PARASHAT MIKETZ 5781 – Vendredi 18 décembre 2020 – horaires Ashdod 16 h 20 – 17 h 21

UNE QUESTION DE TEMPS

Les deux sidroth de Vayeshev et de Miketz tombent toujours à l’approche de Hanouka ou pendant cette semaine de commémoration du miracle de la fiole d’huile.

Le fait est que les exégètes de tous les temps trouvent des liens avec la fête même au travers des textes de la Torah.

Pour Vayéshev, le texte nous a fait assister à l’arrivée de Joseph en Egypte et à son intégration par le travail puis, nous avons assisté aux souffrances, morales surtout, endurées par le jeune-homme.

Rabbénou Behayé explique que si l’échanson royal ne s’est souvenu de Joseph qu’au bout de 2 années c’est, écrit-il, parce qu’au lieu d’adresser sa prière directement à HaShem, il s’est Les deux années représentant une sanction d’un an pour chacune de ses deux demandes. D’autres rabbins penchent plutôt pour croire que Joseph a vu dans cet emprisonnement et l’interprétation des deux rêves comme un signe du ciel et, en formulant sa demande de recommandation à l’échanson, il pensa aller dans le sens voulu par D. !!!

Après avoir fait ces deux rêves, le pharaon fut très ébranlé et tout le monde pensa que sa vie n’était plus suspendue qu’à un fil. C’est ainsi que, l’échanson se souvenant de l’exactitude de l’interprétation de Joseph et craignant pour sa propre existence si le monarque venait à disparaître son emploi ne serait peut-être pas reconduit, c’est alors qu’il se souvint de Joseph…..

Aucun des devins égyptiens ne sut interpréter ces songes effrayant autant le monarque. Joseph fut introduit devant Pharaon qui le salua : voici celui qui va m’éclairer s’exclama-t-il ! Mais, Joseph eu l’humilité de reconnaître : Non pas ! C’est HaShem qui sait   la teneur des rêves et IL me la fera connaître s’IL le désire pour que je puisse le transmettre !!!

Moïse, lit-on dans la Torah fut l’homme le plus humble que la Terre   ait porté…. De tous les Rois David s’écria un jour : Quoique j’obéisse à Tes ordres Seigneur je sais que SEUL, TOI, livres la guerre et que je n’ai aucune victoire à mon actif !  Tsidkiyahou (Sédécias) pour ne pas s’enorgueillir alors qu’il ne s’en sentait pas le droit émit cette pensée : j’irai me coucher pour dormir et ne pas avoir la tentation de croire que je suis l’artisan de la victoire.

Se tenant devant le roi des Egyptiens, Joseph releva la faute de Pharaon : dans son rêve le roi disait se trouver SUR le fleuve mais, en contant il dit « au bord » du fleuve. Joseph le corrigea ce qui fit comprendre au souverain que Joseph avait eu la révélation exacte du songe.

Etant donné que les deux parashoth citées plus haut sont toujours lues à la période de Hanouka, les penseurs du judaïsme se sont penchés sur ces textes pour y trouver des allusions à la fête des lumières.

L’une des allusions est que chaque jour de la fête, sont lus des versets des nessiim sur les sacrifices offerts par les « présidents » des tribus à l’occasion de l’inauguration du Tabernacle ainsi que nous l’avons exprimé dans un texte précédent. Ces versets réunis   forment un total de 89 tout comme la valeur numérique de hanouka  : ח-נ-ו-כ-ה.

Les Sages précisent que ce qui effraya le plus Pharaon est le deuxième songe : celui des épis car, si des vaches dévorent d’autres vaches, même si cela semble étrange cela peut se trouver dans l’ordre des choses en revanche, que des épis s’entredévorent cela appartient au domaine du fantastique et  de plus, que les sept épis soient portés par une seule tige cela n’ appartient pas même à l’hypothétique. Les commentateurs y ont trouvé un symbole : celui de la menora avec un pilier central et sept branches.

Dans l’histoire juive n’ont pas manqué les exemples de juifs convertis qui ont par félonie encouragé la haine des non-juifs et les persécutions. Au temps où les Grecs ont envahi la Judée, se trouvait un Juif hellénisé qui, pour s’attacher les faveurs de l’occupant « vendit » les secrets de l’invulnérabilité du peuple juif : interdire le « korban tamid » (sacrifice perpétuel que l’on présentait deux fois par jour au Temple et, assura-t-il  à l’occupant, vous pourrez vaincre ce peuple.

Ces sacrifices évoqués dans la parashat Nasso et chaque jour de Hanouka ne sont pas seulement des moutons offerts sur l’autel mais, ils rappellent au Saint béni soit IL deux êtres éminents : Abraham et Isaac, à des moments précis de la journée : le matin et l’après-midi qui sont justement les offices de prière que les patriarches ont instaurés, et les sacrifices des morceaux (lors de l’alliance beyn habétarim) et le sacrifice d’Isaac (akédat itshak).

Maïmonide dans le Guide des Egarés (Moré HaNevoukhim) explique la raison de l’institution des sacrifices : le médecin andalou écrit que le peuple juif évoluait dans une société idolâtre qui saluait le matin le soleil levant et le soir le soleil couchant, ils n’avaient jamais rien vu d’autre et leur mental était ainsi formaté : un culte se rend avec des présentations de sacrifices animaux et d’autres offrandes aussi mais les sacrifices animaliers étaient nombreux. Ils n’auraient pu comprendre autre chose que cela….

Depuis que HaShem demanda le sacrifice pascal, le peuple s’initia à ce rituel et de manière à instituer des règles et des horaires, furent fixées les règles des différentes offrandes selon les circonstances et selon les moyens de chacun (des bœufs – taureaux), des chèvres, des moutons, ou même des tourterelles, du vin, de l’huile ou du pain… et selon les motifs : perpétuels, de reconnaissance, délictueux et autres….

Les sacrifices, comme les prières sont liés au temps, d’ailleurs, les prières, et la lecture des korbanoth, remplacent les sacrifices depuis qu’il n’y a plus de temple. Le Oznayim laTorah du rav Zalman Sorotskine précise que le Korban Tamid « protège » le peuple d’Israël.

La Guemara (Rosh HaShana) indique qu’HaShem demande : « Apportez l’offrande du Omer à Pessah pour que JE vous fournisse des moissons » et « Apportez du pain pour Atsereth (shavouoth) pour que JE vous donne des fruits sur les arbres » souligne le Maharsha[1].

Le Rav Naftali Zvi Berlin ou HaNatsiv de Vologine[2] fait une remarque à propos de ce pain cité dans la guemara (ci-dessus) en s’appuyant sur le verset de Bamidbar (Chaputre 28 verset 2) : קורבני לחמי לאישי (korbani, lahmi leïshay) Mes offrandes, ce pain pour mon délice : HaShem ne mange pas de pain ce que signifie ici le mot « lahmi » désigne une soudure du verbe léhalhim lamed-hé-lamed-heth-youd-mem[3]. C’est-à-dire que les sacrifices servent à souder le peuple à son D !!!

Le shabbat est lié au temps tout comme le calendrier et la circoncision. Les Grecs se sont donc empressés de faire du zèle pour parvenir à leur but final : détruire le culte juif (et plutôt l’identité juive) plus que les personnes juives. C’est pour cela que la lutte grecque pour l’hellénisation des masses rencontra auprès des Juifs attachés à la Torah une opposition farouche débouchant sur une révolte conduite par 13 cohanim contre une armée de 30,000 hommes.

De même que la nourriture nourrit le corps, l’étude de la Torah nourrit l’âme et elle soude l’âme aux sphères supérieures d’où elle puise l’énergie spirituelle dont elle a besoin mais surtout la protection divine dont l’être a besoin perpétuellement.

Les opposants au judaïsme, les pourchasseurs de Juifs, n’ont qu’un « moto » (objectif) : se venger d’HaShem car lorsque le Tout Puissant a proposé à chaque nation s’ils voulaient de la Torah, ils ont tous demandé ce qu’elle contenait et ont saisi n’importe quel prétexte pour la refuser : ils ont demandé à entendre AVANT que de faire au contraire des BENE ISRAEL qui, comme l’armée céleste des ANGES DU SERVICE (mal’akhé hashareth) ont FAIT/OBEI avant que d’entendre !!!  Ou comme Abraham qui, recevant l’ordre de sacrifier Isaac, n’a pas cherché à comprendre et a obéi…

A la création, Adam qui était doué d’une intelligence hors pair – à telle enseigne qu’HaShem fit défiler devant lui tous les animaux de la Création dans le but qu’il nommât chacun d’eux- reçut du Créateur, des sciences telles que l’astrologie, le calcul des mois et des années (pour établir un calendrier), l’arithmétique et d’autres sciences.

C’est ainsi qu’il sut fixer les temps pour les shabbatoth, les rashé hodashim (néoménies) et la brith mila à faire sur les premiers-nés.

Avec le fait de fixer un temps pour l’étude de la Torah, d’annuler les shabbatot et le rosh hodesh ainsi que la brith mila, les Grecs ont voulu arracher l’âme juive de l’homme juif.

Au cours de la célébration de Hanouka qui dure huit jours, se plaçant à un niveau surnaturel (puisque sept est un cycle naturel et que le huit se place au-dessus de celui-ci),  il y a toujours un shabbat et un rosh hodesh (téveth) et il y a toujours une brith célébrée pendant cette semaine….

Hanouka SaMéaH (Shabbat Mila et Hodesh)

Caroline Elishéva REBOUH

[1]  Maharsha : Rabbi Shmouel Eidels (1555-1631 Pologne et Ukraine).

[2]  Naftali Zvi Yehouda Berliner (1816-1893) Biélorussie et Pologne.

[3] La racine étant lamed-heth-mem.