PARASHAT NASSO 2018 – Shabbat du 26 mai 2018 – Horaires Ashdod : 19 h 07 – 20 h 20
BIRKAT HAKOHANIM  ET  LA FEMME INFIDÈLE –

Après avoir reçu la Torah le jour de la fête de Shavouoth, la sidra suivante est celle de NASSO. Cette lecture inclut des sujets importants comme celui des sacrifices que les « Princes » (les Nessiim) des 12 tribus doivent présenter mais, sont également abordés  des sujets tels que la bénédiction des Cohanim et le sujet épineux de la femme infidèle. Nous allons essayer de nous pencher sur ces deux points, l’un qui est empreint de mystère et l’autre qui, bien qu’il ne soit plus en usage, est malheureusement, toujours d’actualité.

BIRKAT HACOHANIM : La bénédiction pontificale ou bénédiction du Cohen. Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut définir brièvement ce qu’est une bénédiction, quand et en quelle circonstance la prononce-t-on ? Qui est apte à faire une bénédiction ?

HaShem a créé un monde avec tout ce qu’il renferme et, bien qu’IL en soit toujours le Propriétaire, nous, les êtres humains, en avons la jouissance entière. La démarche[1] fixée par les Sages est de prononcer une  avant la jouissance de chaque acte, comme manger, voir quelqu’un ou quelque chose d’extraordinaire, sentir un parfum, entendre le tonnerre, voir des éclairs, un arc-en-ciel et bien d’autres choses encore et, lorsque l’on a terminé un repas, on prononce une bénédiction plus longue pour remercier le Créateur d’avoir permis à Ses créatures de se sustenter.

Pour ce genre de bénédictions, l’homme n’a recours qu’à lui-même mais, pour d’autres, l’homme préfère faire appel aux mérites d’un rabbin (rav) car, il est indubitable qu’une bénédiction prononcée par un homme qui consacre son temps à étudier et à enseigner,   possède davantage  de pouvoir, que notre demande adressée directement à D.

HaShem a conféré aux Cohanim, le pouvoir de transmettre Sa bénédiction à tout Son peuple. C’est ainsi que dans certaines synagogues, chaque jour, à la fin de la répétition de la « Amida » ou shemona essré de l’office du matin et de l’après-midi (shaharith et minha) et le shabbat et les fêtes, à la fin de moussaf, les cohanim présents dans la synagogue, après s’être déchaussés et s’être lavé les mains,  se recouvrent de leur talith et étendant leurs bras et en écartant leurs doigts selon la Tradition prononcent la triple bénédiction en se tournant vers la droite ou la gauche (lorsqu’ils prononcent les mots de la berakha qui se terminent par un khaf sofit),  ou en restant immobiles (lorsqu’ils prononcent le nom d’HaShem) et face à l’assistance, qui doit se recueillir et se concentrer sur les pouvoirs extrêmes de cette bénédiction céleste sur les humains.[2] Les mots de la birkat Cohanim sont les suivants : yévarékhekha HaShem Veyshmerékha ; Ya’er panav élékha vihounéka ; yssa HaShem panav elekha veyassem lekha shalom  puis ils terminent par vessamou eth shemi al bené Israël vaAni avarekhem.  La signification en est : Qu’HaShem te bénisse et te protège, Qu’HaShem t’éclaire  de Son « visage » et qu’IL  t’accorde Sa miséricorde (vihounéka vient plutôt du mot « hen » qui équivaut à grâce, qu’HaShem tourne Sa face vers toi et qu’IL pose sur toi le Shalom (qui est aussi l’un des noms de D).

Ces trois phrases comptent 15 mots qui sont en fait les quatorze phalanges des  5 doigts de la main et la paume de la main !

Les Cohanim pendant les quelques instants que dure cette berakha[3], veilleront à camoufler légèrement leurs doigts écartés et les fidèles veilleront à ne pas fixer les mains des cohanim, pour ne pas être « éblouis »  par la puissance de  ces mots. La première des trois bénédictions concerne  l’argent [4]et la protection ; et, pour ce qui est de la dernière phrase qui indique que le shalom sera sur les bené Israël  tout comme HaShem a protégé et béni les enfants de Jacob au moment de la sortie d’Egypte tout comme au moment où HaShem a consacré Son peuple comme « Son épousée ».

LA FEMME INFIDÈLE : Isha Sota. Rashi pense que le mot hébraïque « sota » a donné naissance au vocable français sotte.

Dans la parasha de Nasso il est question non seulement de la femme infidèle mais aussi du « nazir » c’est-à-dire  d’un homme (comme Samson) ou d’une femme qui fait vœu soit sur une certaine période ou pour toute sa vie de s’abstenir de consommer le fruit de la vigne (vins, raisins et dérivés), de se couper les cheveux  ou de se raser le crâne et de se rendre impur au contact d’un mort.  Le fait que ce qui concerne le nazir et la femme infidèle soient proches dans cette péricope est pour inciter les hommes (ou les femmes) à ne pas boire de vin pour éviter de faire une faute très importante et aux conséquences qui peuvent être très regrettables.

Ainsi, la Torah introduit le sujet en évoquant la « jalousie » d’un mari à l’encontre de son épouse. C’est au chapitre V de Bamidbar que, durant 20 versets le lecteur va assister à une scène pleine de retenue mais pleine de détails destinés à faire frémir. Dans le Talmud, c’est un traité de guemara tout entier qui est consacré au thème  de la page 1a à la page 48b !

Lorsque des bruits arrivent aux oreilles du mari concernant le fait que son épouse a été vue en compagnie d’un autre homme que lui, l’époux a le droit d’entamer une conversation avec sa femme et de la mettre en garde. Cependant, si l’époux a confiance en sa femme et la croit, il n’est pas obligé de se plaindre au cohen. Si, en revanche, le mari, lui-même et un témoin ou deux témoins sont en mesure de témoigner que  ladite personne avait « une conduite » plus qu’équivoque, le Cohen devra poser la question à la femme à savoir si elle reconnaît les faits, auquel cas, elle sera répudiée par son mari et interdite à l’homme avec lequel s’est produit « l’incident ». En revanche, il existe une procédure très dure destinée à démasquer la fautive éventuelle : le cohen devra découvrir la tête de la femme[5], puis, si elle s’entête à dire qu’elle est innocente, elle devra boire de l’eau que lui présentera le cohen dans lequelle il aura effacé le nom divin[6] tout en la prévenant que si elle ment, elle peut le payer de sa vie.

Si, la femme soupçonnée d’adultère se révèle être innocente, le Ciel la récompensera de diverses façons ainsi, si par exemple elle n’a pas encore eu l’heur d’être mère elle le sera dorénavant.

Néanmoins, s’il s’avérait que non content de soupçonner sa femme d’infidélité le mari s’est, par lui-même rendu coupable de la même duplicité, la femme même après avoir bu les eaux amères, ne mourra pas.

Aujourd’hui, où les Cohanim n’exercent plus puisque nous n’avons plus de Temple, ce cérémonial pour la femme infidèle n’existe pas et, les mœurs se sont parfois trop distendues, si dans un couple apparaissait telle mésaventure, il reste encore la possibilité de divorcer d’un commun accord.

Caroline Elishéva REBOUH.     

[1] Le mot démarche provient du verbe  » marcher » ou « lalékheth » en hébreu. L’un des nombreux sens de « démarche » est : manière d’agir. Et, en hébreu, le mot halakha désigne la disposition des lois concernant un ou plusieurs commandements et la meilleure façon de mettre en pratique.

[2] La puissance de cette bénédiction est, en quelque sorte, diffusée sur l’assistance par l’intermédiaire des doigts écartés et en oscillant vers la droite ou la gauche, la bénédiction atteint tout le monde.

[3] Berakha = bénédiction au singulier et, au pluriel on dit berakhot. A  » l’état construit » –la bénédiction des cohanim- on dira birkat donc birkat hacohanim.

[4] Qu’il y ait de la bénédiction non pas forcément sur la quantité mais sur la qualité.

[5] C’est d’ici que l’on apprend qu’une femme mariée se doit de couvrir sa chevelure.

[6] HaShem accepte que Son Nom soit effacé dans le but de faire connaître la vérité et de faire en sorte que l’époux se calme et que l’harmonie règne dans le couple.

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