Il existe plusieurs façons de demander pardon ou de s’excuser devant son prochain et encore plus devant D.

En hébreu, on s’adresse à quelqu’un dans la rue ou dans un bureau pour demander l’heure ou son chemin en lui disant seliha ! En fait, cela est si courant que l’on n’y prête pas attention et que l’on n’y attache aucun sens véritable.

A l’approche des « yamim norayim » ou Jours redoutables, on y prête attention et lorsqu’on est scrupuleux, on renonce à sa propre estime ou à son honneur pour s’appliquer à demander pardon aux personnes que l’on côtoie généralement : famille, (même nos propres enfants), collègues, voisins, amis etc….

Certains s’appliquent à procéder à ce cérémonial en employant une locution toute faite dont le but est de se retrouver après cette démarche, rapidement pardonnés : mehila, seliha ou[1]kapara. Ces trois mots ont une portée et une signification différente et voire assez grave.

Si l’on emploie la méthode d’inversion des lettres pour commenter, l’on va s’apercevoir de ceci :

Seliha de la racine ס-ל-ח, pardonner contient les mêmes lettres que ח-ס-ל  hassel ou liquider.

Méhila de la racine מ-ח-ל, pardonner contient les mêmes lettres que ח-מ-ל lahmol ou éprouver de la compassion.

Kappara de la racine כ-פ-ר, racheter contient les mêmes lettres que פ-ר-ך ou s’effriter.

Demander à quelqu’un seliha reviendrait en soi à dire à la personne qui aurait été blessée ou offensée : je te demande de m’excuser pour le tort que je t’ai fait mais, je ne l’ai pas fait exprès, je n’ai pas voulu t’offenser alors, je te demande d’effacer la chose comme si elle n’avait pas été.

Pour mehila, demander à quelqu’un méhila  signifie : considère, je te prie, le fait qui a eu lieu comme venant de la part de quelqu’un d’inconscient ! Agis vis-à-vis de moi avec compassion ! Avec hemla חמלה!

Kappara : souvent les gens emploient cette expression par habitude sans comprendre qu’il s’agit de quelque chose de très grave. Lorsqu’une mère ou une grand-mère appelle son enfant ou son petit enfant « kappara » elle  se porte volontaire comme rachat de cette personne.  La kappara est l’action faite par le Cohen Gadol en posant ses mains sur le bouc émissaire pour qu’il parte emporter sur lui tous les péchés du peuple. Ainsi, ce bouc ou ce coq (pour un homme /garçon) ou cette poule (pour une femme[2]) choisis comme kappara, périront et nos péchés s »‘effriteront » ou se disperseront comme des miettes pour les réduire  à néant.

Seliha, mehila oukappara sont d’une approche différente et surtout d’une portée différente qu’il s’agisse des rapports entre humains ou vis-à-vis du Saint Béni soit IL !  Les fautes commises entre humains ne peuvent être pardonnées qu’entre humains et celles vis-à-vis de D que par Lui-Même ! Mais, de même que D a créé l’homme et connaît toutes ses forfaitures, D a la possibilité de réduire les vies humaines à néant si l’homme ne se souvient pas qu’il doit être redevable de tout au Créateur et si dans ses actes quotidiens il n’a pas l’humilité « d’établir le contact » avec le Maître de l’Univers.

L’être humain a de nombreuses raisons de demander seliha, et mehila au Tout Puissant en n’ayant pas totalement adhéré aux 613 préceptes édictés dans la Torah et en ne mettant pas toute sa foi dans le Créateur. Les requêtes adressées le sont dans le cadre d’un libre échange : amour et confiance confondus du peuple vers son D et de D vers Ses enfants : c’est alors qu’il est question de Brith (d’Alliance) : ברית = 612  avec D  soit l’ensemble des 613 commandements  !

C’est pour cela que tout au long de l’office de kippour nous demandons qu’à notre égard D pardonne nos fautes en cette supplique si belle qui nous rappelle à l’ordre : nos yeux sont suspendus à Toi : aies pitié de nous comme un père a pitié de ses enfants ! Sois miséricordieux vis-à-vis de nous et regarde nous avec compassion car nous ne sommes que des êtres faibles et misérables et Te demandons seliha, mehila et annihiles nos péchés comme des sacrifices pour nous racheter, annules nos péchés, annihiles nos fautes et liquides nos infractions pour nous permettre à tous de voir Ta Magnificence et que bientôt règne sur ce monde en détresse Ta Justice. Amen !

Caroline Elishéva Rebouh.

MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov

 

[1] – Le « ve » de coordination se transforme en « ou » avant les mots commençant par b,g,d,k,f,t (begad kefat).

[2] – Pour une femme enceinte, si on ne connaît pas le sexe de l’enfant, en plus de la poule qui sera sacrifiée en lieu et place de la future maman, on sacrifie une poule et un coq en plus pour le bébé.