PARACHA NITSAVIM 5785 – vendredi 19 septembre 2025 – 26 Eloul 5785

HORAIRES DE SHABBAT
NETANYA – 18h21 – 19h17
JÉRUSALEM – 17h59 – 19h15
ASHDOD – TEL AVIV – 18h21 – 19h17
PARIS – 19h36 – 20h40
MARSEILLE – 19h23- 20h22

Nous sommes à quelques jours de Rosh Hashana et depuis le début du  mois d’Eloul et jusqu’à la fin de Yom Kippour le Juif a la possibilité de  faire teshouva, de se repentir, pendant 40 jours : 30 jours du mois d’Eloul  et 10 jours « redoutables » de Rosh Hashana à Kippour.

De même qu’en adhérant à un club, nous prenons sur nous de nous  conduire d’après les règlements du club, de même, en étant Juif, notre  libre-arbitre doit nous guider vers un choix judicieux qui est de choisir la  vie, l’obéissance au Créateur et à l’observance des Mitsvoth de la Torah.

Pendant ces 40 jours, nous entendons la sonnerie puissante du shofar et  nous récitons des textes nous aidant à exprimer tous nos regrets de ne  pas nous être conduits exactement (ou même approximativement)  comme l’a demandé le Maître de l’Univers à toutes Ses créatures mais en  particulier à Son peuple et, en souhaitant que nos suppliques soient  exaucées et que nous sera accordée une année supplémentaire en  cadeau.

HaShem nous inonde de cadeaux en tous genres. En sommes-nous réellement dignes ? En sommes-nous réellement conscients ? Le texte de la Torah détaille « qu’aujourd’hui » nous sommes là debout devant D.  Le mot « natsiv » signifie au sens propre « représentant ou gouverneur »  mais, dans un autre sens le mot natsiv signifie colonne conférant une  image de solidité, de stabilité comme le mot dérivé yatsiv, stable. La  Torah précise que tout le peuple convoqué par Moïse le jour de sa mort  se tient debout devant l’Éternel. Chacun quel qu’il soit : représentant ou  chef de tribu, homme ou femme, jeune ou plus âgé, quelle que soit la  profession, du fendeur de bois (bûcheron) au puiseur d’eau, qu’il  appartienne au peuple ou qu’il en soit étranger, tous se tiennent debout  devant le Maître du Monde.

Chaque personne prie avec ferveur, regrettant ses errements et ses  erreurs de jugement, de fonctionnement envers le Créateur, tout comme  envers le prochain. Chacun a un projet de quelque ordre qu’il soit et  souhaite le mener à bien, et ajouter à son actif encore un peu de tsedaka,  encore une bonne action. Aider encore et encore. Cela ressemblerait  presque à un architecte qui établit un plan pour construire une maison et,  il ajoute ici une terrasse et là une salle….ou à un banquier qui tente de pouvoir ajouter un ou plusieurs autres zéros (millions) à son actif  bancaire dans le but d’améliorer le sort de sa communauté.

Les 40 jours de teshouva (repentir) servent à permettre à l’être humain  d’analyser et de passer en revue tout ce qui s’est passé dans l’année  précédente et d’essayer de s’améliorer.

Depuis le premier jour des « selihoth » (du mot seliha = pardon) et jusqu’à  la néîla de kippour (ultime prière et supplique de Kippour), l’homme doit  avoir pour ambition de se parfaire. Ces 40 jours sont un délai pendant  lequel il est souhaitable de faire un effort pour nous-mêmes. Comme  on le dit familièrement : maintenant c’est l’heure ! Après l’heure, ce n’est  plus l’heure.

Pourquoi justement la fête de Kippour se termine-t-elle par la Néîla ? Que  signifie ce mot ? Le mot « néîla » signifie clôture. C’est un terme beaucoup  plus fort que le mot « fermeture ». En hébreu, le mot cadenas ou verrou se  traduit par le mot « man’ôul »1. C’est un mot pesant qui laisse comprendre  que rien ne peut intervenir pour briser le jugement rendu ! Rien ? D a  prévu tout de même un recours pour ceux qui se réveillent après : le  dernier recours a lieu pour Hoshâna Raba (le dernier jour de Souccoth)  durant cette veillée, on étudie toute la nuit et on récite encore quelques  selihoth et on sonne encore du shofar pour ébranler notre mauvais  penchant.

Car, malgré tous les verrous qui peuvent exister, HaShem a prévu 3  « portes de sortie » qui ont un pouvoir supérieur et peuvent briser TOUS  les verrous, TOUS les jugements et ce sont :

LA PRIERE
LES LARMES
LA TESHOUVA (le repentir). 

Si, dans les prières que nous récitons tous ensemble, le texte est à la  première personne du pluriel et pas à la première personne du singulier,  c’est parce que nous sommes tous responsables les uns des autres et  que TOUS ENSEMBLE nous formons UN SEUL PEUPLE, le peuple de D !

En pleurant, nous demandons pardon pour nos fautes faites au vu et su  de tous comme pour celles dont nous sommes fautifs et dont personne  n’est témoin.

Au début de ce commentaire nous avons examiné le verbe יצב qui  signifie se tenir debout. Mais pourquoi la Torah n’a-t-elle pas utilisé plutôt  le verbe de la racine hébraïque עמד ? La prière pendant laquelle nous  effectuons 18 génuflexions trois fois par jour, ne doit-elle pas s’effectuer  en station debout ? Ne l’appelle-t-on pas justement pour cela « âmida » עמידה ? C’est qu’il existe une différence très importante entre עמד et יצב le premier signifie se tenir debout tandis que l’autre indique que la station  debout est faite par force comme si l’on était ancré au sol.

Lorsque nous prions la âmida, nous « agitons » notre corps d’avant en  arrière un peu comme un roseau agité par le vent et dont les racines le  maintiennent au sol alors qu’en étant yatsiv : stable, nous nous tenons  debout, dignement, sans bouger dans l’attente de la sentence.

Le traité talmudique de Rosh Hashana énonce dès son début deux enseignements le premier est que il existe 4 sortes de Rashé Shana  (pluriel de rosh hashana) au long du calendrier hébraïque2 et il y a aussi  4 périodes de « jugement » : à Pessah, le sort des récoltes est fixé pour  l’année (taille des céréales, qualité, quantité etc…), à Shavouoth le sort des arbres fruitiers est fixé pour l’année, à Souccoth est fixée la quantité  et la périodicité des pluies et de la rosée qui seront attribuées au monde  mais, pour Rosh Hashana seront fixées les « destinées » des créatures  humaines car chacune d’elle devra défiler devant le Saint béni soit-IL ce  jour-là ainsi qu’il est écrit :

בארבעה פרקים העולם נידון: בפסח, על התבואה. בעצרת, על פירות האילן. בראש השנה, כל באי עולם עוברין לפניו כבני מרון, שנאמר « היוצר יחד, ליבם; המבין, אל כל מעשיהם » )תהילים לג,טו(. ובחג, נידונים על המים.

Le monde est jugé à 4 épisodes différents : à Pessah pour les moissons,  à Shavouoth (cette fête se nomme aussi âtsereth ou clôture) pour les  fruits de l’arbre, à Rosh Hashana, toutes les créatures du monde passent  devant Lui comme des moutons, ainsi qu’il est dit « Il a formé leurs cœurs  à tous et examine leurs actes » (Psaumes XXXIII, 15) et, pour Souccoth  (qui est appelé seulement Hag) le monde est jugé pour l’eau.

La mishna spécifie bien que tout ce qui existe dans le monde d’animal ou  de végétal possède une période dans l’année où va être émis un jugement  à son égard.

Et l’homme en particulier, lui, le roseau pensant, lui qui est capable de  comprendre et de faire la différence entre le bien et le mal. Un arbre qui  sera jugé n’est pas doté de faculté de compréhension, il ne peut se  mouvoir il est ancré dans le sol et n’a pas de choix à faire, à aucun  moment, il subit le rôle qui lui a été imposé et ne possède pas de libre  arbitre alors que l’homme a le choix parce qu’il comprend : מבין הוא. מבין

en guematriya équivaut à 102 tout comme יצב et en tant qu’être  responsable, il doit rendre des comptes pour que son âme se sente  purifiée et, justement : donner ou rendre des comptes équivaut en  guematriya à nefesh âme : 430 = חשבון + דין tout comme נפש.

En comprenant, l’homme se distingue et s’élève au-dessus des animaux  par la pensée מחשבה mahshava, et, la pensée est différente de la  mémoire et du souvenir en ceci : la pensée n’est pas dynamique, et elle  est même statique. On subit une pensée qui assaille le cerveau alors que  le souvenir : זיכרון, est quelque chose de dynamique : pour se rappeler ou  se souvenir il faut vouloir faire remonter la chose ou l’évènement à fleur  de la connaissance. Pour se souvenir on donne une impulsion et pas pour  la pensée.

Le Créateur, en insufflant à l’homme le souffle de vie lui a aussi transmis  la connaissance et la possibilité de « penser » חשב c’est toute la différence  entre l’homme et la bête : l’homme pense donc il est (cogito ergo sum) a  dit Descartes et c’est exactement ce que l’on constate ici חשב = 310 et le  mot homme איש = 311 car sans le alef de la connaissance l’homme n’en  est pas un. Il existe tout simplement : יש : il est là. Cette connaissance  est celle que D lui a transmise.

Et, c’est pour rester dans cette dynamique du souvenir, que chaque matin  pendant la période des selihoth, il va se lever tôt pour exprimer sa volonté  de retrouver son identité et de la clamer auprès du Créateur en ne  renonçant pas et en voulant aller de l’avant et en se perfectionnant.

C’est en faisant agir sa réflexion que l’homme s’élève au-dessus de  l’animal et du végétal et plus encore que la réflexion, c’est grâce à sa  mémoire que l’homme va pouvoir se rapprocher des sphères supérieures  et c’est encore grâce à cette mémoire qu’il va « aider » à la réalisation des  promesses divines. En effet un mot se répète souvent dans la Torah et  dans notre rituel : le mot זכור ou זכר se trouvent tout au long des cinq  livres du Pentateuque et il s’agit souvent d’un acte historique dont  l’homme doit se souvenir : ainsi nous lirons que ceci est « en souvenir »  de la Création « בראשית למעשה זכר « ou, en souvenir de notre sortie  d’Egypte : « מצרים ליציאת זכר « et, tous les éléments de l’histoire du peuple  juif se rattachent à ces bornes historiques qui sans elles ne peuvent  permettre à l’homme d’évoluer et d’assumer son destin.

Rosh Hashana est donc le jour du jugement où l’homme est jugé sur ses  actes mais aussi sur sa volonté de leur donner une direction spirituelle  et ce, grâce à cette volonté de se rappeler et de se rattacher : le matin, en  s’éveillant, avant même de se lever tout-à-fait il doit se rappeler qu’il doit  tout au Créateur : c’est en affirmant sa foi dès son réveil qu’il provoquera  une réaction en sa faveur de la part du Créateur de l’Univers. On pourrait  qualifier ceci de « donnant-donnant » avec des proportions totalement  différentes : donne-moi un peu de ta confiance et, Je t’inonderai d’amour  en souvenir de l’alliance que J’ai faite avec Abraham Isaac et Jacob.  

Cette alliance, D l’a conclue avec chacun des patriarches  individuellement mais pas en tant qu’individus mais en tant que entité :  LE peuple qui doit descendre de ces patriarches en tant qu’ensemble et  en même temps chacun séparément c’est-à-dire, que tout se passe comme si chaque être, facette du macrocosme appelé « peuple d’Israël »  chacun va porter sa responsabilité vis-à-vis de lui-même mais aussi vis à-vis de chacun des membres du peuple et de l’ensemble du peuple.

Le Rav Soloveitchik a très bien développé cette théorie dans son livre  « sur la teshouva » dans lequel on peut aisément comprendre à quel point  chacun doit s’impliquer et tenir son rôle et comment les actes des uns  s’imbriquent comme les pièces d’un puzzle de manière à former une  image complète.

La plupart des mefarshim (exégètes) se sont interrogés sur la mention  faite des fendeurs de bois et des puiseurs d’eau, les interrogations étant  les suivantes : d’où viennent ces gens, pourquoi eux et pas d’autres….

En effet, la scène se passe « un peu » avant l’entrée du peuple dans le pays  offert par HaShem à Son peuple et, peu de temps avant la mort de Moïse.

Le troisième mot du verset qui ouvre cette section, est « hayom ». Le Zohar  explique à plusieurs reprises que lorsqu’il est écrit ainsi « hayom » ou bien  « vayehi hayom » cela indique que l’évènement a lieu pour Rosh HaShana.  Dans la Torah, la situation se déroule donc environ 5 mois avant que  Moïse ne « rejoigne ses pères »3.

Tout au long des 40 années de pérégrinations dans le désert, les enfants  d’Israël n’ont pas manqué d’eau puisque le puits de Myriam (be’er  Myriam), était disposé de telle façon que l’eau arrivait par des sortes de  canaux directement à chaque tente. En ce cas pourquoi est-il question de  puiseurs d’eau ? Et de fendeurs de bois ? Cela semble être hors du  contexte géographique. Et pourtant….

Lors de la sortie d’Egypte, se sont joints des non-Juifs que les Sages ont  dénommée la « tourbe nombreuse » (Erev rav en hébreu que je traduirais  plutôt le grand mélange). A ce « erev rav » se sont ajouté des Cananéens  qui ont confié à Moïse, leur désir ardent de se convertir au judaïsme et  d’accepter sur eux le joug de la Torah.

Pour d’innombrables raisons qu’il ne nous appartient pas aujourd’hui  d’analyser, Moïse avait assigné à ces nouvelles recrues un lieu proche du  campement. L’heure étant à la passation de pouvoirs entre Moïse et  Josué, Moïse décréta que, désormais, le peuple devant prendre  possession du pays, tout le peuple y compris les Cananéens convertis  qui occupaient des fonctions précises : fendeurs de bois ou puiseurs  d’eau.

Pour quelles raisons Moïse confia-t-il à ces personnes de telles  professions ? De nombreuses opinions se sont fait jour parmi lesquelles  celles qui suivent : les idolâtres installaient leurs temples idolâtres aux  abords de forêts, de bosquets et de sources ; en conséquence, les nouveaux « citoyens » étaient les mieux préparés pour abattre ces arbres  ou pour puiser de l’eau lors de la prise de possession de lieux dans la  nouvelle contrée.

D’autres opinions se construisent autour du fait que le texte énonce :  mihotevé etsim vead shoavé mayim. C’est-à-dire « ….depuis les fendeurs  de bois jusqu’aux puiseurs d’eau » Ces opinions se reposent sur le fait  qu’Abraham fut le premier fendeur de bois et le premier puiseur d’eau en  ceci : lorsqu’Abraham entendit la requête d’HaShem de Lui sacrifier son  seul et unique fils, Abraham qui avait su pourtant tenir tête au Créateur  pour Sodome et Gomorrhe, n’a pas desserré les lèvres et n’a pas  tergiversé. Il aurait pu, également, essayé de gagner du temps mais, tout  au contraire, il s’est levé de bon matin, il a coupé du bois, de manière à  ne pas perdre de temps et d’exécuter l’ordre divin sans plus tarder.

Caroline Elishéva REBOUH.

1 – Le mot man’ôul מנעול possède la même racine que le mot chaussure נעל. L’idée étant que la chaussure  se ferme sur le pied ou enferme le pied. Dans un sens beaucoup plus large, on dira de quelqu’un à  l’esprit totalement obtus qu’il est « naôul » נעול c’est-à-dire que rien ne peut entrer dans cet esprit.

2 – Le 1er nissan pour les rois, et les fêtes, le 1er Eloul pour le bétail, le 1er Tishri pour les années  régulières, shabbatiques et les jubilées pour la plantation des arbres et des légumes, et le 15 shevat,  pour les arbres.

3 – Moïse est décédé le 7 Adar, Myriam le 10 nissan –dix mois avant – et Aharon est mort le 1er av –sept  mois avant.

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