En exclusivité, l’équipementier Valeo nous a permis de tester sa dernière technologie : la voiture téléguidée par une tablette tactile.

CONDUITE AVEC UNE TABLETTE

 La scène renvoie inévitablement à ­Demain ne meurt jamais, lorsque James Bond, littéralement allongé sur la banquette arrière d’une BMW Série 7, commande à distance la progression du véhicule via son téléphone portable. Sauf qu’ici, je ne suis pas à Pinewood Studio, où sont tournées la plupart des séquences des aventures du plus célèbre agent secret du monde entier, mais dans la vraie vie, sur le parking de l’un des nombreux centres de recherches de l’équipementier Valeo, installé en banlieue parisienne. En avant-première, cette entreprise française, qui célèbre ses quatre-vingt-dix ans cette année, nous a permis de tester sa dernière technologie: la voiture téléguidée par une tablette tactile, en l’occurrence un iPad.

Par quel cheminement les ingénieurs ont-ils été amenés à élaborer ce système qui relève davantage d’un film de science-fiction et dont le fonctionnement s’apparente à celui d’une voiture radiocommandée? Guillaume Devauchelle, directeur de la recherche et du développement de Valeo, avoue que la perspective de voir les Chinois investir le marché des capteurs ultrasons et donc d’inquiéter leur leadership mondial en la matière a été l’élément déclencheur.

«Conduite intuitive»

Dans un secteur où l’innovation constitue le principal carburant du succès et dans le cadre des «road maps» de l’équipementier, des feuilles de route qui permettent d’anticiper les attentes des conducteurs pour les dix ans à venir et de construire des solutions, la conduite pilotée par une tablette s’avérait également un prolongement naturel, à la fois, du parking automatique déjà disponible sur de nombreux véhicules et de l’application autorisant le parking automatique via un smartphone.

Dans ce dernier cas, l’auto, bardée de caméras et de capteurs, lit les lignes, surveille l’environnement et progresse et freine toute seule. Avec l’iPad, Valeo introduit une étape supplémentaire sur la route de la «conduite intuitive». La tablette fait alors office de télécommande en concentrant les principales fonctions du véhicule, à savoir le volant, l’accélérateur et les freins. L’ensemble des systèmes et des aides à la conduite dialoguent via le Wi-Fi et le réseau multiplexé. En conséquence, on peut s’installer où l’on veut: à la place du passager avant, sur la banquette arrière ou même, comme nous l’avons expérimenté, à quelques mètres du véhicule, pour le garer sur une place de stationnement! On se prend vite au jeu et il faut l’intervention de Xavier Groult, expert et chef de projet en sécurité active chez Valeo, pour freiner nos ardeurs. Lorsque l’on a l’habitude des consoles de jeux vidéo et que l’on appartient à la communauté des geeks, l’exercice est une formalité.

Le rapport de démultiplication n’est pas identique

Pour se lancer, il faut prendre garde à tenir verticalement la tablette et à rester appuyé sur un bouton, par souci de sécurité. Enlever le doigt revient à déconnecter la liaison électronique. Des mains de pianiste sont recommandées car il faut dans le même temps pointer un doigt sur l’onglet

dessinant l’accélérateur et le frein. La voiture quitte son emplacement. Premier virage: on oriente la tablette dans le sens voulu. Le volant suit le mouvement mais attention à rester vigilant car le rapport de démultiplication n’est pas identique à celui du volant. Un quart de tour de la tablette équivaut à deux tours et demi de volant! Remettre les roues droites à la sortie du virage requiert aussi une certaine accoutumance et du doigté si l’on ne veut pas que le véhicule braque dans l’autre sens! Un stop se profile à l’horizon. Pression sur la pédale virtuelle: le véhicule s’arrête de manière un peu brutale. Tenir la tablette à bout de bras devient vite fatiguant.

Que les automobilistes se rassurent. Valeo ne prévoit pas de lancer ce dispositif, mais souhaite, à travers ce laboratoire, démontrer qu’un objet grand public est capable de dialoguer avec les infrastructures et faire travailler entre eux des systèmes qui n’ont pas le même degré de fiabilité.

Figaro.fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

Poster votre commentaire!
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.