200449617-001Alors que la crise continue de peser sur leur budget, les vacanciers partent moins loin et moins longtemps. Pour partir, ils sont prêts à sacrifier d’autres dépenses, notamment les sorties au restaurant, l’utilisation de la voiture ou les produits alimentaires les plus chers.

Moins loin, moins longues et moins chères. Avec la crise, les Français ont modifié la façon dont ils organisent leursvacances. Selon le dernier baromètre du cabinet Raffour Interactif, 31,2 millions de personnes se sont offert des séjours hors de leur domicile en 2012, soit 59% de la population. Toujours est-il que l’inquiétude ambiante plombe les velléités de voyages au long cours. «Les consommateurs restent dans l’attente, alors que les mauvaises nouvelles s’accumulent pour leur pouvoir d’achat, comme la fin de l’exonération des heures supplémentaires, le possible rabotage des allocations et les nouvelles taxes», observe Jean-Pierre Nadir, président et fondateur du portail d’information Easyvoyage.com.

Un attentisme qui nourrit la tendance aux réservations de dernière minute. Selon un récent sondage mené par le leader européen du voyage en ligne Lastminute.com, 36% des Français perçoivent la crise comme la raison principale de leur organisation tardive, à l’instar de 43% des Irlandais, 42% des Espagnols ou 33% des Italiens. «Ils sont à l’affût des bons plans et réservent à la dernière minute pour saisir des promotions», explique Barbara Guérin, directrice marketing de Lastminute.com en France. Les réductions peuvent aller de 20 à 80%, selon les destinations et les dates de départ. A contre-courant des tour-opérateurs classiques qui écoulent péniblement leurs offres, le spécialiste de la dernière minute a enregistré une progression de 40% de ses ventes de séjours à l’étranger en 2012.

Comme les délais de planification, la durée des séjours est considérablement rabotée. «L’arbitrage dans les dépenses ne se fait pas au détriment de la qualité des vacances, donc les Français partent plutôt moins longtemps», constate Corinne Louison, directrice générale adjointe de Directours, une agence spécialisée dans le voyage sur mesure. «La part des voyages d’une semaine dans nos ventes a explosé ces dernières années et les offres de week-ends cartonnent», souligne-t-elle. L’offensive des compagnies low-cost y est pour beaucoup. «On peut partir en couple ou en famille pour 4 ou 5 nuits en Europe à des prix très compétitifs.»

Un tourisme de proximité à valoriser

Cet appétit pour les escapades express explique en partie pourquoi les consommateurs préfèrent «fragmenter leurs vacances». Ils sacrifient le sacro-saint mois de vacances l’été pour étaler leurs périodes de congés tout au long de l’année. «Sur deux semaines de vacances, ils réservent en général un voyage à l’étranger sur une semaine et restent en France la deuxième», précise Jean-Pierre Nadir. Dans ce contexte, les séjours chez les amis, dans la famille ou en résidence secondaire n’ont jamais eu autant la cote. En 2012, 30% des Français ont choisi ce mode de vacances contre 26% l’année précédente, d’après Raffour Interactif.

La France n’est pas compétitive pour capter la clientèle adepte du tourisme de proximité

Jean Viard, sociologue et directeur de recherches CNRS au Cevipof

«Ce tourisme dit hors marché n’est pas synonyme de vacances du pauvre», nuance Jean Viard, sociologue et directeur de recherches CNRS au Cevipof*, en rappelant que 11% du parc de maisons en France sont des résidences secondaires. Il existe aussi, selon lui, un regain d’intérêt pour un tourisme «culturel» qui n’est pas lié à la crise. Un bémol: «La France n’est pas compétitive pour capter cette clientèle adepte du tourisme de proximité», déplore le sociologue. Citant l’exemple du parc naturel du Lubéron, «mal équipé», il plaide pour une meilleure valorisation des sites, notamment en développant des services marchands (restauration, parkings, boutiques, etc.), ce qui aurait en outre un effet bénéfique sur l’emploi.

* Jean Viard est l’auteur, notamment, de Nouveau portrait de la France: la société des modes de vie , paru aux Éditions de l’Aube.

le figaro.fr

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