Le secrétaire américain à la défense Chuck Hagel se dit «   prêt à y aller » si Barack Obama le décide.

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Des frappes aériennes et navales pourraient être prochainement réalisées par une coalition internationale.

Limitées dans le temps, elles viseraient des objectifs militaires syriens.

« Nous sommes préparés. Nous avons positionné des éléments pour être capables de répondre à toute option choisie par le président. » Le secrétaire américain à la défense Chuck Hagel confirmait hier la position des Occidentaux et de leurs alliés arabes : s’ils le décident, une intervention militaire en Syrie est possible dans un délai assez court.

Le gouvernement britannique indiquait hier préparer des « plans militaires ». François Hollande également. La Turquie s’est dite prête à rejoindre une coalition, même sans consensus de l’ONU. Craignant les conséquences d’une telle intervention, les Israéliens commençaient hier à s’équiper en masques à gaz.

PASSER OUTRE À L’OPPOSITION DE LA RUSSIE

Ces pays semblent prêts à passer outre à l’opposition de la Russie, alliée indéfectible de Damas, qui a mis en garde contre les conséquences« catastrophiques » d’une intervention militaire pour la région. Le vice-premier ministre Dmitri Rogozine a accusé hier l’Occident d’agir « comme un singe avec une grenade » dans le monde musulman.

Les États-Unis jouent là leur crédibilité : le bombardement du 21 août à la Ghouta, dans la banlieue de Damas, a fait des centaines de victimes dans une attaque chimique, alors même que Barack Obama évoquait l’utilisation de telles armes comme une « ligne rouge » à ne pas franchir.

Il est encore difficile d’attribuer avec certitude l’attaque à un camp ou l’autre. Les inspecteurs de l’ONU qui avaient débuté lundi leurs investigations sur le site, ont dû reporter une seconde visite mardi, à mercredi, en raison de « craintes » pour leur sécurité. Lundi, ils ont pu« visiter deux hôpitaux et parler à des témoins, des survivants et des médecins » et « recueillir des échantillons », a indiqué le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Néanmoins, plusieurs responsables occidentaux, ainsi que la Ligue arabe partagent l’avis de François Hollande qui a estimé que « tout concordait pour désigner le régime de Damas ».

DES FRAPPES CIBLÉES ET LIMITÉES DANS LE TEMPS

Le scénario de frappes ciblées et limitées dans le temps menées par une coalition occidentale et arabe semble le plus probable. L’armement le plus adapté pourrait alors être le missile de croisière. Les États-Unis disposent en Méditerranée de quatre destroyers dotés de missiles Tomahawk, ce qui leur permettrait de rester hors de portée de la défense syrienne.

Les Britanniques en embarquent aussi sur leurs sous-marins. Et les Français disposent eux du Scalp, utilisé en Libye avec succès et tiré par l’avion de chasse Rafale – les Britanniques en possèdent sous le nom de Storm Shadow. « Pour utiliser les Scalp, les Français doivent préalablement 

repérer leurs cibles, explique Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques. En Libye, ils avaient fait un gros travail de reconnaissance, mais ils connaissent peu la Syrie. La question est de savoir s’ils accepteront d’utiliser les informations américaines. »

Pour François Heisbourg, conseiller spécial de la Fondation pour la recherche stratégique, « les moyens militaires syriens sont bien répertoriés. Les frappes cibleront plus probablement l’artillerie, l’aviation, éventuellement les aéroports. Mais pas les stocks d’armes chimiques, car on ne connaît pas l’effet collatéral d’une telle attaque. L’objectif, c’est de pouvoir dire : “Vous avez franchi la ligne rouge, voilà ce que ça vous coûte.” »

L’ENVOI DE TROUPES AU SOL RESTE PEU PROBABLE

Les autres options militaires sont l’armement des rebelles, l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne ou un « scénario global », avec l’envoi de troupes au sol, « le moins probable », selon Dominique Moïsi, spécialiste des relations internationales.

De tels scénarios obligeraient à devenir « cobelligérant, c’est-à-dire qu’on serait en guerre, explique François Heisbourg. Il faudrait prendre parti et assumer l’entrée dans une guerre civile. Cela impliquerait d’en supporter toutes les conséquences, mais aucun pays occidental n’a aujourd’hui les moyens – politiques, militaires, financiers – de le faire. »

Pour renforcer la légitimité d’une telle intervention, les Occidentaux essaieront de réunir le maximum d’États arabes, même si leur participation sera « très symbolique », selon Jean-Vincent Brisset. Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, se trouvait lundi et mardi au Qatar et aux Émirats arabes unis, deux grands soutiens de l’opposition syrienne.

La Syrie a promis hier de se défendre. « Nous avons des moyens de défense qui vont vous surprendre », a averti Walid Mouallem, ministre des affaires étrangères. Bien qu’équipée par du matériel russe assez moderne, l’armée syrienne ne devrait pas opposer une grande résistance à d’éventuelles frappes aériennes. « Ils ont des systèmes antiaériens efficaces, mais ça ne fera qu’obliger les Occidentaux à employer leurs avions les plus modernes, juge Jean-Vincent Brisset. Les Syriens ne pourront pas s’opposer à des missiles de croisière, et encore moins à un grand nombre d’entre eux. »

Rémy Pigaglio www.la-croix.com

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