Certaines visites sont marquantes. Celle du groupe Lagardère Active en Israël en fait partie. Pour la première fois, l’ensemble du directoire s’est déplacé – en avion séparé pour raisons de sécurité – en Israël. A l’origine de ce voyage, Valérie Hoffenberg, qui en explique les coulisses, les motivations et les résultats au Petitjournal.com / Tel Aviv.  

valerie portrait

Lepetitjournal.com – Du 24 au 28 février, le directoire du plus grand groupe de presse français a sillonné Israël. Comment est né ce projet ambitieux ?

Valérie Hoffenberg – Tout a commencé lors d’un dîner avec Denis Olivennes, président de Lagardère Active – (Europe1 – 21 titres de presse dont Paris Match, JDD, l’Equipe, plusieurs chaine de télévision et une production cinématographique) qui expliquait sa difficulté à inoculer l’innovation au sein de son groupe. Un groupe qui fait face à un grand défi : faire entrer les journaux et l’information dans un 21e siècle caractérisé par la révolution numérique. Je lui ai suggéré de venir en Israël, pays de l’innovation par excellence, lui rappelant au passage que les Etats-Unis venaient faire leur ‘marché aux idées’ en Israël et y avaient installé les succursales de leurs plus grands groupes. Ces arguments ont convaincu Denis Olivennes, puisque quelques semaines plus tard, il m’a rappelé en me demandant d’organiser le voyage de son directoire en Israël.

Quel était votre objectif ?

Faire en sorte que Lagardère puisse découvrir Israël sous un autre angle que celui du conflit israélo palestinien en mettant en avant tous les aspects extrêmement positifs du pays et bien sûr favoriser les liens économiques entre Lagardère et les entreprises israéliennes. Autant d’aspects positifs pour la France, Israël, et l’emploi des Français installés en Israël.

Comment avez-vous construit cette visite ?

Je dois d’abord dire que l’accueil qui nous a été réservé en Israël a été extrêmement chaleureux, chacun étant conscient des enjeux d’un tel déplacement. Le programme a été construit sur mesure afin de répondre aux attentes précises des responsables de Lagardère.

Des attentes qui ont été nourries par trois grandes séances de B2B avec, au total, une trentaine d’entreprises et start-up israéliennes dans le domaine d’Internet, des médias, et de la production audiovisuelle.

Des grands témoins m’ont aidé à identifier et renforcer mon propos. Parmi eux, Yossi Vardi, père du capital-risque israélien, Jérémie Berrebi, Erel Margalit fondateur de JVP, ou encore l’institut des exports israéliens.

Nous avons également rendu visite à des incubateurs ainsi qu’à leur capitaux-risqueurs car je voulais faire comprendre comment Israël avait mis en place un écosystème performant pour encourager l’innovation et la prise de risque. Les secrets, selon moi, de l’avancée d’Israël dans de nombreux domaines. C’est exactement ce qu’ils voulaient découvrir.

La directrice des ressources humaines de Lagardère m’a confié qu’elle avait beaucoup appris sur la façon de stimuler en interne les équipes afin de favoriser la prise de risque sans avoir peur de l’échec.

Nous avons pu mesurer la différence entre le système israélien qui valorise la prise de risque et considère l’échec comme une marche vers le succès contrairement au système français qui craint tellement l’échec qu’il sclérose les initiatives.

Dans votre programme, vous avez accordé à Jérusalem une place importante, pourquoi ?

Je tenais à faire découvrir Jérusalem, avec une visite de la Vieille Ville, du Kotel ou encore du quartier chrétien, ainsi que Yad Vashem car je considère que l’on ne peut comprendre la force de l’innovation israélienne si on ne comprend pas l’identité profonde de ce pays.

Jérusalem leur a également permis d’appréhender de façon physique l’étroitesse du territoire et l’imbrication entre les populations juives et arabes. Lorsque l’on était dans la Vielle Ville, les participants se sont rendus compte que des délégations du monde entier étaient présentes et à quel point Israël et Jérusalem étaient ouverts à toute les religions avec une vision particulièrement tolérante.

D’une façon générale, j’ai essayé de faire appel à l’intelligence des responsables sans tomber dans un voyage de propagande. Un lien de confiance s’est établi, sans lequel ce voyage n’aurait pas été possible.

Quel a été le moment fort de ce voyage ?

La rencontre avec le président Shimon Pérès a constitué un marqueur important de cette visite. Le président israélien nous a livré une analyse des grands enjeux actuels. Il a notamment déclaré que le monde avait aujourd’hui plus de facilité à se souvenir qu’à réfléchir et qu’il fallait mettre davantage d’énergie à réfléchir pour trouver des solutions aux grandes problématiques. Il a indiqué que les défis auxquels faisaient face Lagardère – la transformation des médias – étaient les mêmes que ceux rencontrés par le monde politique, à savoir qu’internet allait toujours plus vite que la parole publique.

Enfin le président Pérès a également évoqué la puissance de l’intelligence artificielle tout en précisant que nous ne savions pas encore identifier comment notre cerveau prenait ses décisions. Il a conclu en affirmant que le contrôle sur soi dépassait les défis du temps et de l’espace proposés par l’ère moderne. Les responsables de Lagardère m’ont confié que cette rencontre privilégiée resterait gravée dans leur vie et leur mémoire.

Alors que les Franco-Israéliens se plaignent du mauvais traitement de l’information sur Israël par les médias français, vous avez justement décidé de faire venir le plus grand des groupes de presse en Israël. En avez-vous profité pour soulever cette question délicate au cours du voyage ?

J’ai abordé ce sujet à plusieurs reprises, mais de façon subtile. Vous savez à ce niveau, le plus difficile est de trouver les bons arguments pour convaincre les gens de venir en Israël. Ensuite il faut leur faire rencontrer les bonnes personnes et les bons projets et enfin faire confiance à leur intelligence pour se laisser interpeller par la réalité israélienne. Quand on fait face à des gens qui ont un tel pouvoir il est important que ça soit eux qui prennent la décision de modifier leur perception car on ne peut leur imposer.

Groupe lagardere

La délégation Largadère a participé à une soirée spéciale médias organisée par la CCI France-Israël et modérée par son président Daniel Rouach. Environ 90 personnes étaient présentes, dont des personnalités françaises et israéliennes comme Dan Catarivas, président de l’Association des Industriels Israéliens, ou Franck Melloul, dirigeant de la future chaîne israélienne d’informations internationales. Il a été question de l’image d’Israël dans les médias français, de la nouvelle dynamique des relations commerciales France-Israël ainsi que du grand potentiel commercial d’Israël.

Concrètement, quelles seront les retombées d’un tel voyage ?

L’un des plus grands compliments fait par le président Olivennes a été de dire que ‘l’émotion qu’ils avaient partagée en Israël avait créé un ciment entre tous les membres du directoire ».

Ce voyage est un succès, car quand les responsables d’un groupe français aussi important que Lagardère rentrent en France en disant qu’ils ont beaucoup à apprendre d’Israël, c’est en soi un succès. Mais outre l’émotion, la fascination face au dynamisme de l’économie et de l’innovation israélienne ainsi que la découverte d’une réalité du terrain politique qu’ils ont expérimenté pendant ces quelques jours, les patrons de Lagardère ont surtout l’intention d’inscrire ce voyage dans une stratégie de rapprochement de long terme entre le groupe et les entreprises israéliennes. Et en cela, je considère cette mission particulièrement réussie. Différentes entreprises israéliennes ont ainsi été identifiées par Lagardère afin de mettre en place des partenariats dont j’assurerai le suivi.

Impossible de conclure sans vous poser la fameuse question de votre candidature aux prochaines élections législatives partielles, suite à l’invalidation par le Conseil Constitutionnel de l’élection de Me Poznansky-Benhamou.

Il est important aujourd’hui de participer à la rénovation de l’UMP. Je suis toujours élue à Paris, et j’ai été renouvelée en tant que secrétaire générale de l’UMP en charge des relations avec les partis politiques et les Think Tank. En parallèle de mes activités politiques,  j’ai créé un cabinet de consulting et c’est dans ce cadre que j’ai organisé la visite du groupe Lagardère en Israël, ainsi que d’autres projets en lien avec l’économie israélienne.

En ce qui concerne ma décision, je pense qu’il y a un temps pour tout. Je donnerai ma réponse dans les jours qui viennent. Cependant, je tiens à lancer un appel aux électeurs pour les inviter à une mobilisation massive en vue de ce prochain scrutin. Les français d’Israël ont une seconde chance de faire entendre leur voix, alors qu’en juin dernier, ce sont les français d’Italie, de Grèce et de Turquie qui ont fait l’élection avec une participation de 20 % contre 7 % en Israël. Il est de la responsabilité de chacun de mettre l’intérêt général avant l’intérêt personnel. Cette élection sera importante non pas pour le candidat qui sera élu mais pour la défense des droits des électeurs.

Propos recueillis par la Rédaction du Petitjournal.com Tel-Aviv (www.lepetitjournal.com) Dimanche 3 mars 2013

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