition du jeune fils d’Amram et Yokhéved, beaucoup de points de détails disparurent à jamais car, ils n’avaient pas posé de question……..

Il existe un autre  très célèbre commentaire sur la Torah intitulé le Kli Yakar[2] qui, sur cette sidra statue que Tofel est plutôt en rapport avec la faute du veau d’or car, précise-t-il, Paran’ était en rapport avec 9 beav[3], tandis que la faute du veau d’or eut lieu un 17 tamouz ! Ainsi, Rabbi Shlomo Ephraïm de Lounshitz tisse un lien entre ces deux fautes du peuple : le veau d’or expression du manque de confiance et d’assurance en D et, la faute des explorateurs qui fut, elle aussi un manque catastrophique d’assurance en la promesse divine !

Or, lors de la bataille contre Amalek, ce qui fut une preuve irréfutable de la force d’Israël et du soutien divin s’exprima par la confiance, la foi totale en HaShem et l’Unité du peuple (ahdout)[4] ou, si l’on préfère, le fait d’être soudés, collés l’un à l’autre.

C’est à cause de cette adhésion totale enHaShem et à cettefusion totale et nationale qu’Israël gagne ses guerres.

La prière que chacun adresse à D est une sorte de « laissez-passer » ou, mieux, de pièce d’identité :  lorsque naît un bébé dans le peuple juif son âme est connue et « enregistrée » et le moyen qu’elle a de se faire reconnaître de son Créateur est le tefila ou prière. Lorsque le Juif adhère de toute son âme au Saint béni soit-IL, qu’il prie et applique les préceptes contenus dans la Torah, HaShem « reconnaît » son enfant et IL  « maintient le contact » avec lui.

Voir Son peuple uni Lui procure une satisfaction immense. Le Midrash donne l’illustration suivante : n’importe qui peut cueillir un épi et le briser mais lorsque tous les épis sont liés ensemble personne ne peut détruire toute la gerbe.

En se désolidarisant et en perdant son contact avec HaShem, en perdant surtout sa foi en HaShem lorsqu’il a été déclamé « voici tes dieux Israël » que le peuple a perdu son identité.

Mais, il nous faut retenir une leçon de l’histoire pour pouvoir nous reconstruire et bénéficier de la reconstruction du Troisième Temple : le premier temple construit par Salomon fut détruit par Nabuchodonosor faisant tomber le peuple en exil aux mains de Babel à cause des trois fautes pour lesquelles D nous mit toujours en garde : l’idolâtrie (chose courante au royaume d’Israël), verser le sang et les relations sexuelles incestueuses. Néanmoins, UNE SEULE faute fut la cause de la destruction du 2ème temple : la HAINE GRATUITE qui, pesa aussi lourd que les trois fautes précédentes sur la balance de l’accusation d’Israël.

Lorsqu’un quidam ne veut pas reconnaître ses fautes, il rejettera ses torts sur quelqu’un d’autre. C’est pourquoi, dit Rashi, le peuple s’écria que si les choses en sont arrivées à ce point c’est parceque l’Eternel les hait !  L’illustre exégètes se répand en questions-réponses en énumérant les faits : le peuple dit pourquoi nous a-t-IL fait sortir d’Egypte dont la terre est si fertile et nous a-t-IL entraînés dans le désert et une terre aride ? C’est parce que D a besoin et désire entendre Ses enfants demander. Pourquoi vous plaignez-vous, l’Eternel S’est soucié de vos moyens de subsistance pendant 40 ans, de votre confort : toute la route a été   « confortable », IL vous protégés du soleil et de la chaleur, des serpents et des scorpions, des maladies, IL vous a donné des moyens de transporter vos richesses, des vêtements inusables et toujours propres, qui s’adaptaient aux transformations de votre corps. Sur le chemin un vent agréable soufflait pour vous rafraîchir agrémenté d’effluves de plantes aromatiques, pensez-vous que si HaShem vous haïssait IL vous aurait comblés ainsi de bienfaits ? Au contraire, vous, n’avez pas cessé de geindre, de vous plaindre, de maugréer. Vous avez tout le temps été grincheux. HaShem a fait des miracles et des prodiges, pour vous permettre de vous abreuver et d’étancher votre soif. Sont-ce là des marques de haine ? Comment avez-vous rendu grâce ?

La haine gratuite jalonne notre histoire : n’y a-t-il pas eu de haine entre Ishmaël et Isaac ? Oui mais, Ishmaël n’a pas porté le nom d’Abraham c’est Isaac qui l’a porté !

N’y a-t-il pas eu de haine entre Esaü et Jacob ?  Et entre Joseph et ses frères ? Oui mais…

Je vous propose de jeter en parallèle un coup d’œil sur les 4 royaumes auxquels le peuple juif a été assujetti : Babel, Maday (Perses), Grecs et les Romains.

Babel se révoltait contre HaShem, ils multipliaient les guerres (sang versé), les idoles et les crimes sexuels : Le peuple a été exilé chez eux et les Perses qui avaient les mêmes travers, pour corriger ses penchants.

Le Rav Dessler écrivit que Jacob haïssait son frère Esaü et c’est la raison nous avons été exilés chez Edom pour que le peuple juif comprenne qu’il n’est pas bon de haïr et on nous y  a haï.

La prière a un pouvoir immense dans nos rapports avec D mais aussi avec nos rapports entre humains et évidemment d’abord et avant tout sur nous-mêmes.

Caroline Elishéva REBOUH

 

[1] En Algérie, 9 beav était connu sous le nom de « teshâbeb » ou bien sous la désignation « du couteau à la mer »

[2] Rabbi Shlomo Ephraïm méLounschitz 1540  à Lounschitz en Pologne- 1619 à Prague

[3] Etant donné que le retour des explorateurs se fit à la veille du 9 av et que, devant les pleurs et les gémissements du peuple, HaShem avait promis qu’IL fournirait chaque année à ce peuple rebelle une occasion de se désoler à pareille date : 9 av !

[4] Un en hébreu se dit EHAD (comme le dernier mot de la profession de foi juive : « Shémâ Israël HaShem Elokénou, HaShem EHAD ») et le fait d’être ensemble et de ne former qu’une seule entité est AHDOUT

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