Une étude menée sous la direction du Prof. Ariel Munitz, de la Faculté des sciences médicales de l’Université de Tel-Aviv par le doctorant Anish Dsilva, a identifié une protéine constituant un facteur déclencheur de l’œsophagite à éosinophiles, inflammation chronique de l’œsophage causée par des allergies alimentaires. Selon les chercheurs, la neutralisation de cette protéine (la TSLP) pourrait soulager considérablement les symptômes de la maladie, et constituer une avancée majeure dans son traitement.

Munitz anish

L’étude, réalisée en collaboration avec le Dr Chen Varol de l’hôpital Ichilov, le Prof. Marc Rothenberg de l’hôpital pour enfants de Cincinnati aux États-Unis et la société pharmaceutique AstraZeneca, a été publiée dans la revue Allergy, principale revue de recherche en immunologie clinique.

Elle a été financée par la Fondation israélienne pour la recherche, la Fondation binationale israélo-américaine pour la recherche et la Fondation Azrieli Canada-Israël.

Comprendre la maladie

« L’œsophagite à éosinophiles (EoE) est une forme d’allergie alimentaire, une inflammation chronique de l’œsophage causée par une réaction immunitaire anormale à certains aliments : lait, œufs, blé, noix, poisson, etc. », explique le Prof. Munitz. « La maladie se caractérise par une accumulation d’éosinophiles, type de globules blancs normalement absents dans un œsophage sain. Elle est souvent associée à d’autres allergies, comme l’asthme et la dermatite atopique. Elle provoque des difficultés à avaler, des douleurs thoraciques et abdominales, et parfois un retard de la croissance chez l’enfant. Les traitements actuels nécessitent un régime restrictif et, dans les cas graves, les patients subsistent grâce à des compléments d’acides aminés essentiels. Au cours des dix dernières années, la prévalence de la maladie a considérablement augmenté dans le monde, y compris en Israël. Nous étudions cette maladie en profondeur pour mieux comprendre le rôle des différents composants du système immunitaire dans son développement, car ils pourraient constituer des cibles thérapeutiques potentielles pour le traitement de cette maladie ainsi que d’autres affections allergiques ».

Dans une précédente étude, le Prof. Munitz et l’équipe de son laboratoire ont publié, également dans la revue Allergy, un modèle expérimental reproduisant fidèlement le déroulement et les symptômes de l’œsophagite à éosinophiles chez l’homme. Dans le prolongement de cette étude, les chercheurs se sont à présent concentrés sur un des aspects spécifiques de la maladie, dans l’optique de comprendre le rôle joué par les cellules épithéliales dans son évolution. « Les cellules épithéliales forment une barrière protectrice qui empêche les corps étrangers d’entrer dans les organes, notamment dans le système digestif et respiratoire », explique le Prof. Munitz. « En cas d’allergie, elles libèrent diverses substances en réponse à un élément allergène, déclenchant ainsi la réaction inflammatoire responsable des symptômes allergiques ».

La protéine TSLP : un acteur clé

Les chercheurs ont constaté que dans le cas de la maladie, les cellules épithéliales de l’œsophage sécrétaient de fortes concentrations de deux protéines qui jouent un rôle clé dans l’immunité : l’IL-33 (Interleukine-33) et la TSLP (lymphopoïétine stromale thymique). Ils ont également découvert que le tissu œsophagien contenait des cellules immunitaires dotées de récepteurs de ces deux protéines, suggérant qu’elles jouent un rôle actif dans le déclenchement de la maladie.

En utilisant l’ingénierie génétique, ils ont ensuite créé différents modèles éliminant l’une des deux protéines, pour vérifier si elles jouaient un rôle distinct ou si agissaient conjointement.

Les résultats ont été clairs : la suppression de la protéine IL-33 n’a pas modifié le cours de la maladie ; en revanche celle de la TSLP a entraîné une amélioration significative, voire la guérison dans certains cas. De même, la neutralisation de cette protéine au moyen d’un anticorps a considérablement réduit les symptômes. Les analyses bioinformatiques et de séquençage génétique ont confirmé le rôle essentiel de la TSLP dans la régulation de la maladie, faisant de cette protéine une cible thérapeutique prometteuse.

« Dans cette étude, nous avons démontré que la protéine TSLP joue un rôle central dans l’œsophagite à éosinophiles, une maladie qui cause une souffrance importante et dont la prévalence augmente à travers le monde. Nous savons que des laboratoires pharmaceutiques développent actuellement divers anticorps ciblant les protéines impliquées dans les maladies, et notamment contre la TSLP, et nous pensons que ces anticorps pourraient constituer un traitement efficace contre l’œsophagite à éosinophiles », conclut le Prof. Munitz.

Photo : Le doctorant Anish Dsilva (à gauche) et le Prof. Ariel Munitz.

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