S’appuyant sur une vaste enquête de terrain, des entretiens et des données qualitatives et quantitatives, Didier Meïr Long et Dov Maimon dressent un constat alarmant et envisagent plusieurs scénarios pour l’avenir de la communauté juive. Leur livre, paru le 22 mai dernier et intitulé « La fin des Juifs de France ? », s’adresse en particulier aux Juifs d’Europe qui s’interrogent sur leur propre avenir et celui de leurs enfants.
Les Juifs de France réalisent que leurs descendants ne vivront probablement pas dans l’Hexagone, une évidence ancrée dans les réalités démographiques. Si les communautés des « petites Jérusalem », comme Sarcelles et Créteil, sont contraintes, au mieux, à la discrétion, au pire, au départ, la situation est encore plus critique pour ceux vivant dans les quartiers sensibles. Ces derniers, souvent plus démunis, se sentent particulièrement vulnérables, craignant d’être les premières victimes d’un État qui semble réticent à rétablir l’ordre dans ces zones délaissées.
La communauté juive se sent isolée. Dans un pays où l’armée est symbolique, où la police hésite et où la justice manque d’outils et de volonté pour faire respecter la loi, le sentiment d’abandon est palpable. Les « samedis noirs » de décembre 2018, lors du mouvement des Gilets Jaunes, en sont une illustration marquante : des groupes radicaux ont attaqué les quartiers chics de Paris, causant dégradations et incendies, allant jusqu’à pénétrer des domiciles privés. Que ce soit par laxisme ou par débordement des forces de l’ordre, le résultat fut une absence d’intervention policière lorsque la population en avait le plus besoin. Même dans des lieux réputés sûrs, un rabbin prestigieux a été agressé deux fois en quinze jours à Deauville et Neuilly, des faits minimisés par certains médias.
La présence des Juifs en Europe n’est plus justifiée, pas même par des explications spirituelles données par ce Rav agressé en parlant de la chasse de l’obscurité par la lumière. La « lumière » de la Torah et du peuple d’Israël se trouve en Israël, dans ses grandes académies talmudiques, et non dans les villes européennes.
Mon récent séjour en Hollande a renforcé cette conviction. J’y ai découvert une communauté juive craintive, des touristes israéliens contraints de parler anglais pour éviter d’être identifiés, une synagogue Habad désertée le vendredi soir par peur, et des islamistes arrogants. Un drapeau palestinien déployé face à un restaurant israélien en plein centre-ville par provocation témoigne d’une impunité inquiétante. Et ce, dans un pays considéré comme relativement accueillant pour les Juifs, comparé à la Belgique, la Grande bretagne ou la France. J’ai croisé des Juifs belges à Amsterdam prenant un vol El Al pour Tel Aviv, discrets et baissant la tête, rappelant malheureusement la situation de leurs aînés dans les années 1930.
Plus grave encore, certains Juifs se voient aujourd’hui contraints de se désolidariser d’Israël pour maintenir leur existence sociale ou communautaire. Qu’il s’agisse d’une femme « Rabbin » représentant les Juifs libéraux, tentant de dissocier le lien entre le gouvernement israélien et la diaspora, ou d’une ancienne journaliste juive et célèbre, critiquant de façon scandaleuse la manière dont Israël se défend face au terrorisme. Sur une radio juive en France, un avocat-chroniqueur de la station nous explique qu’un Juif en Europe a le droit de dénoncer ce qu’il se passe à Gaza, et pour ne pas trop choquer, il continue en disant qu’il ne faut pas dévoyer le terme de génocide. Une tendance à l’auto-censure émerge. Beaucoup de ceux qui choisissent de rester en Europe pour des raisons matérielles, personnelles ou familiales semblent prêts à tordre leur propre raisonnement pour justifier leur présence dans un environnement de plus en plus hostile.
Depuis quand la soumission des Juifs aux pires thèses politiques de leurs pays respectifs ne les a-t-elle épargnés de quoi que ce soit ? Le Juif européen est-il en train de prendre des leçons du Juif vivant en Iran ou en Tunisie ?
Je tiens à mettre en garde les Juifs de la diaspora : n’écoutez pas aveuglément vos responsables communautaires. Ces derniers ont des obligations envers les gouvernements européens, qui parfois les financent et les surveillent, et leurs intérêts ne s’alignent pas toujours avec les vôtres. Les applaudissements entendus lors du dernier dîner mondain du CRIF ne sauveront personne et l’État d’Israël n’interviendra pas dans des pays considérés comme amis diplomatiquement. Passez de simple spectateur de votre vie à acteur et décideur de votre avenir en choisissant une vie plus modeste mais libre, heureuse et spirituelle.
Nous avons tous une responsabilité collective envers le peuple juif et nous devons lutter contre l’assimilation, souvent qualifiée de « Shoah silencieuse ». Des études indiquent que le taux de mariages mixtes en Europe et aux États-Unis varie entre 50 et 70%, un phénomène particulièrement prononcé chez les jeunes générations et les Juifs non-orthodoxes. Mais l’assimilation ne se limite pas aux mariages : elle se manifeste aussi par une baisse de l’appartenance communautaire et synagogale, une perte d’identification à l’identité juive et un effacement des repères culturels traditionnels.
L’exemple de New York est frappant : des Juifs qui se croyaient en sécurité et en nombre pourraient se retrouver minoritaires et en danger avec l’élection potentielle d’un nouveau maire hostile à Israël. Zohran Mamdani, donné gagnant par les sondages, désigné par le parti démocrate pour les élections de novembre 2025, est musulman, anti-israélien, pro-BDS, accusé de relayer des images antisémites de Hanouka 2024, et promettant d’emprisonner Netanyahou s’il mettait les pieds dans sa ville.
Il n’est pas trop tard pour vous accorder un bel avenir, mais le temps presse.
Rony Hayot pour Ashdodcafe.com
Journaliste – 67 ans, vit à Bet Shemesh en Israël.
Co Fondateur du mouvement citoyen Nikion Kapaim.
Chargé des dossiers sur la pauvreté et le gaz
Ashdodcafe.com
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