PARASHAT VAYEHI 2018 -Shabbat du 21/12/2018 – Horaires Ashdod 16 h 11 – 17 h 22

LE LANGAGE DES ANGES : Voici que les derniers instants de Jacob sont arrivés et il est temps pour lui de bénir ses enfants ainsi que leur propre descendance.

La Torah ainsi que la Tradition orale,nous enseignent de nombreux principes, eux-mêmes, gardiens de bien des secrets.

Dans cette sidra, nous retrouvons la source des versets que l’on récite après la lecture du shémâ avant de dormir ou après la prière récitée en entreprenant un voyage (chap. 48, verset 16), est la dernière du livre de Bereshit, et c’est aussi la dernière qui met Jacob en scène, le troisième des Patriarches.

Jacob est âgé de 147 ans lorsqu’il tombe malade et il sait qu’il est arrivé au terme de sa vie. Lorsque Pharaon demande son âge à Jacob, c’est parce que des faits troublants se sont produits : la ressemblance tout d’abord : Isaac ressemblait parfaitement à son père Abraham, et Jacob ressemblait parfaitement à son père Isaac. De plus, dès l’arrivée de Jacob, se reproduisit le même phénomène que lors de l’arrivée d’Abraham : les ouvertures du palais de Pharaon étaient basses de manière à ce que quiconque pénétrait dans la salle du trône était contraint de se courber, tout comme s’il devait se prosterner devant le roi d’Egypte. Cependant, à l’approche d’Abraham, les ouvertures du palais égyptiens s’adaptèrent à la stature du patriarche et, le même phénomène se produisit, nous confie le midrash, à l’approche de Jacob. L’étonnement du vieux roi d’Egypte fut donc très grand et expliqua la question du monarque à l’intention du vieux père de Joseph ; car, il n’est pas correct dit le Midrash de questionner une personne que l’on voit pour la première fois au sujet de son âge s’il ne s’était agi ici de savoir si, en quelque sorte, Jacob était bien Jacob ou peut-être était-il ce même Abraham qui lui avait causé tant de désagréments auparavant !

La Tradition enseigne que la faute commise par Adam fut « rattrapée » en partie par les trois  Patriarches à raison de  130 ans chacun et, tout se passe comme si au-delà de ce rattrapage (tikoun en hébreu, ou réparation), le personnage dont il est question vit vraiment sa propre vie au service divin. Ainsi donc, Jacob, à son arrivée en Egypte, répondit au souverain égyptien que sa vie fut de 130 dures années, terminant alors le tikoun de la faute du premier homme de la Création. Les dix-sept années supplémentaires qu’il vécut furent consacrées intrinsèquement à l’attachement au Saint béni soit-IL….  130 années heureuses presque paradisiaques. A propos de ces 130 années, Rabbi Méïr dit qu’Adam était un homme pieux aussi, dès après avoir commis la faute du fruit défendu, sut-il, que de son côté, il aurait à se repentir de cette faute en 3 volets : il jeûna pendant 130 années puisque la faute fut commise en mangeant, il se sépara de sa femme pendant 130 ans puisqu’il l’avait écoutée, et porta des feuilles de figuiers sur sa chair pendant 130 ans (Rabbi Méïr dans Yalkout Shimôni) et ce n’est qu’après qu’il recommença à procréer.

Lorsque Yaakov avinou sentit donc ses forces diminuer il tint fortement à réunir tous ses enfants autour de son lit pour que tous ensemble ils puissent sanctifier le nom du Saint béni soit-IL et prononcer le célèbre verset qui est prononcé, en général en murmurant : baroukhshemkevodmalkhoutoléôlamvaêd:ברוך שם כבוד מלכותו לעולם ועד:  Que soit béni le Nom de Sa Gloire pour toujours et à jamais.

Ces 6 mots contiennent des secrets que nous allons tenter d’exposer ici :

En général, 3 fois par jour, après avoir proclamé cette profession de foi qu’est le « Shémâ Israël », cette phrase est prononcée à voix basse, alors que pour Yom Kippour, elle est proclamée à voix haute. Quelles en sont les raisons ?

Lors de son séjour sur le Mont Sinaï, Moshé Rabbénou entendit les Anges psalmodier à voix haute ce verset, aussi voulut-il que le peuple dans son ensemble prononçât ces mots afin de proclamer la Gloire divine mais, à voix basse et ne pas éveiller la jalousie des Anges. En ce cas pourquoi cela est-il permis à Kippour ? Car, à Kippour, l’homme est éprouvé par les interdictions qui contraignent l’homme : ne pas ni boire ni manger, ne pas avoir de plaisirs charnels, ni même chausser des chaussures en cuir, sensées donner du confort….. L’homme s’habille entièrement en blanc et abandonne ses instincts de jalousie, colère et autres : il ressemble donc à un ange et en tant que tel, il peut absolument dire à très haute voix cette louange.

Quelles sont les points communs qui existent entre les Anges et les hommes ? L’homme ressemble aux Anges de 3 façons : il possèdela connaissance, il se tient debout, et, il s’exprime en hébreu. L’homme ressemble aux bêtes par 3 côtés : il boit et mange, il se multiplie et il rejette des excrétions.

Le Maharal de Prague conclue que l’homme ressemble aux Anges pour Yom Kippour puisqu’il ne mange pas, ne boit pas etc….

Pourtant, il y a deux autres comportements qui différencient l’homme de l’Ange : la jalousie et la haine. Les Anges ne ressentent  ni jalousie ni haine entre eux, mais seulement envers les hommes.  A Yom Kippour, l’homme essaie de se parfaire et de bannir de son cœur des sentiments aussi bas que ceux-là. En ressemblant aux Anges, il n’y a, en conséquence, aucun inconvénient à ce que pour Yom Kippour la phrase Baroukh shemkevod…. soit récitée à voix haute.

Une autre opinion se fait jour sur le fait qu’en temps ordinaire ces mots soient récités à voix basse : c’est que disent certains maîtres du Talmud : ceci n’est pas une halakha que Moshé Rabbénou a ordonnée en redescendant du Mont Sinaï telle serait donc la raison pour laquelle ces mots ne sont pas prononcés à voix haute. Dans le Yalkout Shimôni  est rapporté le fait que lorsqu’HaShem a dit « Shémâ Israël », Moïse a répondu : Baroukh Shemkevodmalkhoutoléôlamvaêd.

Les exégètes écrivent que lorsque tous les enfants de Jacob furent réunis à son chevet, l’union étant absolue, l’instant était parfait pour réaliser la proclamation de la foi d’Israël et c’est à cet instant précis que Yaakov récita ces six mots précieux dont la portée est insoupçonnable ainsi qu’il sera possible de le remarquer plus loin. Parmi les différentes paroles du père adressées à ses enfants, le vieux patriarche fait remarquer à ses 12 fils et ses deux petits-enfants que, dans les noms des douze/treize tribus la « faute » n’est pas présente (les lettres heth et teth ne sont pas incluses dans les prénoms) mais, fit il remarquer les lettres tsadik et kouf non plus (pour indiquer « tsadik »).

Quelle est l’origine de cette phrase qui ne figure pas dans la Bible ?  Dans le traité talmudique de Haguiga, sont rapportés les évènements suivants : un Prophète eut une vision des Anges et il narra qu’il avait vu les Anges parés de 6 ailes chacun : avec les deux ailes supérieures ils masquaient leur visage, leurs pieds étaient cachés par les deux ailes inférieures et, au moyen des deux ailes du milieu, ils voletaient.

200 ans, plus tard, le Temple n’existait plus. Un autre Prophète eut une vision (Yéhezkel) et Israël était en exil ce qui laisserait supposer que, lors que le peuple ne se trouve pas sur sa terre, les Anges ne disposent que de 4 ailes fidèlement à la description qu’en donne ce prophète. La discussion est âpre entre les Maîtres du Talmud or, il n’y a aucun doute à avoir étant donné que Ezéchiel confie avoir aperçu les pieds des Anges c’est donc qu’ils n’avaient pas d’ailes inférieures…. C’est alors que le Zohar tranche dans le vif du sujet pour confirmer la première description :  sur les deux ailes supérieures étaient inscrits les mots : Baroukh Shem, sur les deux médianes : KevodMalkhouto et sur les deux inférieures LéôlamVaêd !

Le Gaon de Vilna émet son opinion selon laquelle les deux prophètes ont raison : les ailes supérieures et inférieures sont restées sur les Anges seules ailes du milieu sont parties : celles où étaient inscrits les mots « kevodomalkhouto » pour le motif suivant : le Temple n’existant plus, et le peuple étant exilé, la Shekhina n’est plus ici et donc plus de kevodomalkhouto. C’est pourquoi le peuple entier réclame qu’HaShem reconstruise le Temple.

Et, si déjà nous nous sommes étendus sur ce sujet, nous allons entamer un autre sujet qui lui aussi a trait aux Anges : le Kadish.( Ce paragraphe que seuls les hommes récitent soit après une étude, soit au sein de la prière et/ou lorsque quelqu’un est en deuil). Le Baâl HaTossefoth écrit à ce propos que ce texte met à la portée de ceux qui le disent une louange sans conteste d’HaShem et, si la langue dans laquelle elle est rédigée est l’araméen c’est pour deux raisons : l’une d’elles est que le peuple en exil avait perdu l’usage de l’hébreu comme langue vernaculaire au profit de l’araméen, langue de la Babylonie et aussi parce que les Anges ne comprennent que l’hébreu. De cette façon ils ne pourront pas jalouser les hommes.

Or dans le texte même du Kadish se trouvent certains mots araméens que l’assemblée des fidèles toute entière répète à voix haute : yéhéshéméyrabamevarakhléâlamouléâlméâlmaya ….. la signification de ces mots est que l’on prie pour que le Nom d’HaShem soit sanctifié dans le monde entier et qu’IL nous donne  le Mashiah et qu’IL construise donc le Temple (le  troisième) très rapidement ………

Le sujet est passionnant mais tout aussi profond qu’il est intéressant…….

Caroline Elishéva REBOUH

 

 

 

 

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