Comment les cinémas new-yorkais font face à la concurrence de la télé et du Net ?

Les cinémas AMC offrent des sièges inclinables à pratiquement 180 degrés. Les salles où l’on peut dîner se multiplient, permettant d’augmenter les recettes par tête.

cinema

Pourquoi aller au cinéma quand on peut regarder un film de manière bien plus confortable, sur son canapé ? La question se pose d’autant plus que les écrans de télévision sont désormais géants et que certains films sont accessibles sur Internet quelques semaines à peine après leur sortie officielle. Pour faire face à cette double concurrence, les cinémas sont donc contraints d’innover.

A New York, la chaîne AMC expérimente des salles de très grand luxe. Comme dans un théâtre, les clients disposent de places réservées, achetées par avance sur Internet. Et à l’instar des classes «affaire» dans les avions, les sièges peuvent s’incliner à pratiquement 180 degrés. L’innovation a déjà cours depuis dix ans au Japon, mais elle ne perce qu’aujourd’hui aux Etats-Unis et en France (avec le nouveau cinéma de Luc Besson ). A New York, les fauteuils en cuir rouge font pratiquement deux fois la largeur de ceux des cinémas traditionnels. Plus besoin de faire lever 10 personnes pour rejoindre son siège : les rangées sont si espacées qu’on peut y déambuler sans déranger personne. Le succès est total : malgré un prix plus élevé qu’ailleurs (15 dollars), le nouveau film de Martin Scorsese, «Le loup de Wall Street» , affiche complet à chaque séance, depuis sa sortie le jour de Noël.

La chaîne AMC a fait un pari osé : pour offrir un tel confort, elle a dû réduire de deux tiers la capacité des salles. Compte tenu du prix du mètre carré à New York, cela n’avait rien d’évident. AMC n’a pourtant rien perdu dans l’affaire : la fréquentation a en effet quasi-doublé (+84%) dans ces salles, actuellement expérimentées dans une trentaine de cinémas américains.

Dîner pendant les séances

Le cinéma de Williamsburg – un quartier branché de Brooklyn – joue sur un autre concept. Ouvert il y a deux ans, il dope ses recettes en servant à dîner pendant les séances. Les propriétaires sont même parvenus à faire changer la législation de l’Etat de New York, qui interdisait la consommation d’alcool dans les cinémas depuis la Prohibition ! Les plats sont adaptés au film : pour «La vie d’Adèle», rebaptisé «Blue is the warmest color» aux Etats-Unis (en référence à la bande dessinée qui a inspiré le film), les spectateurs peuvent ainsi s’offrir une fondue au fromage intitulée «Blue is the warmest cheese». Les sièges sont, là aussi, moins nombreux que dans les cinémas traditionnels. Mais les cocktails à 18 dollars et les tacos à 12 dollars compensent largement la baisse du nombre de tickets.

«Le concept n’est pas nouveau, mais il connaît aujourd’hui une forte croissance», explique Patrick Corcoran, de l’Association nationale des cinémas aux Etats-Unis. Il permet aux cinémas d’art et essai de survivre à l’industrialisation du secteur. Alamo Drafthouse, qui a créé cinq cinémas de ce type dans la région d’Austin, prévoit d’en développer 18 nouveaux l’an prochain, à New York et Washington notamment. Les grandes chaînes de cinéma s’y mettent à leur tour : AMC a lancé une douzaine de cinémas «meal-and-movie», à Los Angeles et Saint Louis par exemple.

De telles innovations ne compensent pas l’érosion de la fréquentation dans les cinémas. Les salles américaines ont vendu 1,3 milliard de billets cette année, soit 20% de moins qu’au début des années 2000. Mais l’augmentation du prix des billets et les services annexes (boissons, snacks, produits dérivés…) leur ont permis de doubler leurs revenus en 20 ans. Ils s’établissent à 10,6 milliards de dollars aujourd’hui, contre 5,3 milliards en 1995.

http://www.lesechos.fr

LAISSER UN COMMENTAIRE

Poster votre commentaire!
Entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.