PARASHATH BEHA’ALOTEKHA 5785 – vendredi 13 juin 2025 – 17 sivan 5785
HORAIRES DE SHABBAT : Ashdod – Tel aviv 19 h 26 – 20 h 30
La parasha de be’haâlotekha (lorsqu’Aharon montera pour allumer les lumières de la menora) traite essentiellement de la menora qui était présente au Beith ‘HaMikdash (Temple de Jérusalem). Aharon, le Grand Prêtre, avait pour charge quotidienne non pas seulement la présentation des sacrifices, le balancement de l’encens, ou encore la bénédiction sacerdotale mais aussi l’allumage de la menora.
On ne disserte pas assez sur ce chandelier à 7 branches. C’est pourquoi aujourd’hui nous allons tenter de le définir, de voir ses dimensions et quelle est cette centralité qui fait que la Menorah est le symbole du peuple Juif tout autant que le Maguen David que nous aborderons une autre fois.
Dans le mot Menorah מנורה se retrouve le mot Ner נר) lumière ou bougie). La guematriya du mot menorah est égale à 301 qui équivaut à la valeur du mot esh אש = feu celui-là même qui nous a protégés depuis la sortie d’Egypte et qui est toujours présent dans le Beith HaMikdash.
La Menorah a été faite d’une seule pièce dans un bloc d’or pur. Les dimensions de la menora sont les suivantes : 18 tefahim (1) soit pratiquement 1,73 m pour la hauteur ; la largeur d’une extrémité à l’autre est de 12 tefahim soit 1,15m ; et la branche centrale est d’une hauteur de 15 tefahim soit 1,44 cette branche se rattachant au socle.
La menora avait sept branches et il existe de nombreuses symboliques. Les lampes de la menora étaient des lampes à huile d’olives spéciale que les cohanim allaient chercher près de Jérusalem dans une presse dont l’entière production était consacrée à l’usage du Temple. Les fioles renfermaient le précieux liquide puis, le Cohen Gadol y apposait son sceau pour éviter que l’huile ne soit destinée à un autre usage.
Les mèches des lampes étaient toutes dirigées vers l’axe central de la menora. Les lampes devaient brûler en permanence jusqu’au matin (2). Il est important de préciser que la présence de la menora ne venait pas palier un manque de clarté car la lumière extérieure pénétrait par les ouvertures larges à l’extérieur et plus étroites à l’intérieur du bâtiment.
La première symbolique de la menora est celle de la Sagesse. En effet, il existe des degrés croissants dans la Sagesse nous apprend le Rav Shimshon Rephaël Hirsch (3) ce sont : la Hokhma, la êtza, la daât, la yire’a, la guevoura et la bina soit en hébreu (4) : חכמה, עצה, דעת, יראה )יראת ה'(, גבורה ובינה.
Ou bien, en traduction française : la sagesse, le conseil, la connaissance, la crainte (de D), la puissance et l’intelligence. Ces facultés sont complémentaires car l’une sans l’autre n’a pas de valeur et elles sont indissociables du « point » vers lequel elles convergent et qui représente la shekhina (la présence divine). Les lampes figurent ces facultés tournées vers la shekhina. Elles sont disposées vis-à-vis l’une de l’autre ainsi en partant de la droite vers la gauche, les branches seront numérotées ainsi 1 et 6, 2 et 5, 3 et 4. D’autres opinions mettent en présence les sept étapes de la création : une branche pour chaque jour se faisant face et s’inclinant vers la branche centrale représentant le shabbat les autres branches représentant en suivant les autres jours de la semaine. Si l’on suit d’autres avis, empruntant l’idée de base des sept jours de la création, ou encore les sept astres5 nous arriverons dès lors à attribuer à chacune des branches une séphira de l’arbre séphirotique qui compte dix séphirot desquelles on retranche trois séphirot6: tif’éret, yessod et malkhout. Les autres séphirot se faisant face sont hokhma, bina, hessed, guevoura, netsah et ‘hod convergeant vers la sephira de keter qui est la Présence divine.
Selon une autre école cabalistique, certains exégètes pensent que les 7 séphiroth inférieures [les 3 séphiroth supérieures appartenant à D : Kéter (couronne כתר (Hokhma (Sagesse חכמה (et Bina (Intelligence בינה[) , les autres séphiroth correspondent au corps humain : Connaissance (daâth דעת(, Grâce/Vertu (hessed חסד(, Guevoura (force/puissance גבורה(, Tif’éreth (magnificence תפארת( , Netsah (victoire נצח(,’ Hod (Gloire הוד(, Yessod (Fondement יסוד(, Malkhout (royauté מלכות(.
D’autres penseurs considèrent les 7 branches de ce chandelier comme une allusion à 7 sciences primordiales pour le développement de l’humanité : au rang des 7 sciences sont incluses d’autres matières rappelées dans d’autres sources comme les Mathématiques (y compris la géométrie et l’algèbre) la Médecine et la botanique, la Musique, l’Astronomie, la Théologie, la Philosophie, et l’ésotérisme.
Enfin, d’autres encore voient dans ces sept branches un rappel des 7 peuples qui ont été combattus lors de l’entrée en Eretz Israël : les Cananéens, les Emoréens, les Pherézéens, les Hétéens, les Hévéens et les Jébuséens (Exode chap. III, verset 8) et les Guirgashéens. Pourtant, ces derniers ne figurent pas dans le verset pré cité alors que doit-on y comprendre ? C’est que, nous dit la Guemara de Sheviîth du Yéroushalmi au chapitre 6, les Guirgashéens ont été les seuls de ces sept peuples à partir du pays lorsque le peuple d’Israël est arrivé dans le pays. Le peuple a eu à combattre les six premiers peuples mais pas les Guirgashéens !…..
En rallumant les lampes de la menora, on tente de rallumer la lumière disparue lors de la faute originelle. Nous n’avons plus de Temple aujourd’hui pour rallumer la menora que devons-nous faire ? Etudier. Ainsi, nous prions pour remplacer les korbanot (sacrifices) et nous étudions pour tenter de rallumer la menora, l’huile va représenter le « matériel » (le gashmi גשמי (dont le rôle va être de transcender le spirituel (le rouhani רוחני(.
Pour sa part, Rabbi Shimshon Rephaël Hirsch pose la question de savoir quelle est la véritable et puissante symbolique de la Menora et pourquoi l’accent est il mis sur le fait qu’elle ait été faite en un seul bloc ? La réponse est celle-ci : de même que l’intelligence est symbolisée par la lumière, la menora est construite pour porter cette lumière, ou intelligence. La Menora EST ISRAEL et, elle est faite d’une seule pièce pour prouver qu’aucun autre peuple ne s’est joint à un stade quelconque pour permettre à l’intelligence d’Israël de luire dans le monde et d’éclairer le monde sans qu’il n’y ait de nécessité d’un apport quelconque provenant du monde extérieur. Ainsi, de par le matériau avec lequel elle est faite : l’or, et de par la lumière qu’elle fait resplendir sur le monde, la menora est précieuse.
Il existait une possibilité de la voir s’éteindre et cela eût été dans le cas où les Bné Israël se seraient mal conduits et n’eussent pas fait la volonté du Créateur. Ce qui fait encore allusion à la Terre qui « vomit » ses habitants pour la raison suivante : Terre, pays se dit eretz en hébreu ארץ mot qui vient de la racine -ר ה-צ vouloir ou de רצון volonté ce qui nous permet de comprendre ceci : si nous ne faisons pas la volonté du Tout Puissant, ce pays nous rejettera et nous en serons exilés.
Lors de la sidra précédente : Nasso, les sacrifices des chefs de tribus ont été évoqués ce qui occasionna une sorte de désespoir de la part d’Aharon qui se plaignit croyant que les nessiim étaient plus importants aux yeux d’HaShem. Le grand Prêtre obtint de la bouche même du Saint Béni soit-IL une parole de consolation : Aharon est si important pour l’Eternel que seul le Cohen Gadol devra allumer la menora et balancer l’encens mais, lorsque le Temple ne sera plus SEUL le Cohen pourra et devra bénir le peuple d’Israël !!
Une fois de plus la déraison s’empare du peuple qui ne se contente plus de la nourriture céleste c’est ainsi que des cieux pleuvent des cailles à tel point que la convoitise ne conçoit aucune limite et que le mauvais penchant exerce son pouvoir en entraînant l’homme au-delà de ce qui est permis.
Dans cette parasha nous abordons aussi le thème de la médisance ou mauvaise langue (lashon harâ).
La médisance est très complexe. Dans la Mishna Avoth (III, 13) il est écrit au nom de Rabbi Akiba : שתיקה לחכמה סייג c’est-à-dire le rempart de la sagesse est le silence. C’est un peu dans la même veine que Shlomo HaMelekh a écrit : il y a un temps pour chaque chose : un temps pour parler et un temps pour murmurer mais, en étudiant les règles de la médisance nous retiendrons que les règles suivantes : toute chose n’est pas bonne à dire et ne vaut d’être répétée, colportée et publiée que pour le cas où cette « chose » a été vérifiée comme étant exacte ET s’il y a vraiment un intérêt CAPITAL (sécurité par exemple) à colporter ce bruit et, est ce qu’en répandant la nouvelle quelque chose de grave pourra être évité ? Sinon, il vaut mieux se taire et ne pas prêter oreille au colporteur de rumeur car celle-ci est meurtrière car elle assassine celui qui médit, celui sur lequel on médit et celui ou ceux qui écoutent.
En effet, souvent on dit que la médisance de Myriam sur Tsipora (épouse de Moshé) consistait dans le fait que Myriam a dit de sa belle-sœur qu’elle était « koushit » (noire) mais en fait la médisance résidait en ceci que Myriam et Aharon critiquèrent leur frère du fait qu’il n’entretenait plus de relations conjugales avec sa femme dès lors que Moïse eut la révélation divine et se vit confier une fonction au service divin dès l ‘épisode du buisson ardent sur le Mont Sinaï. Moïse avait très bien compris qu’il devait se tenir au service de D et être disponible à tout moment c’est alors qu’il comprit que sa mission lui interdisait d’avoir des relations conjugales.
Si l’on peut s’exprimer ainsi, D prit la défense de Son serviteur Moïse en justifiant sa conduite et pour bien illustrer le cas D s’adressa à Myriam et Aharon à un moment où ils étaient impurs pour avoir accompli leur devoir conjugal. (7) Pour sanctionner cet accès de médisance, Myriam fut frappée de lèpre. D signifia à Myriam et à Aharon que Moïse est le plus fidèle de tous les membres du peuple et qu’Il s’entretient avec lui de manière unique : face à face.
Myriam et Aharon avaient eu la faiblesse de se comparer à leur jeune frère en disant qu’ils étaient, eux aussi, des prophètes (ne dit-on pas Myriam haNeviya ou Myriam la prophétesse ?) et que ce n’est pas pour cela qu’ils s’étaient séparés de leurs conjoints. HaShem leur répondit la chose suivante :
1) Il y a plusieurs sortes de prophètes et, pour la plupart, ceux qui pouvaient recevoir la prophétie ne la recevaient pas directement : ils la recevaient le plus souvent en songe, ou lorsqu’ils tombaient en transe ou en une sorte d’évanouissement. Dans leur songe ils voyaient une sorte de miroir embué au travers duquel ils apercevaient des formes non distinctes et entendaient une voix leur communiquant la prophétie.
2) Moïse n’appartenait à aucune sorte de ces prophètes car il est et sera le seul à jamais à parler avec l’Eternel à tout moment sans aucun artifice et sans aucun intermédiaire ce qui fait qu’il devait toujours être en état de sainteté.D confirme que Moïse est supérieur à tous les prophètes :
לֹא-כ ן, ַע ב ִּד י מֶֹׁש ה: ְּב כ לְּ-ב ית י, נ אֱמ ן הּוא (3
פ ה א ל-פ ה אֲד ְּב רְּ-בֹו, ּומ ר א ה ו לֹא ב ח ידֹת, ּות מֻ נ ת י הו ה, י ְּב יט (4
Mais non : Moïse est mon serviteur; de toute ma maison c’est le plus dévoué. Je lui parle face à face, dans une claire apparition et sans énigmes; c’est l’image de Dieu même qu’il contemple.
L’Eternel confirma à Aharon et à Myriam que leur frère était d’un tel niveau d’humilité qu’il n’a pas pensé qu’il était nécessaire de communiquer à sa fratrie la raison pour laquelle il se séparait de son épouse : car, ils auraient pu penser en termes actuels « non mais, pour qui se prend-il » ? Aussi pour éviter toute interprétation inutile, il préféra garder pour lui-même cette décision.
Sur un autre plan, Tsipora qui s’était convertie et avait adopté la vie de cet homme extraordinaire qu’était Moïse et se contenta de vivre dans son ombre tout en prenant parfois sur elle des décisions importantes (comme la circoncision de son fils) se trouva humiliée par les propos de Myriam. Celle-ci se trouva punie de lèpre, bien que bénéficiant pendant son isolement, d’un statut spécial dû au fait qu’elle avait veillé sur Moïse lorsqu’il voguait sur les flots du Nil et qu’elle procura à la fille de Pharaon une nourrice parmi les femmes des Hébreux. Ceci prouvant s’il en était besoin qu’un bienfait n’est jamais perdu. Même le moindre des bienfaits, comme l’énonce le verset de l’Ecclésiaste XI, 1 :
שלח לחמך על פני המים כי ברוב הימים תמצאנו
Répands ton pain à la surface de l’eau car un jour tu le retrouveras.
C’est de cet épisode que nous apprenons de la bouche-même de Moshé Rabbénou qui pria pour sa sœur selon cette formule : « Ana el na ref’a na la » « S’il te plaît/de grâce, guéris la/le ou citer le nom de la personne malade »…
Caroline Elisheva REBOUH
1– Selon le Hazon Ish, chaque téfah mesure 9,6 cms.
2- Le premier jour où Aharon alluma les lampes de la menora et de par ce mérite les lumières ne s’éteignirent que lorsqu’elles durent être rallumées le lendemain. On raconte aussi que par le grand mérite de Shimon ‘HaTsadik, les lumières restaient allumées 24 heures durant. 3Samson Raphaël Hirsch né en 1808 à Hambourg et décédé en 1888 à Frankfort (Allemagne). 4-Isaïe XI, 2. Pirké avot.
3- Samson Raphaël Hirsch né en 1808 à Hambourg et décédé en 1888 à Frankfort (Allemagne).
4– Isaïe XI, 2. Pirké avot
5- Le soleil, la lune, mars, mercure, jupiter, vénus et saturne.
6- Représentant les mondes inférieurs.
7– commentaire de Rashi bamidbar XII,4.
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