Impossible de faire un bilan de 5775 sans s’attarder sur ce qui aura, sans doute, été l’un de ses événements marquants: l’alya toujours plus importante des Juifs de France.

Afin d’évoquer ce sujet, nous nous sommes entretenus avec Daniel Benhaim, pour qui cette année 5775 aura aussi été la première en tant que Directeur de l’Agence Juive en France. Il répond, sans langue de bois, à toutes les interrogations que l’alya de France suscite.

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Le P’tit Hebdo: Pourquoi avez-vous accepté, il y a un an maintenant, le poste de Directeur de l’Agence Juive en France?

Daniel Benhaim: Ce poste est pour moi une mission dans tous les sens du terme. D’abord parce qu’en le prenant, j’ai accepté de retourner vivre en France pendant la semaine et de laisser ma famille en Israël.

Ensuite, parce qu’il me semble que nous vivons aujourd’hui une étape importante de l’histoire du peuple juif. Je souhaitais être encore plus que d’habitude, un acteur dans ce mouvement historique.

L’Agence Juive est la plus vieille institution juive au niveau international. Elle est le seul organisme réellement capable d’accompagner l’alya. Ses missions sont fixées par l’Etat d’Israël. Elle a une vocation et des missions qui diffèrent d’un pays à l’autre. Aujourd’hui, elle est l’interlocuteur privilégiée du gouvernement israélien en ce qui concerne l’alya de France. Nous ne sommes, bien entendu, pas les seuls sur le terrain mais nous sommes un vrai moteur dans ce grand projet pour les Juifs de France.

Lph: On a accusé l’Agence Juive de délaisser les familles au profit de l’alya des jeunes, de pratiquer une sélection au regard de ses encouragements et accompagnement des candidats à l’alya. Qu’en est-il réellement?

D.B.: En fait l’Agence Juive travaille dans deux directions. La première se déroule sur le plan éducatif et s’adresse donc naturellement aux jeunes entre 13 et 35 ans. Nous voulons leur donner les éléments qui les renforceront dans leur identité juive. Pour beaucoup, le judaïsme appartient aux anciennes générations, mais quand vous confrontez ces jeunes à l’Etat d’Israël à la fois moderne et juif, ils se réconcilient avec leur identité. Ce travail éducatif, qui a eu pour conséquence de rapprocher les jeunes de l’idée d’alya, a pu laisser croire que l’Agence Juive ne s’intéressait qu’aux jeunes. Mais cela ne veut pas dire que nous n’accompagnons pas les familles ou les retraités.

Et justement, la deuxième direction dans laquelle nous travaillons est l’accompagnement des familles. En effet, le nombre de familles qui font leur alya avec des enfants scolarisés a énormément augmenté. Cela ne peut que susciter notre joie et notre admiration.

L’Etat d’Israël après avoir effectué une étude de terrain en France, a décidé d’augmenter les budgets pour aider à l’alya de France. Nous avons ainsi augmenté nos moyens, notre de travail de préparation à l’alya, notamment pour les familles. Nous organisons de plus en plus de salons, de journées portes ouvertes qui sont autant d’occasion de rencontrer des experts israéliens dans tous les domaines. Nous avons aussi initié des shabbatot de préparation à l’alya autour d’un thème qui fédère tous les participants. Nous faisons un véritable travail de proximité. Aujourd’hui nos infrastructures sont adaptées à la demande grandissante.

Lph: Des progrès ont été faits dans l’accompagnement en amont, reste qu’une fois en Israël, les difficultés demeurent. Soyons francs, un certain nombre d’olim repartent en France. Quel est votre regard sur ces »yeridot »?

D.B.: C’est un phénomène qui existe mais qui est difficile à évaluer pour la simple et bonne raison qu’un Ole qui repart ne renonce pas à sa nationalité israélienne, il est donc toujours considéré comme Israélien. On pense qu’il y a un peu moins de 5% des olim qui ne concrétisent pas leur projet d’alya sur le long terme. Ce taux d’échec est inhérent à tout processus migratoire et demeure tout à fait raisonnable.

Ceci étant, il faut se poser les bonnes questions à savoir que faire pour que ce chiffre diminue? Il est certain que les difficultés d’intégration sont la principale cause de départ. En fait, l’Etat d’Israël a toujours été capable d’absorber les flux naturels d’alya. L’Etat a su mettre en place des infrastructures nécessaires pour les alyot d’urgence comme celles d’Ethiopie ou d’ex-URSS. Jusqu’à ces dernières années, l’alya de France ne représentait pas plus qu’un flux normal d’immigrants. Aujourd’hui encore, on ne peut pas parler d’alya massive mais elle est néanmoins plus importante que le flux naturel. Cette situation »entre-deux », explique le retard du gouvernement à proposer des mesures adéquates.

Par ailleurs, l’alya de France demeure, malgré tout, une alya choisie. Les Juifs de France ne sont pas dans une situation de non-retour comme l’ont été ceux d’Afrique du Nord en leur temps ou ceux d’Ethiopie et d’ex-URSS. Donc ils se laissent peut-être trop ouvertement cette option de repartir »’dans le pire des cas »…

Enfin, je citerai le Président de l’Agence Juive, Nathan Sharansky, qui rappelle qu’une intégration réussie ne s’évalue pas sur un ou deux mais sur 10 ou 20 ans. Je ne vois aucune raison pour que dans ce délai les olim de France ne soient pas intégrés.

Lph: Parfois aussi on est un peu découragé par le fait que les promesses des politiques ne se traduisent toujours pas sur le terrain.

D.B.: En 2014, on a fait beaucoup de promesses de révolution aux Juifs de France. Il ne faut pas s’attendre à une révolution mais à des évolutions. La volonté existe et elle finira par s’exprimer dans ces évolutions progressives. Nous devons communiquer de façon responsable. Il faut donner les informations précises et ne pas entretenir des rêves utopiques.

Israël a beaucoup à offrir, nous pouvons en être fiers!

Guitel Ben-Ishay

L’actualité en direct d’Israël 24h/24

 

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