george brandstatterDe même que tous les Français n’étaient ni tous collaborateurs, ni tous résistants,  les Juifs n’ont pas été tous des victimes passives !

«La deuxième guerre mondiale n’est pas finie. Nous ne parvenons pas à trouver la paix et sans doute ne la trouverons-nous pas tant que nous n’aurons pas compris ce qui s’est passé, pourquoi ce qui s’est passé s’est passé. C’est parce que nous ne parvenons toujours pas à comprendre que nous interrogeons sans cesse ceux qui travaillent à fournir ou à transmettre des réponses : historiens, psychologues, témoins, militants de la mémoire. »
– Professeur Jacques Fijalkow
Grâce aux travaux acharnés des historiens, aux militants de la mémoire tels que Serge Klarsfeld, nous apprenons chaque
jour quelque chose de différent sur la seconde guerre mondiale. Il a fallu attendre plus de cinquante ans pour
qu’enfin les témoins de cette terrible période racontent.
Nous pouvons lire de plus en plus de témoignages d’anciens déportés, d’anciens combattants, d’anciens résistants. Mais
il nous manquait un pan de cette histoire, celui de ces hommes, de ces femmes, de ces anonymes qui, dès l’âge de
15 ans, ont pris les armes.De même que tous les Français n’étaient ni tous collaborateurs, ni tous résistants, les Juifs n’ont pas été tous des victimes passives.
Georges Brandstatter a patiemment recueilli de 1998 à 2010, les témoignages de personnes vivant en France, en Belgique
et en Israël. Dans la première partie de son ouvrage, il livre une synthèse sur les réseaux de la Résistance juive en France.
Il y en avait plusieurs pendant ces années d’occupation. Tous avaient un point commun : sauver le maximum de Juifs,
et faire passer en zone libre puis à l’étranger (Espagne ou Suisse) les enfants.
Beaucoup de ces réseaux de résistants avaient pour buts le combat contre les nazis et la volonté de prendre part à la création d’un Etat juif en Israël.

S’ensuivent 54 témoignages de ces résistants, de ces jeunes femmes ou hommes qui, du jour au lendemain, ont changé
le cours de leur vie, mais également celui de beaucoup d’enfants.
Une des premières remarques que l’on peut faire en lisant ces témoignages, c’est que leur mission leur paraît « normale »,
ou « logique ». Ils l’ont fait. A plusieurs reprises nous lisons:
« Si c’était à refaire, je recommencerais ». Chaque destin est différent et pourtant si comparable. Beaucoup faisaient partie d’un mouvement de jeunesse, qu’ils soient de gauche ou non, pour un Etat juif en Israël ou non. D’autres, en rencontrant des proches, sont entrés dans la clandestinité. Il est difficile aujourd’hui de comprendre que le simple fait de distribuer des tracts pouvait aboutir à la déportation, donc à une mort quasi certaine.
Imaginez ces jeunes de 15 ou 16 ans transporter des armes, des documents, accompagner des enfants qui n’avaient plus
rien, et leur apprendre un nouveau nom…
Certains de ces résistants avaient une expérience minimale de l’armée, sauf les Belges étrangers qui n’avaient pas le
droit d’effectuer leur service militaire. Avec peu de moyens, ils ont appris aux autres à se servir d’explosifs, d’armes
quand ils en avaient… Combien ont participé à des actes de sabotages, combien ont tué pour pouvoir continuer à vivre ?
N’oublions pas, combien sont morts au champ d’honneur de la Résistance ?
Beaucoup d’entre eux n’ont jamais reçu de cartes de résistants sous prétexte que ce n’était pas de la résistance mais de l’autodéfense…

« Lorsque je pense à cette époque, j’ai des remords, car je me dis que nous aurions dû en faire davantage » note Rachel
Cheygam.
F i n i s s o n s sur ces mots de Georges Choningman :
« Tous ceux de ma génération qui ont réussi à survivre à cette période noire de 1940 à 1945, ont été des résistants, des
jeunes qui ont décidé de combattre et de ne pas se laisser faire. Cela ne veut pas dire que je jette la pierre sur tous ceux
qui se sont cachés, il fallait bien survivre. Tous ces Juifs qui se sont cachés, qui ont continué à parler le yiddish, ont donné
des cours d’hébreu aux enfants, ont organisé des bar-mitsva en cachette, tous ceux-là ont fait leur résistance à eux. »
Et je sais aujourd’hui que grâce à eux, je suis là à Jérusalem, moi une petite-fille de déportés et une fille d’enfants cachés.
Merci.
« Résistants Juifs – 1940-1945 – Témoignages – Ceux qui dans la clandestinité résistèrent », Georges Brandstatter
éditions Jourdan, 2013

(Jérusalem post)

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