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Visite attendue du président Obama en Israel 

Le président des Etats-Unis, Barak Obama, devrait se rendre en Israël le 20 mars prochain pour une visite de 3 jours, a révélé cette semaine la dixième chaine de télévision israélienne, suivie par l’ensemble des grands quotidiens. Décidé lors d’un entretien téléphonique entre le chef d’Etat américain et le Premier ministre israélien quelques jours après la victoire de ce dernier au scrutin du 22 janvier, le déplacement devrait intervenir immédiatement après la formation de la nouvelle coalition gouvernementale israélienne.  Barak Obama devrait également se rendre à Ramallah pour rencontrer le Président Abbas et à Amman pour s’entretenir avec le roi Abdallah. 

L’annonce de la visite a très rapidement été confirmée par la Maison-Blanche  et par le Conseil de Sécurité nationale américain, qui a déclaré qu’Obama et Nétanyahou s’entretiendraient « sur la marche à suivre sur de nombreux thèmes d’intérêts commun, dont l’Iran et la Syrie ». De manière générale, les médias se félicitent de la visite soulignant que le Président Obama s’était abstenu de se rendre en Israël lors de son premier mandat. Il aurait été convaincu par le tout nouveau chef du Département d’Etat, John Kerry, qui selon les commentateurs, souhaite peser de tout son poids dans la relance du processus de paix avec les Palestiniens. John Kerry est par ailleurs attendu la semaine prochaine en Israël pour préparer la visite.

 La nouvelle conjoncture politique israélienne au lendemain des élections législatives et le recentrage de Binyamin Nétanyahou consécutif à la performance du parti centriste Yesh Atid, offrent également une fenêtre d’opportunité pour la reprise du processus politique, estiment les éditorialistes. 

Mais l’euphorie de la presse a vite été refroidie par les déclarations du porte-parole de la Maison-Blanche et par l’ambassadeur des Etats-Unis en Israël. Jay Carney et Dan Shapiro ont en effet tous deux affirmé que le Président américain n‘avait pas l’intention de présenter un nouveau plan de paix lors de sa visite en Israël, ni même d’organiser une rencontre au sommet entre Nétanyahou et Abbas comme l’avaient laissé entendre certains analystes.

En outre, le Maariv annonçait jeudi que le Premier ministre israélien dépêcherait à Washington la semaine prochaine son Conseiller à la Sécurité nationale, le général de réserve Yaakov Amidor ainsi que le conseiller spécial pour le processus de paix, Yzhak Molho, en vue de la visite de Barak Obama. 

Selon plusieurs commentateurs, la visite de Barak Obama devrait convaincre le centriste Yaïr Lapid de rallier la coalition en assouplissant ses exigences sur la question du service pour tous. Le déplacement du Président américain pourrait également convaincre l’ex-chef de la diplomatie, Tzipi Livni, qui a centré toute sa campagne sur la reprise des pourparlers avec les Palestiniens, de rejoindre la coalition. Le parti de la droite radicale « Foyer Juif », opposé à la création d’un Etat palestinien, aura quant à lui le plus grand mal à souscrire à un gouvernement dont la première mesure serait de relancer activement les négociations avec Ramallah.    

Qu’est-ce qui amène Obama en Israël ? Haviv Rettig Gur – The Times of Israel

Avec l’annonce mardi par la Maison-Blanche de la visite du président Barak Obama en Israël au printemps, les spéculations vont bon train sur le but exact de cette visite. On ne manque pas de problèmes dont un chef d’Etat américain pourrait avoir envie de discuter avec les dirigeants israéliens : chaos syrien, nucléaire iranien, négociations avec les Palestiniens ou encore relations bilatérales. Pourtant, aucune de ces raisons n’est  assez évidente pour justifier un tel déplacement.  Un haut fonctionnaire américain a confié mardi au Times of Israël que la véritable raison du voyage était inconnue.  « Il est évident qu’en ce moment il n’y a pas de raison publique immédiate pour venir. Si Obama venait pour le processus de paix, pourquoi voudrait-il venir maintenant ? », s’est interrogé le responsable sous couvert de l’anonymat. La Maison-Blanche va sans doute trouver une bonne raison pour justifier cette visite, a indiqué le responsable, mais aucune percée politique ne devrait être enregistrée.

Pendant que les experts se « grattent la tête »,  il se pourrait bien qu’Obama se déplace en Israël tout simplement parce qu’il en avait pris l’engagement. En effet, lors de sa campagne en 2012, alors que les Républicains s’efforçaient de le dépeindre comme un chef d’Etat hostile à Israël, il a promis qu’il visiterait l’Et hébreu après sa réélection.

Le silence avant la reprise des pourparlers / Nadav Eyal – Maariv

Les Américains se gardent bien d’associer la visite du président à la relance des pourparlers. Il est question des dossiers iraniens et syrien mais pas un fichu mot sur les Palestiniens.  Toutefois, ce silence est trompeur. Car Barak Obama ne se rend pas en Israël uniquement pour déposer une gerbe de fleurs au mémorial de Yad Vashem.  Il vient pour parler aux Israéliens droit dans les yeux, au-dessus de l’épaule de Nétanyahou.

S’il ne s’est pas impliqué dans le processus de paix lors de son premier mandat, c’est qu’il estimait que la coalition de Nétanyahou ne lui permettait pas d’avancer sur ce volet.

Mais les choses ont changé et les Américains comprennent que l’électorat israélien a opéré un glissement vers le centre. Le Premier ministre, selon tous les analystes de Washington, est à la merci des partis du centre, qui font preuve de plus de modération dans leur approche. La Maison Blanche souhaite saisir cette opportunité. Les Palestiniens sont encore officiellement en train de demander un mémorandum sur la construction comme base pour la relance des négociations. Jusqu’à quel point vont-ils insister sur ces conditions de longue date s’ils reçoivent des garanties américaines sur les progrès réalisés à travers ces négociations ? Probablement pas beaucoup. Une solution possible serait un engagement (écrit) israélien qui reprendrait les engagements qui avaient été pris lors du discours de Bar Ilan, peut-être avec une déclaration explicite de Netanyahou sur son intension d’arriver à un accord (final).

La perspective de la visite d’Obama arrive à point nommé pour Nétanyahou en vue de la  formation de sa coalition. Il exerce ces jours-ci une pression énorme pour que Lapid et Livni rallient son gouvernement. Avec la visite du Président américain, Nétanyahou n’aura aucun mal à les convaincre d’assouplir leurs exigences sur la répartition du fardeau  alors qu’un enjeu stratégique de taille attend le gouvernement et que Lapid conditionne également son  entrée à la reprise des pourparlers.

Séance inaugurale de la Knesset sur fond de tractations difficiles en vue de la formation du nouveau gouvernement

La 19ème Knesset, issue des élections du 22 janvier, a tenu mardi 5 février sa séance inaugurale sur fond de poursuite des tractations en vue de la formation du nouveau gouvernement. Cette Knesset est  caractérisée notamment par la présence d’un nombre record de 53 nouveaux députés (dont 49 qui n’avaient jamais siégé au Parlement), la plupart d’entre eux venant des partis Yesh Atid (dont tous les 19 représentants débutent leur carrière parlementaire), le Foyer Juif, le Parti travailliste et le Meretz. Elle est également riche d’une présence féminine inédite de 27 députées, cinq de plus par rapport à la 18ème Knesset, mais toujours moins d’un quart du parlement.

 Trois jours auparavant, samedi 2 février au soir, le président de l’Etat Shimon Pérès a désigné Binyamin Netanyahu pour former le nouveau gouvernement après que celui-ci eut obtenu le soutien de 82 députés (le Likoud-Beiténou, Yesh Atid, le Foyer Juif, le Shass, le Judaïsme unifié de la Torah et Kadima). A partir de cette date, le chef de file du Likoud-Beiténou dispose de 28 jours pour rassembler une coalition représentant la majorité absolue de la Knesset (61 députés au moins) pour que celle-ci puise investir son gouvernement. S’il échoue, le président de l’Etat pourrait le doter d’un prolongement de 14 jours au maximum, un échec successif entraînant la désignation d’un autre député pour cette même tâche.

 Les tractations en vue de la formation d’une coalition, qui se sont poursuivies tout au long de la semaine, semblent rencontrer des obstacles importants, notamment autour de la question dite de « l’égalité des charges » : la conscription obligatoire pour tous, la suppression des allocations mensuelles accordées aux étudiants des écoles talmudiques, leur insertion dans le marché du travail et l’introduction d’enseignements tirés programme scolaire national (notamment les mathématiques et l’anglais) dans leur système scolaire.

 En effet, le parti Yesh Atid (19 sièges), qui devrait a priori être le principal partenaire du Likoud-Beiténou (31 sièges) pour le nouveau gouvernement, conditionne sa participation à la coalition à la mise en œuvre de son programme pour l’égalité des charges. Or l’application de ce plan qui prévoit l’exemption militaire d’un faible quota d’étudiants ultra-orthodoxes (400) est inadmissible pour les deux partis ultra-orthodoxes, le Shass et le Judaïsme unifié de la Torah (18 sièges au total). Fort du succès de son parti aux élections, Yaïr Lapid a été cité cette semaine indiquant que si les tractations échouaient et que son parti restait en dehors du gouvernement, cela lui permettra de remplacer Netanyahu comme Premier ministre d’ici un an et demi.

 Binyamin Netanyahu, lui, souhaite former le gouvernement le plus large possible pour qu’aucun parti ne puisse à lui seul le renverser. Ses proches ont fait savoir qu’il voudrait voir dans son gouvernement les partis ultra-orthodoxes – ses partenaires traditionnels – ainsi que Yesh Atid, le Foyer Juif (12 sièges), Hatnua de Tzipi Livni (6 sièges) et Kadima de Shaul Mofaz (2 sièges), soit une coalition de 88 députés. Une coalition aussi large nécessiterait cependant de nombreuses nominations ministérielles – autre pomme de discorde entre le Likoud et Yesh Atid, parti qui s’était engagé dans ses promesses électorales à ne pas siéger au sein d’un gouvernement de plus de 18 ministres.

 Dans ce contexte, Yesh Atid et le Foyer Juif, qui partagent des positions relativement proches sur l’égalité des charges, ont négocié cette semaine la création d’un bloc uni afin de forcer Netanyahu de céder à leurs revendications et de les préférer aux ultra-orthodoxes. En effet,  sans ces deux partis, le Premier ministre sortant ne sera pas capable de créer son gouvernement.

 A ce jour donc, personne ne peut jurer de la composition exacte du futur gouvernement. Jeudi 7 février, Lapid et Netanyahu devaient se rencontrer en tête-à-tête pour essayer de parvenir à un compromis. Netanyahu devrait chercher à convaincre Lapid que seul un gouvernement large avec les ultra-orthodoxes pourrait avancer sur les deux volets essentiels – le processus de paix et l’égalité des charges. La nomination éventuelle de Tzipi Livni comme ministre chargée du processus de paix a été évoquée dans ce contexte. 

 INTERIEUR  

Deux semaines après les élections, difficile de pronostiquer la composition du 33ème gouvernement israélien / Yossi Verter – Haaretz

Deux semaines se sont écoulées depuis l’issue du scrutin et aucun gouvernement n’a encore été formé. Pis, il est difficile de se prononcer sur sa composition future. A en croire le discours de Netanyahou dans le Salon Chagall du Parlement, il est tourné vers les partis du centre-gauche, puisqu’il a besoin d’au moins un ou deux partis du centre pour faire fonctionner son gouvernement.  Netanyahou a en effet mentionné à trois ou quatre reprises le mot « paix », soit trois ou quatre fois plus que durant sa campagne. Il a également évoqué la vie chère, le coût du logement, la répartition équitable du fardeau et la réforme nécessaire du système électoral. La visite attendue du président américain Barak Obama joue tout à fait en faveur du premier ministre car elle devrait convaincre Tzipi Livni (Hatnua) et Shaoul Mofaz (Kadima) de rallier le gouvernement.

Deux questions subsistent : primo, jusqu’à quel point le front uni formé par le Foyer juif et Yesh Atid tiendra ? Est-ce que ces deux partis ont vraiment conclu un pacte pour rallier la coalition ou siéger ensemble au sein de l’opposition ? Car s’ils se sentent proches, ils n’en représentent pas moins deux groupes d’électeurs et deux factions différentes. Lapid ne fait pas partie du bloc de droite, et Bennett ne pourra assouplir ses positions à l’infini.

Secundo, que fera Netanyahou sans ses alliés naturels, le Shass et le Judaïsme Unifié de la Torah, qu’il considère comme des partenaires fidèles qui ne le trahiront jamais ?

Netanyahou se pose des questions autour de ces deux pôles. La dernière date pour présenter le cabinet à la Knesset est le 15 mars. Netanyahou sera le Premier ministre, quel que soit le scénario. En revanche, personne ne sait à quoi ressemblera le gouvernement.

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