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PARASHAT SHEMINI – Shabbat du 18/04/2020 – horaires entrée 18 h 52 – sortie 19 h 51

SAVOIR GARDER LE CONTROLE

Rosh Hodesh Nissan, début de la deuxième année après la sortie d’Egypte. Moïse, une semaine durant, a effectué toutes les tâches inhérentes au Cohen Gadol, tous les sacrifices toutes les opérations montrant à Aharon et à ses fils comment ils devraient agir en tant que grands prêtres dans le Mishkan…

Le plus grand sérieux est requis, la plus forte concentration est indispensable. HaShem éprouve un amour sans borne pour ce peuple qui, à la moindre des occasions, s’enflamme et s’écarte et devient parfois infidèle.

La première semaine passée, le huitième jour, début de la première semaine effective, deux des quatre fils d’Aharon, entraînés par le zèle mais sans consacrer toute leur attention, sans se concentrer et sans se référer au grand prophète qui eût pu les guider, allument un feu « étranger » une flamme qui n’était pas désignée pour que l’encens y soit consumer et… s’en suit une catastrophe incommensurable :  deux des fils d’Aharon sont brûlés vifs.

La littérature rabbinique sur cet épisode tragique de la vie d’Aharon est très prolixe, les supputations sont nombreuses pour essayer de comprendre en quoi résidait leur faute…. Cependant, HaShem avait précisé pour l’encens des règles qu’il suffisait de suivre mot-à-mot. Le « travail » des Cohanim est complexe et exige une concentration de chaque instant : rien de ce qui est destiné au Créateur ne devant être traité à la légère (bekalouth rosh). C’est pour cette raison que Moïse fut investi du rôle d’instructeur pendant 7 jours et 7 nuits de manière à ce que le Cohen Gadol (et ses fils) fussent au courant des moindres détails tant pour ce qui concerne l’édification du Mishkan que pour tout ce qui concerne l’exercice du culte et la présentation des sacrifices[1].

Le Midrash Tanhouma au sujet de cette semaine qui précède immédiatement le 8ème jour s’exprime ainsi : ces 7 jours de travail ont en réalité illustré la période des sept jours du deuil des deux fils d’Aharon. En fait, la mort de Nadav et Avihou  n’aurait pas surpris ces cohanim en apprentissage si, au lieu de céder à l’enthousiasme irréfléchi / au zèle, ils avaient pris le temps de réfléchir d’où il leur fallait prendre le feu convenant au sacrifice qu’HaShem aime le plus (l’encens) car il était bien précisé qu’il fallait faire les choses consciencieusement pour ne pas être puni  ainsi qu’il est précisé dans le texte : qu’il faut bien observer toutes les consignes « afin de ne pas mourir »!

Ces sept jours devaient servir d’étude théorique (par l’étude  des lois qui se rapportent à ces tâches) et technique/ pratique en observant Moïse scrupuleusement…

Il est aisé de s’imprégner de cette semaine de liesse par rapport à l’édification du Mishkan et au fait qu’HaShem désormais résiderait au sein de Son Peuple mais tout en ressentissant une angoisse indescriptible face à la menace d’une faute commise par manque d’attention.

La péricope d’aujourd’hui commence comme souvent lorsqu’un évènement fâcheux est annoncé par la formule « vayehi » (ce fut). Le chiffre 8 annonce quelque chose qui brise le cycle naturel : huit étant au-dessus du naturel : la circoncision se pratique un huitième jour, la fête du renouveau de la Torah est pour « shemini atséreth » la fête de la  clôture[2] ou huitième jour après le début de souccoth.

Le grand exégète et philosophe Shimshon Rephaël Hirsch[3] donne au huitième jour une importance particulière comme c’est le cas pour le huitième jour après la naissance d’un nouveau-né mâle  où sera effectuée la circoncision. En effet l’enseignement traditionnel juif accorde aux nombres une signification particulière et si le nombre 6 représente la matérialité et le 7 la sainteté et la spiritualité, le 8 dépasse ces dimensions en se maintenant à un niveau de supra naturalité et en tendant ou, en visant la perfection. C’est ainsi que le huitième jour après l’inauguration du Mishkan, le Cohen Gadol – Aharon[4] – devait  se sublimer pour entrer au Service divin.

L’important à retenir dans tout le service divin célébré par les Cohanim était de « nettoyer » leur cœur du mauvais penchant, de l’orgueil que l’être humain peut être amené à ressentir d’après les fonctions qui lui sont confiées car il convient d’être humble en toute chose et en toute circonstance tout comme le fut Moïse le plus grand des Prophètes au sujet duquel il est  dit : « et l’homme Moïse fut un homme très humble »  sans cette qualité eut-il pu être « ish ha’Elokim » (l’homme de D)?

Le rôle du Cohen est en quelque sorte de constituer un lien puissant entre HaShem et Ses créatures d’une part pour transmettre la bénédiction du Ciel vers les créatures et d’autre part : intercéder moyennant prières / culte et sacrifices/offrandes pour demander le pardon des fautes mais aussi transmettre l’expression de la gratitude des foules….

En sachant que depuis la destruction du Temple les prières quotidiennes  ont été instaurées à la place des sacrifices qui ne peuvent être présentés, et la récitation du PITOUM HAKETORETH trois fois dans la journée[5]. De même, la bénédiction sacerdotale (birkat cohanim) est récitée lors de la prière de la âmida ou shemona essré[6] est récitée le matin et/ou l’après-midi.

Le feu qui dévora  les fils d’Aharon le Cohen : Nadav et Avihou était un feu qualifié d’étranger car il n’était pas le feu qui devait provoquer la fumigation de l’encens mais, il s’agissait du feu consacré aux sacrifices. Le traité de Guemara  Yoma décrit ce feu de manière magistrale et très éloquente : la différence essentielle qui existait entre le feu sacré et le feu profaner  réside tout d’abord dans le fait que le feu sacré ou saint était le feu qui descendait du ciel : qui émanait d’HaShem alors que le feu profane était celui que devait allumer le Cohen). Autre interprétation la présentation de l’encens n’avait pas été commandée par HaShem et, en conséquence, cet acte fait partie de ce qui n’a pas été inclus dans la loi ainsi qu’il est indiqué : lotossifouvelotigre’ouלא תוסיפו ולא תגרעו   (Devarim IV, 2) c’est-à-dire qu’il n’y a pas lieu d’ajouter ou de retrancher quoi que ce soit aux commandements de la Torah.

De même que les Pirké Avoth détaillent les dix différents miracles qui avaient lieu au Temple de Jérusalem lorsque le Temple existait encore, la guemara s’étend sur les 5 miracles qui avaient lieu alors quand étaient présentés les sacrifices : un feu descendait du ciel qui consumait l’holocauste et les graisses d’un coup au lieu de les laisser brûler lentement toute la journée. Ce feu ressemblait à un lion assoupi qui d’un coup rugit et s’élance sur sa proie il avait la possibilité de brûler peu importe si ce qui était présenté était sec ou mouillé sans provoquer de fumée il était d’une lumière aveuglante comme un soleil et il était visible concrètement. D’après le Talmud ceci ne se produisit que dans le Temple de Salomon.

Lorsque le feu céleste apparut l’ensemble du peuple comprit que la promesse de l’Eternel de résider au milieu du peuple se réalisait et c’est pourquoi ils se prosternèrent tous.

Caroline Elishéva REBOUH.

 

[1] Pas seulement la présentation des sacrifices mais savoir quel sacrifice convenait-il d’offrir et dans quel cas  (hatat, ola, toda, shelamim…),  de quelle bête il convenait ou de quelle autre sorte de sacrifice il pourrait s’agir : huile, pains de semoule etc… l’aspersion du sang, le dépeçage et toutes les autres opérations dépendant de cette opération jusqu’à la toilette des cohanim et leur façon de se vêtir dans chaque acte.

[2] Clôture du cycle des fêtes de Tishri où se mêlent là aussi angoisse des jours redoutables et la joie du redémarrage de la lecture de la Torah depuis le commencement ou Beréshit…

[3] Shimshon Rephaël Hirsch 1808 à Hambourg (Allemagne) – 1888 à Frankfurt am Main (Allemagne) fondateur de ce qu’il convient de désigner comme « nouvelle orthodoxie ».

[4] Et ses fils après lui.

[5] Dans tous les sidourim (livres de prières) figure le texte du Pitoum HaKetoreth qui détaille les 11 ingrédients composant l’encens brûlé au Temple. Ce texte est récité au début de l’office du matin (shaharith) et à la fin et une fois au début de l’office de l’après-midi (minha).

[6] Lors des trois offices de la journée (shaharith, minha et ma’arive) l’on récite une longue prière en se tenant debout –face au Créateur – désignée sous le nom de âmida (qui signifie se tenir debout) ou shemona essré – dix-huit – par le fait qu’elle est composée de 18 bénédictions -19 en réalité la 19ème ayant été ajoutée à une période plus tardive pour nous différencier des partisans du christianisme. Ces bénédictions concernent les trois domaines suivants : les trois premières bénédictions concernent en réalité la louange adressée à HaShem sur les patriarches, la sainteté de la Royauté divine, la force de D. les 13 autres bénédictions sont constituées de demandes (bakashoth) diverses pour nous et notre entourage/communauté/peuple ; les 3 dernières sont  des remerciements où nous reconnaissons qu’IL est notre D et que nous lui sommes redevables de tout ce qu’IL nous donne.

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