Le Loulav est, dans toute la littérature juive, le symbole par excellence de la nécessité d’équilibrer nos priorités dans la vie — un équilibre qui doit inclure, avant tout, l’attention portée à autrui.
L’histoire du rabbin Mordékhaï de Chelm
On raconte l’histoire du malheureux rabbin Mordékhaï de Chelm, si pauvre qu’il ne mangeait à chaque repas que du pain et de l’eau.
En l’honneur du Shabbat, il s’offrait tout de même un petit poisson qu’il partageait aux trois repas du jour saint.
Mais il y avait une autre chose sur laquelle il acceptait de « se faire plaisir » : l’achat d’un magnifique bouquet de Loulav pour la fête de Souccot. Toute l’année, il mettait de côté la moindre petite pièce de monnaie afin d’économiser pour son Loulav (branche de palmier) et son Etrog (cédrat).
Comme à son habitude, quelques jours avant Souccot, il prit la route vers la grande ville pour acheter son bouquet. En chemin, il aperçut un homme assis au bord de la route, pleurant amèrement. Le rabbin Mordékhaï s’approcha de lui et lui demanda ce qui n’allait pas, et s’il pouvait l’aider.
L’homme lui expliqua qu’il était le porteur d’eau du village. Chaque jour, il attelait son cheval à sa charrette, allait puiser de l’eau au puits, remplissait ses cruches et les rapportait en ville pour les vendre. Ce travail constituait son seul moyen de subsistance, lui permettant à peine de nourrir sa famille.
Mais ce jour-là, son cheval s’était soudainement effondré et était mort. Il n’avait aucune économie pour en racheter un autre. Sans cheval, il n’avait plus de travail, et sans travail, sa famille était condamnée à la faim.
Alors, le rabbin Mordékhaï sortit toute la somme qu’il avait économisée pour acheter son Loulav et son Etrog, et la donna à cet homme. C’était exactement le montant nécessaire pour acheter un nouveau cheval.
Puis il reprit la route vers sa maison, les mains vides mais le cœur plein.
Une mitsva d’un autre ordre
Lorsqu’il arriva chez lui, sa femme lui demanda comment s’était passé son voyage et quel genre de Loulav il avait trouvé. Il lui répondit qu’il avait accompli une grande mitsva (commandement de la Torah) en l’honneur de la fête de Souccot — mais pas celle du Loulav.
Il lui raconta toute l’histoire, ajoutant qu’il était heureux, cette année, de se contenter du Loulav et de l’Etrog communautaires. Il accomplirait ainsi la mitsva d’une manière moins parfaite sur le plan rituel, mais il aurait réalisé la mitsva suprême : celle de rendre un être humain heureux.
Le véritable sens du Loulav
Le Loulav est, à travers les âges, un symbole intemporel de l’équilibre intérieur. Il nous rappelle qu’il faut savoir ordonner nos priorités : il est courant de voir des gens dépenser des sommes considérables pour obtenir le plus beau Loulav et le plus parfait Etrog — ces simples végétaux — sans jamais manifester autant d’intérêt, ni d’attention, envers leurs semblables.
La Torah distingue deux types de mitsvot :
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celles entre l’homme et D.ieu,
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et celles entre l’homme et son prochain.
Et le message du Loulav est clair : nous devons prendre soin des secondes avec autant de soin, de respect et de ferveur que nous en mettons à accomplir les premières.
Souccot nous invite à bâtir non seulement des cabanes, mais aussi des ponts d’humanité et de solidarité.
Par le rabbin Ari Enkin
Ashdodcafe.com
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