« Sauver Mozat » de Raphaël Jérusalmy , collection Actes sud et Babel

Il s’agit d’un roman-journal et du premier roman de l’auteur. On peut parler de coup de maître tant, à notre humble avis, l’art du journal est difficile lorsqu’on à une histoire à conduire et à raconter.

Dans son journal, Otto J. Steiner raconte une année de sa vie entre juillet 1939 et août  1940  et la première année de la guerre qui voit le triomphe du Nazisme et d’Hitler.

Deux histoires voire trois courent en même temps dans les pages de ce journal : la première histoire est celle de la déchéance physique du narrateur, tuberculeux, perdu quelque part dans un sanatorium allemand.

La deuxième histoire est son amour salvateur pour la grande musique et Mozart en particulier. Le festspiel de Salzbourg, y assister encore une fois

La troisième histoire rejoint la grande Histoire par cette tentative avortée de l’assassinat d’Hitler en 1940.

Revenons un instant sur le narrateur, sur sa personnalité car nous ne connaissons rien de son physique.

Son âge, peut-être une cinquantaine d’années…

De père juif et semble t-il de mère non juive, un « demi quelque chose » comme il aime à se définir. Une sorte d’athée mais qui se rattache curieusement à certaines traditions ou rituels juifs ; il a une sœur mariée à un juif et un fils en Palestine.

Bref, un homme tout à fait moderne.

Sa passion pour la musique va le maintenir en vie. Il est aussi un solitaire qui a encore envie de briller dans la société fusse t- elle entachée des couleurs noires du nazisme.

Cet homme est un tel mélomane qu’il ne sert à rien de le priver de son gramophone pour entendre la musique et en jouir.

Comme sont seuls capables de le faire les grands compositeurs, il entend les notes dans sa tête.

L’ambiguïté du personnage, sa force, son courage (il est toujours à 2 doigts d’être dénoncé comme juif) finissent par en faire un personnage attachant.

Bien entendu, chers lecteurs, nous ne vous dévoilerons pas Cet Acte qui explique le titre du roman « Sauver Mozart ». C’est moins attendu qu’un acte définitif mais si beau !

Dans une sorte d’épilogue ou de postface, le romancier dénonce avec violence le monde actuel de la musique classique qui ferme les yeux sur le passé nazi ou extrême de certains musiciens ou acteurs et qui continue comme si de rien n’était.

Pour un premier roman, c’est un coup de maître pour ce nouveau romancier qui fait profession de marchand de livres à Tel Aviv.

Roman sombre et lumineux en même temps.

Le roman de la lutte de la Création contre La Barbarie. Combat éternel et universel.

 

Norbert Bel Ange depuis Échirolles, le 7 avril 2014 pour Ashdodcafe

 

 

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